mercredi 29 septembre 2010

écrire une même histoire de plusieurs manières

Outre l'angoisse de la page blanche, ce qui est difficile dans l'écriture, c'est d'effectuer des choix. Il y a en effet des milliers de manières de raconter une même histoire.

Prenons un exemple et admettons que je veuille raconter l'histoire de D. qui est en retard pour l'école.

Des choix innombrables s'offrent à moi, à commencer par l'âge de D. Est-il en primaire, au collège, au lycée ?
Quelle est la raison de son retard ? Est-ce un trait qui caractérise D. ? Est-il toujours en retard ou bien est-ce un cas exceptionnel ?
Est-ce sa faute s'il est en retard (il s'est couché tard, il a traîné) ou bien est-ce dû à une cause extérieure (coupure de courant, panne de réveil...) ?
Son école est-il loin de chez lui ? Y va-t-il à pied, en bus, en vélo, en voiture ?
Et d'ailleurs vit-il à une époque où le bus existe ? Il peut très bien vivre au XIXème siècle comme au XXIIème ou même dans un monde alternatif.
L'histoire peut débuter au moment où D., encore endormi, ignore que l'heure d'aller à l'école est dangereusement proche. Ou bien, plus tard, alors qu'il est en train d'avaler en vitesse un morceau de pain en guise de petit déjeuner. Ou encore plus tard, au moment où il arrive ventre à terre à son école. Ou même encore après, quand il doit subir les foudres de son professeur.
D. peut très bien être gêné de son retard et faire tout pour le combler, quitte à courir après le bus et sauter son petit déjeuner, ou être à l'aise et se moquer de rater sa première heure de cours.
A dire vrai, il n'est pas obligatoire que D. soit le héros de l'histoire. L'héroïne, cela peut-être la maman de D. qui est bien ennuyé de ne pas avoir réussi à tirer à temps du lit son enfant. Cela peut être aussi le chien de D. qui se met dans les pieds de son maître sans se rendre compte que ce dernier est pressé par le temps.

Toujours est-il qu'une bonne manière de s'entraîner à écrire, c'est de raconter une même histoire de multiples façons, faisant varier le point de vue, la perspective, le caractère du personnage, le lieu, l'époque...

lundi 20 septembre 2010

Chaque jour est un jour nouveau

Il faudrait savoir garder un œil neuf
sur les choses
pour continuer à s'émerveiller de tout,
comme les tout petits enfants.

jeudi 9 septembre 2010

Les mots

Bonjour. Nous sommes polis, n'est-ce pas ? Enfin, il est poli. Voilà pourquoi nous vous saluons. Oui, c'est à vous que nous parlons, nous qui sommes sous vos yeux.
Pour continuer à suivre les règles de la politesse, nous allons nous présenter en bonne et due forme : nous sommes les mots. Nous vous prévenons, nous ne quitterons pas ce bout d'écran. Rien ne nous y forcera.
Lui, c'est l'individu qui nous a mis là. Et vous, c'est vous. Vous savez mieux que nous qui vous êtes. Vous êtes les lecteurs. Les juges. Nous vous le demandons, de quoi sommes nous accusés? Ah non, c'est vrai, il nous arrête, il nous explique : nous devons vous plaire et pour vous plaire, nous devons être polis, beaux et bien agencés. Enfin, être au moins tout cela. Bien orthographiés, bien ponctués, bien stylés.
Nous avons peur de ne jamais pouvoir répondre à vos exigences, le savez-vous ? Nous ne pouvons pas être parfaits. Il y aura forcément l'un d'entre nous qui vous choquera. Il aurait bien dit "écorcher l'oreille", mais nous l'avons freiné, car il y a bien peu de chance que vous nous prononciez à voix haute et que vous nous entendiez. A dire vrai, être lus est largement suffisant. Oui, l'un ou plusieurs d'entre nous vous chagrineront, vous perturberont et nous ne savons quoi d'autre. De toute façon, nous ne savons rien de vos goûts : ni de ce qui peut vous enchanter, ni de ce qui peut vous horrifier. Nous nous sentons tout petits, perdus sur l'écran.
En fait, pour tout avouer, nous avons peur, très peur. Qu'est-ce qui va nous arriver, hein ? Après avoir été lu, qu'allons-nous devenir ? Nous risquons d'être mis à la poubelle de l'oubli... Triste fin ! Heureusement, il y en aura d'autres pour prendre notre relève.