jeudi 30 avril 2009

Il était une fois - Episode 50


– Ici, et là, nous souhaitons ne pas nous montrer.

– Si c'est des génies, je veux bien parier qu'ils vont nous proposer trois vœux, affirma Libellule.
– Quatre vœux, mais attention, vous n'avez pas le droit de demander plusieurs vœux avec un vœu.
– Il faudra donc nous mettre d'accord sur nos vœux , déclara Yvi.
– Je me demande bien ce que nous pourrions souhaiter, dit le chevalier.
– Parle pour toi ! s'exclama le lutin.
– Je laisse mon vœu pour qu'Yvi retrouve son âge, annonça Itnaï.
– C'est une bonne idée, moi aussi, approuva Nyssa.
– Je voulais réclamer de l'or, mais je vais me dévouer également, ajouta Libellule.
– Si trois personnes souhaitent ceci, cela suffit, déclara le génie.
Yvi retrouva d'un coup sa chevelure miel, sa peau rose et lisse, le brillant de ses yeux et sa taille élancée. Elle serra dans ses bras Nyssa, Itnaï et mit le lutin sur son épaule en guise de remerciement. Elle était plus belle que jamais.
– Je donne mon vœu pour que Spiolys soit vivante, dit Yvi voulant être généreuse à son tour.
– Moi de même, déclara Kinglion.
Louve hocha la tête, elle aussi, donnait son vœu. La forme blanche de Spiolys se transforma et aux yeux de tous, une jeune fille ordinaire apparut. Elle avait le nez un peu grand et la bouche un peu large, mais son sourire était splendide et ses petits yeux verts brillaient d'un éclat incomparable.
– Et maintenant, rendons sa forme humaine à Kinglion, proposa Ornella.
Piscis et le chevalier acquiescèrent. Et le lion devient homme. Le génie se racla bruyamment la gorge :
– J'ai fait une petite erreur de calcul, hum, c'était trois vœux que je devais vous proposer. Pour me faire pardonner, je vous offre de rentrer directement au château de Pouly.
Nos amis se regardèrent, ils n'avaient pas le droit de protester, mais en pensant à la voix de Louve ou aux années en trop d'Itnaï, leurs cœurs se serrèrent. Le génie n'attendit pas leur assentiment. Tout s'évanouit autour d'eux et brusquement, ils se retrouvèrent devant le château de Pouly.

Au début personne ne les remarqua, car tout le monde était bien trop occupé à s'amuser. Toutefois, les gens finirent par les reconnaître et bientôt tous se pressèrent autour d'eux et demandèrent ce qu'il s'était passé, comment ils avaient vaincu... Ils furent donc submergés de questions, cependant, le chef suprême arriva et dispersa la foule. Il accueillit aimablement les douze mois, puis très vite, il s'approcha de sa fiancée, le mois de mai. Celle-ci voulut bouder un peu, mais se ravisa. Il était puéril de sa part de se venger ainsi du fait qu'il l'avait obligée à s'embarquer dans cette aventure. Elle se jeta purement et simplement dans ses bras. Les Skins et Enial embrassèrent chaleureusement Yvi. Ensuite, tout le monde alla festoyer. La fête dura des semaines entières. Les douze héros durent raconter en long et en large leur aventure, si bien qu'ils en eurent vite assez, heureusement les skins et Enial qui connaissaient fort bien tout le début de leur quête ne se privèrent pas de la raconter à leur place.


mercredi 29 avril 2009

Il était une fois - Episode 49


Chapitre 9 : Séparation


Quant ils eurent laissés derrière eux le lieu des horreurs, ils osèrent enfin parler. La vie reprenait ses droits.
– Je n'aurais jamais cru qu'on y arriverait, déclara le chevalier.
– Je pensais que j'allais mourir, annonça Nyssa.
– C'est fini, j'ai l'impression que c'est impossible, dit Vérité.
– C'est un peu comme si nous avions tous ensemble fait le même cauchemar et que nous venions de nous réveiller, enchérit Ornella.
– Attendez, Louve veut dire quelque chose, ordonna Itnaï.
Ils arrêtèrent de marcher. Louve, même si elle avait perdue sa voix, avait gardé son intelligence humaine, aussi écrivit-elle avec sa patte dans la terre meuble.
« Qu'allons nous faire de la boîte qui contient le mal ? »
– Très bonne question... commença Kinglion.
– Heureux que vous me l'ayez posé, termina Libellule à sa place.
– Il faudrait l'enterrer profondément dans le sol, affirma Yvi qui était toujours vieille bien que le mal ait à présent réintégré sa boîte.
– Je m'en charge, annonça Ornella.
Le sol se creusa tout seul. Les compagnons recevaient des projectiles de terre, mais ne s'en plaignirent pas. Quand le trou parut assez profond, ils jetèrent la boîte au fond, et d'une phrase, la sorcière combla te trou. Débarrassés de la boîte, ils se remirent en marche lentement, savourant le ciel bleu au-dessus d'eux, la brise légère sur leur peau, l'herbe verte sous leur pieds, le parfum odorant des fleurs et le chant des oiseaux qui traversaient de nouveau le ciel. Tout respirait le bonheur, et nos amis s'en réjouissaient. De nouveau de petits groupes s'étaient formés : les deux couples marchaient devant séparément, le chevalier et Itnaï qui était une belle jeune fille, suivaient, les autres formaient un joyeux groupe à l'arrière. Enfin, peut-être pas tout à fait joyeux, en effet, Yvi ne pouvait se consoler d'avoir perdue presque toute sa vie, et Louve était bien triste d'avoir brisée sa voix, elle qui adorait poser des questions. Le lutin, Nyssa, Piscis et Pierrot tentaient vainement de leur rendre le sourire, mais rien n'y faisait.
*
Au château Pouly. Les Skins et Enial couraient toujours à la recherche d'un miroir magique quand à travers une fenêtre ils aperçurent le ciel bleu, le soleil brillant et l'herbe verte. Ils furent presque déçus de savoir que c'était fini, tellement ils avaient souhaité voir la fin de l'aventure. Cependant, ils se réjouirent bien vite en pensant que le temps des malheurs était terminé. Dans le château, des cris d'allégresse se faisaient entendre. Quelques personnes songeaient déjà au festin qui accueilleraient les héros à leur retour, mais la plupart des gens se précipitèrent dehors : ils coururent dans l'herbe, grimpèrent aux arbres, allèrent se baigner dans le lac, et se livrèrent à mille folies comme des enfants. Toute la pression qui avait pesé sur le château de Pouly, sur ses habitants et sur les armées des différents peuples qui se tenaient devant ses remparts, s'était dissipée.
*
Les douze mois marchaient depuis un moment quand une voix inconnue les interpella :
– Hé ! Nous avons un cadeau pour vous.
– Un cadeau ? Qui êtes-vous ? demanda Vérité.
– Des génies, nous désirons vous remercier de ce que vous avez fait. Sans vous, nous aurions été forcés de devenir les jouets du mal et nous plier à ses souhaits. Nous préférons rester libre, et nous savons que grâce à vous, nous le pouvons, répondit la voix.
– Où êtes-vous ? demanda Nyssa.



mardi 28 avril 2009

Il était une fois - Episode 48


Les démons surveillaient la place, mais stupidement ils regardaient plus haut, et c'est ainsi que le lutin passa tranquillement entre les jambes des monstres. Il était d'ailleurs encore entre les pieds d'une des créatures quand le mal le remarqua, mais trop tard ! La main velue du troll avait récupéré Libellule et la boîte. Le mal hurla de rage et cria sa rancœur, mais ne se découragea pas... pas encore. D'un geste, il ordonna à ses démons de détruire l'église par l'arrière. Les créatures du mal mouraient comme des mouches au contact des pierres sacrées, mais ils étaient si nombreux qu'ils parvinrent à desceller quelques pierres. Pendant ce temps, sous le porche de l'église, nos amis se préparaient. Yvi nettoya la boîte en la frottant contre son pantalon, puis l'ouvrit religieusement. Nyssa s'occupa de Louve et d'Ornella afin qu'elles reprennent conscience, mais l'elfette ne fit pas plus : la protection qu'elle avait donné à Piscis pour arriver à l'église l'avait vidée de ses forces. Sur la main poilue du troll se posa la fine main d'Ornella, sur celle-ci la minuscule paume de Libellule, vint ensuite la main écaillée du centaure, celle à quatre doigts de l'elfette, celle enfantine de Pierrot, celle ridée d'Yvi, celle brunie du chevalier, puis ce fut au tour de la grosse patte de Kinglion, de la main fantomatique de Spiolys devenue matérielle pour l'occasion, et de la douce patte de Louve. La longue main d'Itnaï recouvra le tout. Ces douze mains posées les unes sur les autres se placèrent au-dessus de la boîte ouverte comme l'indiquait la prophétie, puis ils déclamèrent le poème, répétant lentement les mots que prononçaient l'oracle. Il était le seul à connaître le poème qu'il fallait déclamer.


Pour éloigner du monde les tristes horreurs,
Pour rendre la joie à tous les tendres cœurs,
Enfermons et chassons le mal à jamais,
Bannissons le malheur, là où il régnait.

Que seuls désormais vivent les sourires,
Qui peignent le ciel de couleurs joyeuses.
Que seuls se réalisent les plus purs désirs,
Qui emplissent les esprits de choses merveilleuses.

Fini le mal, qu'il meurt dans les flammes,
Pour le repos et la paix de toutes les âmes.
Terminés la misère, les soucis et la maladie,
Qui empoisonnent les brèves vies.

Place aux joies, aux plaisirs et à la tranquillité !
Gardons seulement la douce sève du bonheur,
Donnons à la vie des yeux rêveurs enchantés.
Vivons maintenant dans un monde de couleurs !

Pendant qu'ils récitaient le poème, les démons et le mal essayaient de faire du bruit, de les distraire afin qu'ils ne parviennent pas jusqu'au bout. Cependant, les douze compagnons achevèrent le poème et quand ils eurent prononcé le dernier mot, le mal et ses serviteurs furent avalés, littéralement aspirés dans la boîte qui se referma avec un claquement gourmand. Nos amis étonnés, regardèrent la boîte. Avaient-ils vraiment réussi ? Ils n'en revenaient pas, leur quête était achevée. Encore muets, ils contemplèrent la ville. Celle-ci avait reprit ses couleurs normales, mais son aspect restait sinistre, car elle était détruite et jonchée de cadavres. Au dessus de leurs têtes, le ciel était toujours sombre. Au début, ils ne comprirent pas pourquoi, puis ils virent apparaître la lune et les étoiles. Les couleurs reprenaient leur droit, la vie aussi. Trop fatigués pour bouger, trop étonnés pour parler, ils restèrent installés sous le porche, immobiles et silencieux. Ils observèrent le ciel se réhabituant lentement aux constellations, se faisant doucement à l'idée que maintenant, ils ne risquaient plus rien. Sans vraiment s'en rendre compte, ils glissèrent vers un lourd sommeil sans rêves.
Vers l'aube, ils se réveillèrent, courbaturés et souffrant de leurs multiples blessures. Nyssa bien qu'encore fatiguée se mit à soigner ses compagnons de route. Les premiers rayons du soleil caressèrent la peau de nos amis et réchauffèrent leurs âmes et leurs cœurs. Quand ils furent assez en forme, ils se levèrent et quittèrent avec plaisir la ville morte qui les avait vus souffrir et mourir d'angoisse.


(Fin du Chapitre 8)



lundi 27 avril 2009

Décision


Même si on goûte tout de même
à l'amer fruit du regret,
il vaut mieux agir que tergiverser.


vendredi 24 avril 2009

Bref



L'éternité, c'est bien trop court,
Quand tu es dans mes bras
Je voudrais que le temps aille à rebours
Et qu'hier soit toujours là.




jeudi 23 avril 2009

Il était une fois - Episode 47


Dans un dernier effort, la sorcière se protégea à l'aide d'un bouclier magique des cruelles attaques du malfaisant nuage et atteignit en rampant le porche de l'église. Vérité qui avait juste fait semblant d'être mort, emprunta un souterrain qui reliait la maison où il se trouvait aux abords de l'église. Le troll le savait parce que Pierrot le lui avait dit. Le plan de la ville se trouvait en effet dans la mémoire collective des oracles. Quand le mal le vit se précipiter sous le porche, il hurla :

– Vous êtes peut-être sept maintenant, mais vous n'avez pas la boîte et sans elle... Vous êtes impuissant à m'arrêter !
A ces mots le lutin et la boîte disparurent derrière un cadavre qui était étendu sur la place de l'église. Kinglion ressortit de sa cachette, et bondit de toits en toits jusqu'à la place. Le mal le repéra immédiatement. Le lion esquiva non sans grâce les attaques magiques du mal et celles plus physiques de ses serviteurs. De son côté, le chevalier ne s'en sortait pas, il était blessé, fatigué et alourdi par le poids de plus en plus pesant de Louve. Cependant, il ne voulait pas l'abandonner, car elle était toujours vivante. L'oracle se réveilla. Malgré sa tête bourdonnante, il réalisa qu'il était invisible, aussi en titubant comme un ivrogne, il marcha pesamment vers l'église et y parvint sans avoir été trop inquiété.
– Je suis là, Ornella, rends-moi visible s'il-te plaît.
– Inverso, murmura la sorcière, à présent vidée de toute son énergie magique.
L'oracle réapparut devant des visages tendus, fatigués et inquiets. Ils se demandaient où était la boîte et se faisaient un sang d'encre pour leurs trois camarades qui étaient encore loin d'être en sécurité. Piscis aperçut le chevalier qui parvenait avec difficultés en bordure de la place, aussi, malgré sa fatigue, il le rejoignit pour l'aider à se débarrasser des monstres. Vérité hésitait à le suivre, quand Ornella s'évanouit. Il resta pour la soutenir. Ce fut Spiolys qui s'élança au côté du centaure pour porter secours au chevalier. Kinglion, saignant de partout, esquivait avec de plus en plus de difficultés les attaques du mal. Libellule poussait sa boîte, près, toujours plus près de l'église, mais devait fréquemment s'arrêter pour se cacher. Il en profitait pour reprendre son souffle. Spiolys provoqua le mal et ses sbires :
– Lâches ! Pleutres ! Venez me chercher si vous l'osez !
Le mal, avec un mauvais sourire, vint à la rencontre de Spiolys, suivi de ses démons. Grâce à cette diversion, Piscis parvint à ramener le chevalier à moitié sonné et Louve, évanouie à cause de la douleur, à bon port. Le mal invoqua une multitude de méchants fantômes. Kinglion profita également de l'aubaine pour bondir vers l'église. Dès qu'il eut atteint la protection du porche, Spiolys s'en retourna le plus vite près de lui. Le mal et ses sbires ne purent que l'effleurer.
– Ils sont onze ! Mais il manque... Voyons Janvier est là, Février aussi... Mars, où est le lutin ? C'est lui qui a la boîte, je sais que c'est lui ! cria le mal.
Libellule n'avait plus qu'un mètre à faire, mais en entendant ce cri, il se figea derrière un cadavre de monstre. Nos amis qui étaient à présent en sécurité, ne l'avaient pas repéré et se demandaient également où Mars se trouvait.
– Démons, empêchez l'avorton de passer, massez-vous devant l'église, ordonna le mal à ses créatures.
Le silence se fit dans la ville. Le mal fouillait du regard les rues de son domaine. Le lutin songea qu'il jouait à un « 1,2,3 Soleil » fort dangereux. Il poussa la boîte doucement, profitant que le mal regardait ailleurs. Plus que la moitié d'un mètre, plus qu'un tiers, plus qu'un quart...


mercredi 22 avril 2009

Il était une fois - Episode 46


Un long hurlement de loup retentit. Le chevalier harcelé par les monstres attacha avec un bout de corde le corps de Louve sur son dos et fit reculer les monstres à grands coups d'épée. Le lutin constata que le mal était trop concentré sur son combat avec la sorcière pour se préoccuper de la boîte. Il la ressortit noire de saletés et se mit à la pousser vers l'église qu'il apercevait au loin. Pendant ce temps, Piscis et Nyssa progressaient lentement vers la place. Chaque pas exigeait un effort considérable et pour dix qu'ils avançaient, ils devaient reculer de neuf à cause des monstres.

Avec hésitation, Nyssa fit une proposition à Piscis :
– Comme je suis une elfette guérisseuse, je peux dégager une fumée soignante, aussi si tu galopes avec moi sur ton dos jusqu'à l'église, je te protégerai grâce à cette fumée. Dès que tu seras blessé, la fumée te guériras, tu seras quasiment invincible, mais il faudra te presser parce que cela peut me tuer...
Piscis n'hésita pas et bientôt, environnés de fumée, Nyssa et le centaure se mirent à galoper. Piscis fila comme une flèche. Ils atteignirent le porche de l'église après une course effrénée. Epuisés, ils ne discutèrent ni avec Itnaï ni avec Yvi. Ils se contentèrent de faire comme elles et de guetter l'arrivée de leurs amis tout en écoutant les armes qui s'entrechoquaient. Le mal après s'être acharné sur le troll et la sorcière, alla agacer un peu Kinglion et Spiolys. La férocité du mal incita le lion à ordonner au fantôme qui ne risquait pourtant pas grand chose de rejoindre les autres sous le porche. Au départ Spiolys ne voulut pas, mais devant l'insistance de Kinglion, elle obéit à contrecœur.
– Quoi vous êtes déjà cinq sous ce maudit porche ! s'exclama soudain le mal d'une voix mauvaise.
Pendant qu'il regardait l'église, Kinglion en profita pour filer dans une maison où il se cacha. Le mal furieux le chercha du regard, puis s'en prit de nouveau à Ornella et Vérité qui avaient atteint les dernières maisons avant la place de l'église. La sorcière et le troll se séparèrent d'un commun accord. Le mal qui croyait ne pouvoir faire qu'une bouchée du troll fondit sur lui. Vérité entra dans une maison aux trois quart détruite, mais ne put se cacher. La noire ombre du mal l'atteignit, et le troll s'écroula comme mort. Le mal hurla de plaisir, un seul mois mort suffisait à assurer sa victoire. Sans Janvier, la prophétie ne pourrait pas s'accomplir. Il se précipita ensuite sur Ornella qui n'était plus qu'à dix mètres de l'église.


mardi 21 avril 2009

Il était une fois - Episode 45


Le mal crut la sorcière, et il se rapprocha d'Ornella et de ses deux compagnons en flottant dans les airs. Un rude combat magique s'engagea alors entre la sorcière et le sinistre nuage. Les autres mois combattaient sans relâche les monstres du mal qui ne cessaient de les attaquer. Yvi et Itnaï que le mal avait traité comme quantité négligeable furent les premières à arriver sous le porche de l'église. Là, elles étaient protégées de la déferlante des âges. Elles contemplèrent avec dégoût la ville ensanglantée et écoutèrent avec inquiétude le cliquetis des armes et les cris des combattants. Yvi avait maintenant presque cent ans et avait des difficultés à respirer. Itnaï était à présent une belle jeune fille. Elles frissonnaient d'horreur. Le hasard des combats réunit Nyssa et Piscis : la première avait fuit, le second avait poursuivit un monstre. Ornella faiblissait sous les attaques du mal et elle ne put maintenir plus longtemps l'illusion de la boîte. Le mal se détourna alors d'eux pour trouver la véritable boîte, mais la sorcière, craignant que cette dernière ne soit vite découverte, puisa dans ses forces vitales pour refaire une illusion. Cette fois-ci des centaines de boîtes apparurent dans la ville. Le mal hurla de rage et s'en prit de nouveau à la sorcière. Le lutin secoué par le faible courant du caniveau qui le transportait lui et la véritable boîte, croisa un rat affamé qui l'attaqua. Heureusement, Libellule avait pour arme une aiguille et jouant du poignet, il blessa le rat avant de réussir à l'embrocher. L'illusion des boîtes tremblotait et d'un instant à l'autre allait finir. Libellule, bloqué par le cadavre du rat, poussa de toutes ses forces la boîte dans un tas d'immondices afin de la dissimuler. L'illusion s'éteignit. Ornella lançait sans s'arrêter dans l'air lourd et écœurant des formules contre le mal afin de parer ses attaques. Le flair de Vérité l'aidait bien : celui-ci lui indiquait en effet la nature du flux magique, aussi la sorcière prononçait immédiatement une formule adaptée. Leur camarade de combat, l'oracle glissa sur une flaque du sang, le faisant sortir hors du bouclier de protection magique d'Ornella. Le mal l'attrapa immédiatement. Le sombre nuage tint un instant par le pied Pierrot, puis le lança à l'une de ses créatures qui s'apprêtait à le dévorer quand le corps du petit garçon disparut. La créature démoniaque sentait encore le corps chaud entre ses griffes, mais ne le voyait plus. Surprise, elle lâcha l'être qu'elle ne voyait plus sur le sol. L'oracle avait été rendu invisible grâce à Ornella, malheureusement, il était assommé. Les combats continuaient de plus belle quand soudain une voix d'une pureté extraordinaire retentit dans toute la ville. C'était un cri de douleur. La voix de Louve profondément blessée avait éclaté à l'air libre. Un bref instant les combats cessèrent, cependant ils reprirent dès que le son s'éteignit. Yvi murmura à Itnaï :

– Louve ne pourra plus jamais parler, la voix donnée par le génie, était trop pure pour ce monde. En criant hors des esprits, Louve a tué sa voix. Elle devait souffrir tellement qu'elle a dû agir instinctivement. Espérons qu'elle ne soit pas morte.



lundi 20 avril 2009

Cadeau


Dans un monde idéal,
la grande faucheuse serait encore là,
car, que serait la vie sans la mort ?
On oublierait que c'est un cadeau.


vendredi 17 avril 2009

L'adieu des mots


L'adieu des mots




Les mots se devinent,
Dans l'océan des yeux,
Et les lettres se dessinent
Sur la peau des cieux.

Lentement coule la tristesse,
Au souvenir des mots qui caressent,
L'oubli des cieux effleure
L'amour qui se meurt.

Les mots partent, s'effacent,
S'envolent de la mémoire...
Les lettres accolées trépassent
Sur une page méconnue de l'histoire.


jeudi 16 avril 2009

Il était une fois - Episode 44


Chapitre 8 : L'ultime combat


– Il va falloir entrer dans cette ville, vraiment ? demanda craintivement Nyssa.
– Les astres nous ont tracé cette destinée, répondit pompeusement Pierrot.
Ils respirèrent à fond, se préparèrent mentalement à ce qu'ils allaient vivre, puis poussèrent tous en ensemble les portes de la ville. Elles grincèrent d'une manière horriblement sinistre.
*
Au château Pouly, les mêmes, pour ne pas changer.
– C'est le dernier round ! s'exclama Ever.
– Cela va être terrible, je ne voudrais manquer cela pour rien au monde, déclara Every.
– Le dernier combat, il faut qu'ils gagnent ou Lostland deviendra un pays de plus en plus noir, dit Enial.
– La porte s'ouvre lentement, constata Several.
Le miroir éclata soudain en morceaux.
– Ciel notre miroir ! Que s'est-il passé ? demanda Never.
– Nous l'avons trop utilisé, il n'a pas supporté cet usage intensif, expliqua Enial avec une légère grimace.
– Nous allons manquer le moment que nous attendions depuis le début, gémit Every.
– N'y a-t-il pas un miroir de rechange ? interrogea Ever.
– Peut-être dans le château, répondit Enial.
– Vite, partons à sa recherche, il ne faudrait pas manquer la fin, cria Several.
Les skins, Enial et le garde sortirent précipitamment de la pièce, ils gravirent les escaliers en vitesse et se mirent à courir dans les couloirs à la recherche d'un miroir magique. Pouly, réveillé par leurs cris, était resté dans la pièce. En grommelant, il quitta lentement le mur sur lequel il était appuyé et marcha péniblement jusqu'à l'un des fauteuils des skins où il s'installa. Il mangea une galette qui restait, but un peu de cidre, puis retapa le cousin de son siège. Enfin, il bailla, et sans se préoccuper des éclats du miroir qui jonchaient le sol, se rendormit.
*
Les douze compagnons regardèrent avec effroi la ville dévastée qui s'offrait à leurs yeux : les larges maisons étaient à moitié écroulées, les pavés et les murs ruisselaient de sang, des cadavres traînaient partout. Nos héros avancèrent dans la large avenue, essayant sans succès d'ignorer la puanteur et l'horreur qui les entouraient. Nyssa et Itnaï tremblaient, tellement elles étaient horrifiées. Les portes se refermèrent derrière eux brutalement. Nos amis, comme ils l'avaient décidé dans leur plan, se séparèrent. Ornella, Vérité et Pierrot partirent vers la gauche, Piscis, Kinglion et Spiolys prirent une rue transversale. Yvi, le chevalier et Itnaï marchèrent droit devant tandis que Louve, Libellule et Nyssa se dirigèrent vers la droite.
– Bienvenue ! Jamais vous n'atteindrez l'église, hurla une voix malfaisante.
Au-dessus de la ville planait une sombre et menaçante silhouette, elle semblait informe, c'était comme un nuage... en plus dangereux. Le mal fit apparaître des nuées de monstres qui se précipitèrent pour attaquer les douze mois. Le noir nuage se chargea du petit groupe qui allait tout droit, droit vers la place de l'église. Les bruits de batailles envahirent la ville morte, comme un virus s'étend dans un corps sain.
– Chère Yvi, marche vers l'église et tu mourras de vieillesse, annonça le mal en ricanant.
Sur ces mots, il envoya des vagues d'années vers la malheureuse princesse.
Les années déferlèrent sur Yvi, elle se ratatina, vieillissant à vue d'oeil, perdant peu à peu le souffle précieux de la vie. Des cris retentirent, c'était Nyssa qui appelait à l'aide, Louve était submergée par les démons. Le chevalier s'élança, quittant Itnaï et Yvi vieillissante. Itnaï voulut le retenir, mais Yvi de sa main ridée l'en empêcha et murmura :
– Mets toi devant moi, tu peux bien perdre quelques années.
Itnaï acquiesça courageusement et prit pour elle les années envoyées par le mal. Lentement, elle se mit à grandir. Sous la rafale des âges, elles se mirent à courir. En fait, Yvi trottinait plus qu'autre chose car le souffle lui manquait : elle était bien vieille à présent. Après avoir lancé son attaque, le mal s'était désintéressé du sort d'Yvi pour s'occuper de Vérité, d'Ornella et de Pierrot qui progressaient à une allure remarquable vers la place de l'église.
– Où est la boîte ? hurla le mal.
Nyssa qui la cachait sous sa tunique, trembla de peur. Il ne fallait pas que le maléfique personnage la récupère, elle la fit tomber dans une rigole d'eau sale qui formait un petit ruisseau et posa Libellule dessus afin qu'il la garde. La boîte et le lutin s'éloignèrent, portés par les eaux. Pendant ce temps Ornella fabriqua astucieusement l'image d'une fausse boîte, la brandit et cria à l'intention du mal :
– Viens la chercher, si tu la veux, lourdaud !


mercredi 15 avril 2009

Il était une fois - Episode 43


Sur ces mots les douze héros s'en furent en courant pour éviter les zombies qui peinaient pour essayer de les suivre. Seulement ils fuirent les bras des zombies pour tomber dans ceux des squelettes. C'est ce qu'on appelle tomber de Charybde en Sylla. Effectivement après une petite course, nos amis tombèrent sur trentaine de squelettes qui en les voyant entamèrent une petite danse et se mirent à chanter :

– Cruels, nous sommes des squelettes,
Ni le fer, ni la prière ne nous arrêtent.
Quand nos os font de la musique,
Vous prenez de graves risques.
Cousins des vils et persifleurs serpents,
Nous narguons et nous nous moquons des gens.
– Tiens, mais ce sont nos charmants serpents, remarqua Yvi.
– Ils ont tenu leur promesse, hélas, soupira Ornella.
– C'est bizarre, mais j'aurais préféré qu'ils oublient, dit le lutin.
– Qu'est-ce c'est que cette histoire de serpents ? Quel rapport avec les squelettes ? demanda Louve.
– Nous avons déjà eu affaire à ce genre de personnages persifleurs, répondit le chevalier.
– Je me demande de quels mauvais caractères, ils vont nous affliger, déclara Kinglion.
– Vous nous laisseriez en placer une, vous ne vous poseriez pas la question, affirma un squelette qui était parvenu à en placer une avant que Nyssa ne prenne à son tour la parole.
– Mais nous ne voulons pas vous laissez parler, annonça bravement l'elfette.
– Et nous voulons éviter qu'il pleuve, donc nous désirons nous dispenser de chanter, ajouta Spiolys.
– C'est pourquoi je vais vous raconter la fascinante et palpitante histoire de ma vie, annonça Libellule.
– Il va nous endormir avec son histoire. Faîtes-le taire ! s'exclama Vérité.
– Un bâillon ou un coup d'épée ? demanda Piscis.
– Doucement, je plaisantais pour empêcher les zozos tout en os d'ouvrir la bouche même s'ils n'en ont plus, protesta le lutin.
– Cette fois-ci, c'est toi qui n'a pas le sens de l'humour, constata Ornella.
– Si, mais je le cache avec une habileté qui moi-même m'étonne, déclara Libellule avec un sourire narquois.
– C'est la première fois que nous sommes obligés de discuter à ce rythme, déclara Piscis.
– Pour une fois que nous pouvons ne pas être sérieux, que nous avons la chance de pouvoir parler pour ne rien dire, je ne trouve rien à raconter, affirma Vérité.
– Je peux poser des questions si vous voulez, proposa Louve.
– Si par hasard nous étions assez fou pour accepter ta proposition, nous serions encore là demain, à moins que demain ne soit aujourd'hui, car avec ce ciel, on ne peut jamais savoir, répondit Kinglion.
– Quel âge avez-vous tous ? demanda Louve sans tenir compte de la réplique du lion.
– Trente ans, et je suis fier de les avoir, annonça Vérité.
– Un quart de siècle, c'est le nombre d'années qui ont vu passé mes yeux, répondit Ornella.
– J'ai cent ans, ce qui est l'âge de la jeunesse pour un lutin, déclara Libellule
– J'ai trente-cinq ans, dit simplement Piscis.
– Mais ne t'a-t-on jamais appris qu'on ne demande jamais leur âge aux femmes ? interrogea Nyssa.
– Mon père me l'a souvent répété, mais de toute façon, je sais l'âge des gens sans leur demander, répondit l'oracle alors que la question s'adressait à la louve.
– Alors vas-y, ! Dis-moi mon âge, exigea Nyssa.
– Toi, tu as dix huit printemps d'elfe, Yvi en avait vingt, mais le destin lui fait porter maintenant 35 ans de plus, j'en ai 8 passés, Kinglion a deux mille ans, le chevalier en a 19, Spiolys avait 25 ans à sa mort et en a maintenant autant que Kinglion, Louve a 3 ans de vie et Itnaï a 12 ans, déclara Pierrot fort de son savoir d'oracle.
– Le pire c'est qu'il a raison, marmonna Nyssa.
– Eh ! Ils ne sont plus là ! s'exclama Itnaï.
– Qui ? demanda le chevalier.
– Les squelettes.
– Notre stratagème a marché, déclara Yvi
– J'ai cru que je ne parlerai jamais assez vite pour éviter qu'ils ne puissent placer un mot, soupira Kinglion.
– Oui, heureusement, ils sont partis, et j'espère qu'il ne va plus rien nous arriver à présent, murmura Itnaï.
– Nous l'espérons tous, mais nous n'y croyons pas, affirma Yvi.
– Le ciel est de nouveau gris, nous pouvons éteindre les torches et reprendre la marche, remarqua Vérité.
– Cela va être long de marcher jusqu'à la ville ensanglantée, je préférais y être déjà, marmonna Nyssa à qui la marche déplaisait vraiment.
On gagne parfois à se taire. Une violente tempête démarra. Un vent très puissant se mit à souffler, encore et encore. Les arbres se déracinèrent, poussés par l'air, et nos amis furent soulevés de terre et emportés vers l'est par le vent. Se débattant dans l'air, les douze mois avancèrent sans poser un seul pied au sol. Toujours portés par l'air comme de simple feuilles mortes, nos amis arrivèrent aux portes d'une ville sinistre. Le vent cessa et les douze mois atterrirent relativement durement dans l'herbe grise tâchée de sang.
– Te voilà exaucée, plaisanta Libellule qui s'était accroché à la veste d'Yvi afin de ne pas être séparé de sa compagne.
– La ville de la prophétie, annonça simplement l'oracle.
– Le terme de notre voyage se trouve là, ajouta Vérité.

(Fin du chapitre 7)

mardi 14 avril 2009

Il était une fois - Episode 42


– Eh ! Ornella ! Ne pourrais-tu pas nous faire apparaître des chevaux ? demanda brusquement Nyssa qui en avait plein les jambes, qu'elles avaient fort jolies d'ailleurs.
– Je pourrais, mais je ne le ferai pas, répondit Ornella.
– Mais pourquoi ? Je parie que tu as encore oublié la formule, grommela Nyssa qui décidément avait mal aux pieds.
– Non, j'essaye d'emmagasiner mon énergie magique pour la rencontre prochaine avec le mal, expliqua la sorcière.
– Mais nous sommes encore loin, protesta Nyssa.
– Oui, mais il me faudra beaucoup de magie pour parer aux attaques du mal, et nous pouvons encore être attaqués en chemin.
– Ne parle pas de malheurs ! s'exclama le lutin.
– Est-ce que vous avez remarqué que le ciel s'assombrit de plus en plus ? demanda Louve.
– Non, mais c'est vrai, fit le chevalier en levant la tête.
– Comme si la nuit tombait. Les étoiles me manquent, fit l'Oracle interrompant sa tâche un instant.
– Alors cela avance ton déchiffrage de la Prophétie ? demanda Louve.
– Doucement, je vais m'y remettre de suite, déclara Pierrot.
Cette déclaration signa l'arrêt de la conversation générale et chacun se remit à parler avec son compagnon de route. Le ciel était devenu tout noir et ils avaient dû se munir de torches pour avancer. Cependant, malgré leurs flambeaux, ils voyaient mal et sans s'en rendre compte, ils quittèrent la route cendrée pour l'herbe sèche. Nos amis respiraient mal dans l'air lourd, et les paroles qu'ils échangeaient s'étaient raréfiées. Quelquefois, pour chasser la crainte grandissante, l'un deux lançait une phrase brève qui tombait dans le vide. Seuls les bruissements de l'herbe et les craquements des branches sous leurs pieds accompagnaient leur marche aveugle et pesante. Un vent pernicieux soufflait. Fatigués, ils cherchaient vainement un endroit sympathique - un lieu pas trop terrifiant - pour s'arrêter. Le sombre profil de pierres tombales acheva de les glacer.
– Cela vous dirait d'aller dormir en compagnie des morts ? plaisanta Libellule.
– C'est le lieu idéal pour la halte c'est sûr, ajouta Vérité avec humour.
Un instant plus tard, ils eurent encore moins envie de rire. Des tombes étaient sortis d'épouvantables zombies dégageant une odeur de chair putréfiée.
– Cela recommence, j'ai l'impression que cela ne s'arrêtera jamais, soupira le troll.
– On joue, on perd, c'est la vie ! s'exclama Piscis bien las lui aussi de ces perpétuels combats.
– Ils avancent lentement, remarqua Ornella.
– Je conclurai donc que si nous préférons éviter un combat dont l'issue est évidente, nous aurions intérêt à nous en aller discrètement, dit Yvi.
– Traduction résumée des propos d'Yvi : filons ! s'exclama Kinglion.
– Tout le monde se met à faire de l'humour grâce à moi, constata le lutin avec une satisfaction évidente.
– Pour ce que valent tes blagues... commença Nyssa.
– Comment ? Elles sont très bien mes plaisanteries ! s'exclama Libellule faussement indigné.
– Je ne vois pas pourquoi vous ne voulez pas rester avec les zombies, ils sont sympathiques, déclara tranquillement Spiolys.
– Pour éviter de combattre puisque nous savons que nous allons gagner, affirma le chevalier.
– Sympathiques, sympathiques... On voit bien que tu es morte toi ! grommela le lutin.
– Dites, ils sont vraiment près maintenant, remarqua Itnaï, pas rassurée du tout.
– Au fait, pourquoi savons-nous que nous allons gagner ? demanda Louve.
– Bah voyons, nous sommes les héros. Je sais que cela ne se voit pas, mais c'est pourtant vrai, répondit le lutin avec un grand sourire.



Réalité


Le pire film d'horreur ne pourra pas dépasser la réalité.



vendredi 10 avril 2009

Petit hérisson






Petit hérisson, il faut que tu manges
Ou tu deviendras un ange,
Mais même si tu meurs
Je te garderai dans mon cœur.

Il est mort le petit hérisson,
Parti vers un autre horizon :
Tu ne seras plus perdu.
Tu ne souffriras plus.

Petit hérisson s'est enfui
Il s'en est allé au paradis.


jeudi 9 avril 2009

Il était une fois - Episode 41


Au château Pouly, toujours et encore les mêmes.

– Nous n'entendons plus rien, grommela Ever déçu.
– Ils murmurent et, Pouly ronfle, alors ça n'aide pas, ajouta Every.
– Si nous ne pouvons rien savoir, j'arrête d'animer l'image du miroir, déclara Enial que cette utilisation quasi constante de son énergie magique fatiguait.
– Ah non ! Nous risquerions de manquer quelque chose, protesta Several.
– Là, nous ne ratons rien du tout. Allons plutôt faire un tour dehors, suggéra Never.
Les autres approuvèrent et ils sortirent de l'étroite pièce qu'ils n'avaient presque pas quittée depuis le départ des voyageurs. Ils montèrent dans les étages supérieurs du château, abandonnant Pouly qui dormait et le garde qui préférait rester chez lui en attendant leur retour. Les Skins et Enial se dégourdirent les jambes avec joie. Ils coururent dans les couloirs déserts cherchant quelqu'un qui accepterait de leur donner des nouvelles. Finalement, ils rencontrèrent le chef suprême lui-même. Never courait comme un fou quand, au détour d'un couloir, il buta littéralement contre le chef, tous les deux s'écroulèrent sur le sol.
– Quel est l'imbécile qui se permet de courir dans les couloirs ? questionna l'elfe d'une voix furieuse.
– Nous vous cherchions votre Altesse, mentit Ever.
– Que se passe-t-il ?
– Ils ont récupéré la boîte, rencontré le dernier mois et sont maintenant tout près de la ville sanglante, résuma Several.
– Bien, mais cela ne vaut pas la peine de courir dans les couloirs.
– Nous étouffions un peu dans l'espace restreint de la pièce et rien n'arrivait, aussi nous étions en quête de nouvelles et nous en profitions pour nous dépenser un peu, avoua Enial.
– Je peux vous trouver des remplaçants si vous en avez assez...
– Non, non, non. Nous aimons notre rôle. Nous éprouvions juste le besoin de respirer un peu, contra Every.
– Les couleurs ne tiennent pas malgré les efforts des magiciens, elles ne s'étendent jamais loin en plus, informa le chef.
– Merci votre Seigneurie, nous allons nous en retourner dans notre antre, déclara Never.
Les Skins et Enial s'éloignèrent en marchant, mais dès qu'ils furent hors de vue du chef, ils se remirent à courir. Manque de chance le chef, qui n'avait pas été nommé chef pour rien, s'était douté de cette action, aussi dès qu'il crut entendre les bruits d'une course, il hurla :
– N'oubliez pas : vous n'avez pas le droit de courir dans les couloirs !
Les Skins et Enial, surpris et honteux comme des écoliers pris en faute, se mirent au pas et c'est doucement qu'ils descendirent les escaliers pour rejoindre leur poste de surveillance. Avant de se remettre devant le miroir, Ever constata tout haut :
– C'est étrange de vivre par procuration la vie des autres, mais cela nous permet de nous évader de la nôtre.

Les douze compagnons avaient repris la route cendrée après avoir mis au point un plan. Ils marchaient, désormais privés de chevaux. Deux par deux, ils discutaient en avançant d'un pas rapide. L'oracle chargé de déchiffrer les vers de la prophétie avait le privilège d'être porté par Piscis. Le centaure se voyait ainsi obligé de rester muet pour laisser travailler Pierrot. Yvi avait sur son épaule le joyeux Libellule qui lui racontait des histoires drôles et des plaisanteries grivoises. La voix de Louve résonnait seulement dans la tête de Nyssa, aussi l'elfette répondait en chuchotant aux questions posées. Le chevalier parlait avec Itnaï qui ne voulait plus quitter d'un pouce ce dernier depuis qu'il l'avait sauvée du cheval mutant. Son babil agréable enchantait l'oreille du chevalier. Vérité et Ornella philosophaient ensemble comme ils avaient déjà fait dans le labyrinthe. Quant Spiolys et Kinglion, ils tentaient de retrouver des bribes de leurs mémoires. Tout était calme et en paix... malheureusement, cela ne devait pas durer.


mercredi 8 avril 2009

Il était une fois - Episode 40


Des ailes noires et dentelées poussaient sur le dos des chevaux, leurs sabots se transformaient en griffes acérées et leurs têtes devenaient pointues comme un bec. Leurs dents d'herbivores étaient maintenant effilées et coupantes, ils n'y avaient plus grand chose de chevalin dans ces sept monstres. Louve et Kinglion sentirent le danger avant de le voir. Ils interrompirent l'oracle qui avait commencé à leur faire des révélations sur la ville sanglante mentionnée par la prophétie. En un instant, la pagaille régna. Itnaï fut attrapée par les griffes d'un cheval, mais le chevalier qui avait déjà récupérer son arme trancha la tête du coupable. Louve avait sauté sur la croupe de l'un des chevaux et mordait à belle dents, Kinglion d'un coup de patte avait déchiré une aile. Piscis se battait à coup de sabots, n'ayant pu ramasser à temps son épée tandis qu'Ornella lançait des éclairs magiques sur les chevaux. Yvi se servait de son poignard soutenu dans son effort par Vérité qui cognait les bestiaux avec sa puissante masse. Nyssa s'était prudemment éloignée, accompagnée de Libellule et de Pierrot. Malheureusement les membres tranchés des créatures repoussaient avec une constance terrible. Le combat s'en trouva prolongé, mais finalement Louve en acheva un de sa gueule puissante, le chevalier un autre en plongeant son épée dans le cœur de la créature, Ornella en foudroya un, Vérité de sa bonne vieille masse acheva le quatrième, Spiolys se chargea du cinquième en procédant de la même façon qu'avec le dragon, Kinglion déchiqueta de ses griffes le sixième et le dernier s'écroula grâce aux efforts d'Yvi et Piscis.

– Bon, où en étais-je ? demanda l'oracle à peine ses amis eurent fini de tuer les chevaux monstrueux.
– Dis, tu exagères, s'écria Vérité.
– Laisse nous le temps de souffler, ajouta Piscis.
– Je trouve très bien moi qu'il fasse de l'humour, protesta Libellule.
– C'était de la routine pour vous cela, déclara Nyssa.
– Cela nous a en effet permis de faire un peu d'exercice, approuva Kinglion.
– Un douloureux exercice, murmura Itnaï qui avait été blessée par les griffes.
– Ce n'était pas de la routine pour tout le monde, pensez à Itnaï, déclara le chevalier.
– Pauvre chérie ! s'exclama Nyssa en se précipitant pour soigner cette dernière.
– Reprenons tout de même la conversation avant qu'une catastrophe arrive, intervint Ornella.
– « Quand la ville sanglante sera juste devant les douze mois, ils arriveront au repaire du mal. Pour triompher, ils devront atteindre le porche Saint, sous sa protection, ils ouvriront la prison du mal. Leurs mains les unes sur les autres dans l'ordre des mois, ils déclameront les vers suivants. » Vers que je suis encore en train de déchiffrer, annonça Pierrot.
– Comment cela se fait que les autres Oracles n'aient pas traduit en entier la prophétie ? demanda Louve.
– Ils n'étaient pas assez compétents, et sans me vanter je réunis le pouvoir de plusieurs Oracles, répondit le petit garçon.
– Maintenant que nous avons la solution, parlons de la façon dont nous agirons dans la ville, suggéra Yvi.
Les autres acquiescèrent, ils se rapprochèrent les uns des autres pour se concerter.



mardi 7 avril 2009

Il était une fois - Episode 39


Chapitre 7 : Sur la route


– Nous ne devrions plus trop tarder à arriver à la ville ensanglantée, annonça l'oracle.
– Il faudrait mieux élaborer un plan, où du moins envisager ce qui pourrait arriver, suggéra Yvi.
– C'est une bonne idée, car là où les effectifs manquent la ruse peut compenser, approuva Piscis.
– Vous feriez mieux de répéter ce que vous racontez aux amoureux parce qu'ils ne vous écoutent pas, marmonna le lutin.
Libellule n'avait pas tort : Vérité et Ornella bavardaient à mi-voix, indifférents à leur entourage, tandis que Kinglion et Spiolys se dévoraient des yeux.
– Eh ! Nous décidons d' un plan ! clama le chevalier pour attirer leur attention.
Les deux couples levèrent la tête et entrèrent rapidement dans la conversation.
– Qu'est-ce que nous allons faire alors ? demanda immédiatement Vérité.
– Il serait utile de faire un petit récapitulatif sur les capacités et les limites de chacun, déclara Piscis.
– Bien, mais qui se charge de le faire ? demanda Louve.
– Je présume que cela va être à moi de le réaliser, répondit Yvi avant même que les regards de ses compagnons ne se posent sur elle.
– Pendant que vous récapitulez, je me replonge dans la Prophétie, déclara Pierrot.
– Dans ce cas, arrêtons les chevaux, ils sont fatigués, surtout le mien maintenant qu'il supporte le poids d'Itnaï en plus du mien, proposa le chevalier.
La fillette n'avait point voulu monter avec Pierrot parce qu'elle craignait fort de tomber alors que blottie dans les bras du chevalier, elle se sentait en sécurité. Ils s'arrêtèrent sur le bord de la route cendrée, attachant leurs chevaux à l'ombre d'un arbre tout noir. Les chevaux plongèrent la tête en avant et broutèrent l'herbe grise faute de mieux. Nos amis s'installèrent en cercle et Yvi commença le récapitulatif. Pierrot, légèrement en retrait, songeait à la prophétie. Yvi, avant de parler, regarda attentivement Itnaï qui venait de rejoindre leur petit groupe. Cette dernière affichait à peine une dizaine d'années malgré sa douzaine bien entamée. Il faut dire que ses grands yeux violets lui mangeaient le visage et que l'ample tunique informe fait d'un grossier tissu cachait ses maigres formes de pré-adolescente.
– Je ne connais pas vraiment Itnaï, mais il est indéniable qu'elle est courageuse et qu'elle est rusée, toutefois, elle est fragile physiquement.
Yvi porta son regard sur le chevalier auprès duquel Itnaï s'était assise. En se rappelant le visage ouvert qu'il avait au début du périple, elle remarqua que désormais celui-ci ne laissait plus transparaître la moindre émotion. De l'armure encombrante qu'il portait au début, il n'avait gardé que sa cotte de maille.
– Ton bras est fort et habile, mais tu manques de réflexion.
A côté du chevalier, Libellule attendait son tour, sa tête rousse ressortant comme une flamme dans l'herbe grise. Il cachait un demi sourire dans sa barbe. Toute son être respirait la joie de vivre.
– Tu as une bien grande bouche pour un si petit corps. La plaisanterie te vient facilement, comme la provocation, mais il faudrait qu'elle sache ne pas aller trop loin.
Yvi posa ensuite les yeux sur Vérité. Le troll, malgré ses poils calcinés, avait de l'allure. Ses yeux couleur marécage inspiraient la confiance et la sympathie.
– La violence parle et tu réponds avec parfois trop de promptitude. Tu sens les flux magiques et les interprètes, mais tu fuis devant une araignée.
Ornella, la tête posée contre l'épaule de Vérité, semblait perdue dans quelque mystérieuse rêverie.
– La richesse des formules que tu connais est considérable, mais est limitée par ta mémoire oublieuse.
Louve paressait non loin du couple. Sa fourrure grise se confondait avec l'herbe sèche malgré les quelques reflets roux de son pelage. Ses yeux noirs fixaient l'horizon en attendant le verdict.
– Ta voix magique est pratique, et les questions qu'elle te permet de poser sont précieuses, mais il faudrait parfois mettre en sourdine ta curiosité. Ta grand souplesse et ton agilité sont utiles au combat.
La robe blanche couturée de cicatrices de Piscis ressortait du paysage par sa blancheur et ses écailles rouges flashaient encore plus.
– Juste milieu entre la force et la ruse, tu n'excelles d'en aucun des domaines, mais réussis dans tous.

Au château Pouly encore les mêmes.
– Elle traîne Yvi pour faire son récapitulatif, déclara Ever qui baillait d'ennui.
– D'ailleurs pourquoi en faire un ? interrogea Several
– Vous avez vu comme mon fils travaille bien, coupa le garde.
– C'est pour exploiter lors du combat final les capacités de chacun, mais c'est vrai qu'elle pourrait accélérer le rythme, répondit Enial à l'intention de Several.
Les occupants de la pièce ne relevait plus les remarques du garde, car ce dernier ne faisait que s'extasier sur son fils.
– Discutons un peu en attendant qu'elle termine son bilan. Je reprendrai bien un peu de gâteau, passe-moi donc une part Ever, déclara Every.
Ils se détournèrent un instant du miroir et cherchèrent quelques vivres. Ils trouvèrent du cidre et quelques galettes de riz qui remplaceraient avantageusement le gâteau quand celui-ci serait fini. Fin prêts, ils revinrent au miroir. La même scène paisible les attendaient et ils soupirèrent avant de remarquer que derrière nos amis, les chevaux mutaient.


lundi 6 avril 2009

Soupirs



Nos soupirs ne sont que des désirs inaccomplis.


vendredi 3 avril 2009

Ô noble forêt !






Chêne centenaire, souple bouleau
Peuplier élégant, châtaignier majestueux
O noble forêt ! Que se passe-t-il sous tes branchages ?
Quels secrets sous la terre sont enfouis ?

Beauté verte, dame dangereuse, précieux cadeau.
Magnifique forêt, ne prend nul ombrage, caractère impétueux
De ce simple hommage. O noble forêt ! Nature si sauvage
Si belle, et si vivante sous ton ombre sans soucis.

Hêtre grandiose, saule en pleurs formant un ruisseau
Eau verte de feuilles, simple érable, sapin somptueux
O noble forêt ! Que se cache-t-il sous tes branchages ?
Quels mystères sous l'écorce sont endormis ?

jeudi 2 avril 2009

Il était une fois - Episode 38


Au château de Pouly, toujours les mêmes.

– C'était palpitant et voilà que cela redevient ennuyeux, maugréa Ever.
– Évidemment les devinettes étaient autrement plus amusantes que leur lente descente dans le château, approuva Several.
– Eh ! Vous avez vu là dans le coin, il y a l'araignée monstrueuse ! s'exclama Enial.
– Cela redevient intéressant, conclut Every.
– Je préfère quand ils s'embrassent moi, c'est plus joli comme spectacle que cet infâme machin noire et tout le sang rouge qu'ils vont faire couler pour se défendre, soupira Never.
– Pierrot les a tous surpris tout à l'heure pour la devinette, pensa tout haut le garde qui décidément ne parlait que pour faire l'éloge de son fils.
– Le chevalier frappe fort sur l'araignée, Piscis aussi. Les autres sont inactifs, ils semblent paralysés de terreur, dit Several entre deux châtaignes.
– Tu n'es pas obligé de faire les commentaires, nous avons des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, protesta Every.
– Nous n'entendrons rien si tu parles, ajouta Ever.
– Silence !!! cria Pouly que l'agitation avait réveillé, puis il s'adossa de nouveau à son mur, referma les yeux et replongea dans un profond sommeil.
– Allez, Piscis ! chuchota Ever.
– Vas-y le chevalier, que ton bras frappe fort ! murmura Enial.
– Allez, l'araignée ! susurra Several.
– Pourquoi encourages-tu l'araignée ? s'indigna Never.
– Parce qu'il ne restait plus qu'elle à encourager et je voulais moi aussi encourager quelqu'un, répondit Several pas le moins du monde gêné.
– Super ! Ils ont gagné ! s'écria Every.
Pouly ouvrit un oeil, le referma et se rendormit en ronflant.
– Mince ! A cause de Pouly, nous n’entendons plus rien, regretta Several.
– Ils n'ont l'air de ne rien faire de passionnant, ils se contentent de patauger de nouveau dans la boue, remarqua Enial.
– Vous avez vu la tête dégoûtée de Nyssa, c'est trop drôle, dit Ever.
– Comment va Nyssa ? demanda soudain une voix inquiète.
Sans même se détourner du miroir, les Skins devinèrent que c'était le chef suprême. Ils se redressèrent dans leur fauteuil, et d'un même geste ils secouèrent leurs habits pour se rendre plus présentables.
– Elle est juste horrifiée par la boue qui entache son visage, répondit Every.
– Bien, j'y vais, déclara le chef et il sortit aussi brusquement et silencieusement qu'il était entré.
– Ils ne vont plus vers l'est, on dirait qu'ils obliquent vers le sud, nota Never.
– A mon avis, ils essayent de retomber sur la rivière pour se débarrasser de leur crasse, suggéra Enial.
– Si seulement Pouly pouvait ronfler moins fort, ronchonna Several.
– Nous manquons tout ce qu'ils peuvent se dire d'intéressant ou de drôle, c'est râlant, ajouta Ever.
– Nous pourrions réveiller Pouly, proposa Never.
– Es-tu fou ? Il entrerait dans une colère noire... commença Every.
– ...et retomberait dans son sommeil en ronflant de plus belle sans doute, termina Several.
– Tiens, ils ont recroisé la rivière, constata Enial.
– Apparemment, ils décident de se laver, ce qui n'a pas l'air d'emballer Vérité, affirma Ever.
– Ce qui est dommage, c'est que vu la force du courant, ils vont juste s'asperger d'eau pour se débarrasser de leur crasse, déclara Never.
– Pourquoi « dommage » ? demanda Several.
– Réfléchis un peu, qui dit bain dit nudité, murmura Never.
– Si cela avait été le cas, j'aurais cessé d'animer l'image du miroir, déclara Enial en rougissant.
– Et voilà qu'Ornella nous refait un camp, mais elle est plus prudente que la première fois : elle se contente de quelques couvertures et d'une marmite de soupe. C'est à se demander pourquoi quand ils crevaient de faim elle ne l'a pas fait, sans doute l'avait-elle oublié, dit Every.
– Meuh non, stupide, Ornella ne sort pas de nulle part la nourriture, la première fois, elle les avait prises dans les vivres emportées du château, et là, elle utilise les vivres récupérées de l'auberge, contra Ever.
– S'ils vont dormir, nous allons pouvoir en profiter pour en faire de même, proposa Several.

(Fin du chapitre 6)


mercredi 1 avril 2009

Il était une fois - Episode 37


– Nous t'autorisons à parler, fit Piscis d'un ton sarcastique, toujours désireux de se venger de la créature.

– Encore heureux ! Bien, j'ai une jolie devinette pour le mois de septembre.
Le chevalier d'un pas lourd et hésitant se présenta devant le démon, l'appréhension se lisait sur son visage.
– C'est dans l'eau que tu bois, dans l'air que tu respires, dans le feu que tu vois, dans la terre que tu touches et dans la musique que tu entends, qu'est-ce que c'est ?
– Le feu, la terre, l'air et l'eau, c'est-à-dire les quatre éléments, répondit précipitamment le chevalier.
– Tu ne sais même pas compter, ricana le démon.
Le chevalier soupira et réfléchit, mais le vide régnait dans ce simple esprit. Soudain une voix résonna dans sa tête. Il ne la reconnut pas de suite, mais il écouta ses propos :
– Les cinq sens, c'est les cinq sens. Et ne t'en fais pas, seul toi peux m'entendre. Vite réponds, je suis sûre que c'est ça.
– Les cinq sens, dit tout haut le chevalier après avoir reconnu la voix de Louve.
– Non, ce n'est pas la bonne réponse, contra le démon.
– Pourtant, elle est exacte. Tu pouvais refuser mai comme mois du printemps puisque cette définition s'appliquait à d'autres mois, mais là tu ne peux pas, protesta Yvi avec force.
– Je me plaindra à l'inventeur de cette devinette, en attendant ce n'est pas la bonne réponse et comme vous ferait remarquer ce bon et bête chevalier, « on perd du temps », se moqua le démon.
Il y eut un bref silence. Yvi qui savait déjà la « vraie » réponse tapait du pied, autant énervée qu'inquiète.
– Tic tac, tic tac.
Le chevalier, la tête désespérément creuse, se tourna légèrement vers Louve. Celle-ci semblait réfléchir aussi. Le chevalier guettait dans son esprit l'apparition de la voix, mais les secondes mouraient les unes après les autres. L'angoisse était à son comble quand Louve se fit entendre dans la tête du chevalier :
– C'est la vie.
– C'est la vie, répéta le chevalier.
Le démon sursauta, il avait cru que celui-la échouerait et voilà qu'il réussissait. Il s'énerva et accéléra le rythme :
– Lys, à toi. Mon premier est la clé de la terre,
Mon deuxième est l'orage carré,
Mon troisième est la noirceur des âmes,
Mon quatrième est un état désagréable,
Et mon tout forme 4 mots sans lien.
– La clé des champs ? demanda Spiolys.
– Mauvaise réponse, encore deux essais, murmura laconiquement le démon qui se lassait de son rôle.
– La clé de sol, la rage... commença Spiolys.
– ...Continues, c'est ça et vite !
– Les ténèbres et la mort, termina Spiolys
– Parfait. Louve, quelle est la question que tu n'as jamais voulu poser ?
– Si je te la disais, je mentirai à la définition de cette question. Ta question n'a donc point de réponse, répondit Louve sans hésiter.
– La dernière question, enfin. J'en ai assez ! Tiens, mais il n'y en a pas, juste une phrase écrite de la main du maître dirait-on, s'étonna le démon.
– Lis-la donc si tu es pressé ! cria Piscis, toujours en colère contre l'affreux personnage.
– Itnaï, si jamais le jeu arrive jusqu'à toi, pour te remercier d'avoir si bien servi ma cause même si tu étais trompée, je t'épargne une simple devinette pour payer la dette que j'ai envers toi, lut le démon et il disparut en fumée à peine avait-il terminé la phrase.
Il devait rapporter au plus vite son échec à son maître.