mercredi 24 décembre 2008

Poème de circonstance

Un petit poème de Noël en ce mercredi, voilà qui n'est guère surprenant. J'en profite pour prévenir que je ne posterai pas du 25 décembre au 31 décembre, mais je serai de retour le 1er janvier avec un nouvel épisode de "Il était une fois" !

NOEL
Le sapin, sous tous les yeux étale sa splendeur,
Il brille de mille feux paré par mille couleurs.
Le sapin offre à tous le parfum délicat de sa senteur,
Tandis qu'à son pied dorment des cadeaux venant du coeur,
Du coeur des gens qui s'aiment, qui désirent offrir du plaisir.
Voilà le grand jour, tout le monde se réunit avec le sourire,
Et bientôt, des papiers froissés couvrent le sol. Un nouveau souvenir,
Pour un autre noël, maintenant il faudra attendre le prochain...(soupir)

Joyeux Noël !

mardi 23 décembre 2008

Et si...


L'idée de ce mardi est née grâce à un pingouin aux pantoufles roses et à la phrase "Et si on mettait Paris en bouteille..."

Coraline, malgré ses 22 ans, aime les livres pour enfants, et elle aime particulièrement l'histoire du pingouin aux pantoufles roses. Elle est amie avec Charles, un jeune inventeur de 29 ans qui crée toujours de drôles de machines et qui a la sale manie de lui téléphoner aux alentours d'une heure du matin pour lui parler de ses projets.
Il y a cinq ans de cela, Coraline a été renversé dans une fontaine par Cancan3, un canard mécanique qui a foncé sur elle comme un boulet de canon. C'est ainsi qu'elle a rencontré Charles et qu'ils sont devenus amis.
La nouvelle invention de Charles, c'est une machine capable d'enregistrer les possibilités d'une journée après qu'elle se soit écoulée ; celles-ci seraient en fait enregistrées dans notre cerveau et seraient à même d'être transcrites et vues comme un film.
Coraline est devenue le cobaye de Charles d'assez mauvaise grâce : se faire hypnotiser par un écran de veille "pendule" et avoir des ventouses sur la tête dans un appartement en bordel où Albert le rat se promène en toute liberté, ce n'est pas vraiment plaisant.
Réflexion sur la destinée, sur les choix multiples offerts à l'être humain, l'histoire de Coraline et Charles, est aussi l'occasion de réfléchir sur l'amitié, l'intimité et la peur du changement. Tout ça, sur un ton léger et humoristique, bien sûr.
Ce qui est en effet dévoilé au cours des expériences de Charles sur les possibilités de la vie de Coraline, c'est la naissance d'un amour entre elle et Charles... possibilité que Charles cachera en censurant les images compromettantes révélées par les ondes cérébrales de Coraline.

Cependant, tout se découvre, et je vous laisse imaginer les possibilités...

lundi 22 décembre 2008

Linéarité


La linéarité casse la douceur et la grandeur de l'instant où mille petites choses se déroulent en même temps.


Pour prendre en compte les multiples commentaires, en ce mardi 23 décembre, voici une version modifiée de la phrase:

La linéarité d'un texte casse la douceur et la grandeur de l'instant où mille petites choses se déroulent en même temps.



vendredi 19 décembre 2008

Pin de lumière



Le pin vit :
Ses aiguilles
Scintillent
Après la pluie.

On dirait qu'une
Fée est passée
Et a déposé
De la poussière de lune :

Gouttes de lumière
Tombées sur la terre
Dans les branches du pin
Du fond du jardin.

Cécile


jeudi 18 décembre 2008

Il était une fois - Episode 12


Les six amis avaient déjà parcouru plusieurs kilomètres quand Vérité tira brutalement sur les rênes de son cheval. Son visage s'éclaira, et les yeux brillants d'espoir, il tourna bride. Les autres, étonnés, se demandèrent ce qu'il lui arrivait, mais ils le suivirent, ou plus exactement essayèrent de le rattraper. En peu de temps dans une cavalcade effrénée, ils furent retournés à l'ancien campement. Là, ils constatèrent avec surprise que le corps du géant avait disparu. Un crapaud croassa. Et derrière un bosquet d'arbres noirs, sortirent Ornella et Nyssa. Libellule était perché sur l'épaule de l'elfette et semblait vaguement malade. Les compagnons étaient de nouveau neuf. Les questions fusèrent.
– Comment vous en êtes-vous sortis ?
– Qu'est-ce qui s'est passé ?
– Pourquoi ne répondiez-vous pas ?
– On a cru que vous étiez morts, par quel miracle êtes-vous là?
– Vous n'êtes pas des fantômes au moins...
– Doucement, on va vous raconter, coupa Ornella qui, depuis cinq bonnes minutes, cherchait à placer un mot.
– Allez-y, on écoute maintenant, dit Yvi.
– Nous étions assommées Nyssa et moi, mais j'avais, avant de partir à l'aventure, prévu un charme de protection sur ma personne qui se déclencherait automatiquement. C'est un sort plutôt imprévisible et il s'est contenté de faire disparaître la terre sous moi. Par chance, Nyssa était au même endroit. Nous avons mis du temps à reprendre nos esprits, et après, nous étions bloquées sous le géant. Mon charme automatique avait en effet utilisé mes ressources magiques. Quand j'ai enfin pu me servir de la magie, j'ai transformé cette masse immense en crapaud de petite taille, et croyez-moi, ce n'était pas une mince affaire.
– Et Libellule ? interrogea Kinglion.
– Nyssa va vous expliquer cela, car Libellule est encore faible et relativement choqué par l'aventure, répondit Ornella.
– Mais, pourquoi moi ? Enfin... Libellule s'est trouvé dans un creux naturel du terrain, mais il manquait d'air sous cette espèce de monstre. Aussi quand nous l'avons découvert Ornella et moi, il était au bord de l'asphyxie. Heureusement, je suis ce qu'on appelle une elfe guérisseuse. J'ai donc insufflé le souffle de la vie à Libellule, expliqua Nyssa en agitant les mains.
–Tout va bien Libellule ? s'inquiéta Vérité.
– Peut mieux faire, murmura le lutin.
– Qu'est-ce qui vous a décidé à revenir en arrière ? demanda tout à coup Ornella.
Cinq regards pleins de curiosité se dirigèrent vers le troll. Ornella, Nyssa et Libellule suivirent le mouvement et se mirent aussi à fixer Vérité. Celui-ci prit un air embarrassé, et haussa les épaules. Puis, voyant que ses amis attendaient toujours, il finit par répondre.
– Je suis capable de sentir les flux magiques. Or, dans le coin, il n'y avait qu'Ornella qui faisait de la magie... enfin j'ai espéré que c'était elle... et pour m'en assurer, je suis retourné voir.
– Tu aurais pu nous prévenir et nous expliquer plutôt que de partir au galop tout de même, protesta le chevalier.
– Nous étions très inquiets, ajouta Piscis.
– Enfin l'important, c'est que nous soyons tous réunis, tempéra Yvi.
Peut-être aurait-elle mieux fait de se taire... ou peut-être n'aurait-ce rien changé. En tout cas, le mal fâché que sa première attaque n'ait pas eu le résultat escompté, en lança une autre avec un rire inévitablement démoniaque. Il avait décidé qu'il ne laisserait plus de repos à ces mois qui pouvaient provoquer sa chute ! Le sol trembla violemment, et des murs en sortirent, séparant nos amis. Ce n'étaient pas seulement des murs séparateurs, ce n'était pas une simple prison, c'était un véritable labyrinthe qui avait émergé du sol.

mercredi 17 décembre 2008

Bientôt Noël !


En cette période de Noël, en feuilletant dans le dictionnaire des mots inventés, je suis tombée sur le verbe


NOËLLER (V.) : Être dans les préparatifs de Noël jusqu'au cou.


mardi 16 décembre 2008

Alza ou les aventures du livre


Alza, c'est un drôle de prénom pour une adolescente, mais voilà, on ne choisit pas. Les parents sont les responsables et, s'ils ont décidé de prendre les premières lettres de quatre mots choisis au hasard dans une liste dressée par leurs soins, eh bien, on ne peut rien faire. A.L.Z.A. ou Amande Luth Zora Auteur.
On ne peut rien faire non plus si ses parents sont de grands voyageurs qui ont décidé que le jour des quinze ans de leur fille, ils repartiraient en quête d'aventures la laissant se débrouiller seule à la maison. Quant à savoir, si on est responsable d'avoir un caractère taciturne et solitaire, c'est une autre histoire. Seulement, voilà, Alza l'était, aussi était-elle en marge au collège. Pendant la récréation, elle lisait. Parfois même, elle écrivait. Les livres étaient une vraie passion chez elle, car il lui permettait d'échapper à une réalité tour à tour ennuyeuse et difficile.


Résister à la tentation de ne pas se rendre au collège en l'absence de ses parents, était extrêmement dur, mais Alza ne manquait pas de courage et s'y rendait fidèlement. Et c'est ainsi que sur le chemin du retour de l'école, elle découvrit un livre abandonné sous un banc. Son regard avait été attiré par les stries dorées de la couverture alors qu'elle était en train de renouer son lacet. Elle n'avait pu s'empêcher de le ramasser et avait décidé en son for intérieur que son propriétaire ne le méritait pas. Elle l'avait ensuite ramené chez elle et avait délicatement nettoyé sa couverture. Elle le lirait plus tard dans la soirée après avoir fait ses devoirs.

A vingt-et-une heures, confortablement installée au fond de son lit, Alza ouvrit le mystérieux livre. Le titre ainsi que le nom de l'auteur étaient masqués par une tache d'encre. Décidemment le propriétaire originel du livre était peu soigneux ! Elle tourna la page et lut ceci :
Cher lecteur, chère lectrice, pour entrer dans ce monde n'oubliez pas de prononcer le mot "Shazamsésame"
Machinalement, comme malgré elle, Alza répéta à mi-voix les mots, puis lut la phrase suivante :
Le soleil tapait fort ce jour-là quand elle fit son apparition...
Et soudain Alza se retrouva en plein soleil, près d'un lac. Son corps était traversé de curieux picotements. Elle regarda son reflet et vit qu'elle avait changé. Sa chemise de nuit préférée s'était transformée en robe verte qui épousait ses maigres formes d'adolescente et son visage était devenu tout lisse. Alza était entré dans le livre.

Ceci n'est évidemment que le début de l'histoire, l'idée étant de faire vivre tout un tas d'aventures à Alza dans le monde du livre. Quant à la fin, toutes les routes sont ouvertes, mais vous pouvez être certains que le livre à la couverture aux stries dorées se retrouvera sous un autre banc pour permettre à quelqu'un d'autre de vivre à son tour d'étranges aventures...


vendredi 12 décembre 2008

Saisons


Printemps, saison du doux soleil, temps des amours
Qui fleurissent, qui s'ouvrent telles des fleurs,
Dévoilant aux yeux du ciel leur doux coeur,
Leur ardeur, après de nombreux jours,
Car, dans la chaleur de l'été,
Tout est permis, rien est joué,
Mais l'automne déjà
Vient ternir cela.
Morne saison :
C'est l'hiver,
Amer,
Mort.


jeudi 11 décembre 2008

Il était une fois - Episode 11


– Un cauchemar terrible ! dirent d'une seule voix le chevalier, le centaure, l'oracle et le lutin.

– Vous en faites du bruit pour un mauvais rêve, protesta Kinglion.
– Allons voir chez les filles, si tout va bien, proposa Vérité.
Ils se levèrent et sortirent de leur tente pour entrer dans l'autre. Vérité resta légèrement en retrait, gêné. Nyssa était en larmes. Yvi paraissait bouleversée. Ornella gémissait doucement. D'ailleurs, à bien y regarder, les compagnons de Vérité n'avaient pas l'air en forme non plus : Libellule tremblait, le chevalier avait les yeux rougis, le centaure respirait par saccades et Pierrot semblait perdu.
– J'ai fait un horrible cauchemar, pleurnicha Nyssa.
– Pareil, dit calmement Yvi qui était encore toute blanche.
– C'était affreux, murmura Ornella d'une voix étranglée.
– Allez, rassurez-vous, vous êtes de retour dans la réalité, finis les cauchemars, affirma Vérité.
Au moment même où il prononça ses mots, la tente fut soulevée, et la terre trembla. Sous les yeux ébahis de nos amis, un géant à l'allure monstrueuse apparut et tenta d'écraser Libellule. Alors les évènements se précipitèrent. Une nuée d'insectes rouges se jeta sur Piscis. Ornella devint comme folle et se mit à taper sur Nyssa. Le chevalier prit la fuite de toutes ses jambes. Vérité se vit encerclé par des araignées noires, grosses comme une main, qui se déplaçaient à une vitesse incroyable. Pierrot perdit la vue et Yvi se mit à vieillir à tout allure. Seul Kinglion n'était pas inquiété, aussi, voyant le désastre qui se produisait sous ses yeux, il réagit à la vitesse de l'éclair. Il assomma d'un coup de patte Ornella et Nyssa. Il rattrapa le chevalier en fuite et le frappa. Il s'occupa ensuite de tuer des araignées pour que le troll soit libre. Vérité se précipita alors sur le géant et commença à grimper sur sa jambe afin de l'empêcher d'aplatir le lutin. Les araignées le suivirent, perturbant un peu plus le géant. Kinglion s'occupa enfin de Piscis qu'une nuée impressionnante d'insectes entourait. Chaque insecte collée sur la robe blanche du centaure ressemblait à une tache de sang. Tout à coup, le géant perdit l'équilibre et tomba sur Libellule, Nyssa et Ornella. Tous les malheurs étaient arrivés avec le géant et à sa chute, ils disparurent. Seul le géant demeura, affalé de tout son long. Cependant, le retour au calme ne soulagea pas vraiment nos amis. Le centaure saignait à plusieurs endroits de sa partie chevaline, et le troll ne pouvait s'arrêter de frissonner comme si les araignées le touchaient encore. Yvi pleurait silencieusement tandis que Kinglion reprenait son souffle. Enfin, ils regardèrent le corps du géant. Trois d'entre eux, étaient-ils morts ?
– Il faudrait soulever le géant, dit Vérité sans cesser de trembler.
Etait-il possible qu'Ornella n'ait pas survécu ?
– Infaisable ! s'exclama Kinglion l'air épuisé.
– On n'est pas assez fort pour cela. Il faut être réaliste, ajouta le centaure.
– Non, on doit essayer quand même. Avec un levier peut-être? suggéra le chevalier qui avait reprit ses esprits et qui voulait laver la honte que lui procurait sa fuite.
– Il n'y a pas une seule branche solide sur ses arbres noircis, contra Yvi qui sanglotait toujours.
– Les astres sont obscurs, et leurs fils de vie ne sont plus visibles. Ceci dit, ils sont peut-être encore en vie, annonça Pierrot avec un calme étonnant.
– Combien peut-il peser ce géant ? interrogea le chevalier.
– Dans les une ou deux tonnes sans doute, murmura Yvi.
– Il y avait peut-être des creux dans le terrain, dit Vérité.
– Nyssa et Ornella étaient sur un monticule, je m'en souviens, intervint Kinglion.
– Alors, on tente quelque chose ? proposa le chevalier. S'ils sont vivants, ils doivent manquer d'air là-dessous.
– On pourrait peut-être soulever un bras de ce tas de chair, répondit Vérité visiblement triste.
Les compères firent un essai sur l'un des bras, mais ils purent seulement le faire bouger légèrement. Il firent le tour du géant, cherchant sans succès le meilleur endroit pour le soulever. Ils appelèrent Libellule, Nyssa et Ornella, puis collèrent l'oreille tout contre le géant dans l'espoir d'entendre une réponse, mais en vain. Ils ne surent jamais combien de temps, ils restèrent là, à tenter de déplacer la montagne de chair.
Finalement l'âme en peine, ils se décidèrent à abandonner les lieux. Si leurs compagnons avaient été vivants, il y a longtemps qu'ils se seraient manifestés. La mort dans l'âme, ils rassemblèrent leurs affaires et préparèrent leur départ. Et puis, il fallut vraiment partir. Nos héros, désormais réduit au nombre de six, s'éloignèrent, non sans que Vérité ait jeté un dernier regard en arrière.


mercredi 10 décembre 2008

Enflumer


Tous les mots existants (ou ayant existé comme "linger" ou "bouer" ) sont refoulés sans pitié, car le dictionnaire des mots inventés se doit de comporter des mots uniques. Ainsi, voici un nouveau verbe.

ENFLUMER (V.) :
1. Populaire. En faire voir de toutes les couleurs à une enflure.
2. Littéraire. Se dit des nuages quand ils recouvrent le ciel.


mardi 9 décembre 2008

En voie de disparition !


Nous sommes en l'an 3056, l'être humain tel que nous le connaissons aujourd'hui est une espèce en danger. Les hommes se sont en effet mêlés à des extraterrestres et sont parvenus à procréer, entraînant au cours des siècles la quasi disparition de l'humain à proprement dit. Il ne reste à présent plus qu'une vingtaine d'êtres humains au sang pur.

Malheureusement pour eux, des gens haut placés ont décrété que la vieille race humaine ne devait pas disparaître. Aussi sont-ils renvoyés sur Terre, dans un coin de planète nettoyée spécialement pour eux, afin de concevoir des enfants.

Sur ce postulat, l'idée est d'évoquer un petit groupe de gens réunis contre leur volonté et obligés de former des couples malgré les différences d'âge et de caractère et aux détriments de leurs sentiments.
Ainsi, une des femmes serait en couple avec un extraterrestre avant la décision gouvernementale et un des couples formé par le gouvernement aurait quinze ans de différence, en raison de l'impossibilité de faire uniquement des paires d'âges similaires.


lundi 8 décembre 2008

Répétitions ?


Les répétitions sont des variations de l'identique ou de précieuses traditions.


vendredi 5 décembre 2008

La toile du ciel


Sur la toile du ciel, toutes les couleurs se fondent,

Longs voiles colorés s'étirant, pâlissant,
Et puis disparaissant dans les plis du temps,
Comme une eau où l'on troublerait l'onde.

Orange flamboyant, brûlant l'océan du ciel,
Puis tendre rose rougissant de la mort du soleil,
Rose s'éteignant dans un violet bleuté,
Où le temps ajoute une pointe de noire nuit,
Et y peint quelques étoiles, taches argentées.
Lentement, tout s'éclaircit, et voilà le ciel gris.

Une nouvelle aurore enflamme de vie les cieux,
Eblouissantes couleurs qui se fondent en bleu,
Alors se dessinent des troupeaux de nuages,
Moutons dociles du vent dans le bleu paysage.
Le temps change sans cesse le tableau commencé
Et à jamais le ciel reste un chef d'oeuvre inachevé.

Cécile


jeudi 4 décembre 2008

Il était une fois - Episode 10


A cet instant précis, un événement curieux se produisit. Vérité, ce troll de deux mètres de haut au poil épais, regarda avec un attendrissement évident la jeune femme pâle et évanouie qu'il portait dans ses bras. Puis, il l'amena avec moult précaution dans une tente. Les autres comprirent qu'ils briseraient quelque chose en intervenant, aussi se dirigèrent-ils vers la soupe fumante et se mirent calmement à manger, laissant Vérite s'occuper d'Ornella. Seul Libellule, plein de curiosité, alla jeter un coup d'œil dans la tente. Et voici ce qu'il vit : le grand troll penché sur la jeune femme d'une pâleur inquiétante lui murmurait de tendres mots. Elle était magnifique avec ses cheveux bruns éparpillés sur l'oreiller, ses paupières closes où des larmes perlaient et ses lèvres entrouvertes semblables à des pétales de roses. La large patte du troll emprisonnait la fine et gracieuse main de la jeune fille. Libellule se sentit voyeur, mais sa curiosité le maintenait enraciné au sol. Et il serait sûrement resté planté là, si le troll ne l'avait pas remarqué. A regret, Vérité sortit de la tente, ramassa le curieux et rejoignit les autres qui mangeaient, non sans avoir menacé le lutin.

– Tu n'as pas intérêt à raconter une miette de ce que tu as vu, sinon je t'écrase comme une mouche, ou plutôt comme une libellule.

La soupe finie, la compagnie organisa les tours de gardes. Seulement, comme le ciel était désormais gris et immobile, savoir l'heure était du domaine de l'impossible. Vérité décida qu'un tour de garde durerait autant de temps que celui qui ne dormait pas, ne sentait pas le sommeil qui l'emportait. Tous acceptèrent et chacun alla dormir, à l'exception de Vérité qui avait pris le premier tour de garde. Les filles se glissèrent dans une tente, et les mâles dans l'autre. Dès qu'ils eurent posé la tête sur l'oreiller, ils sombrèrent dans le sommeil. Cependant, s'ils n'eurent pas de problèmes pour s'endormir, le sommeil fut agité. Effectivement, le mal rôdait dans les parages, et il décida de commencer la bataille contre les douze mois. Alors que nos amis dormaient profondément, le mal s'infiltra sournoisement dans leurs esprits et y découvrit leur plus grand cauchemar. Puis, après un rire inévitablement sardonique (mais inaudible), il projeta les cauchemars dans la tête de nos amis et s'arrangea pour qu'ils soient encore plus terribles que dans l'imagination de nos héros.

Libellule se mit à rêver qu'il vivait dans un monde où il n'était pas plus grand qu'un grain de sable par rapport aux humains. Il était sur une belle plage de sable blanc et tout allait bien, quand tout à coup, des pieds énormes arrivèrent. Il voulut s'éloigner pour éviter les pieds, mais ils en venaient toujours plus et malgré sa fuite éperdue, il finit par se jeter sous un pied en cherchant à échapper à un autre. Le pied se posa d'un coup sec sur le sol écrasant de son poids énorme le pauvre lutin. Dans un cri, Libellule se réveilla. Mais revenons en arrière, car, chaque cauchemar se déroula au même moment. Ainsi, Yvi rêva que ses rides se propageaient, que son corps se tassait et qu'elle mourrait de vieillesse. Elle vit alors son corps se décomposer lentement - horrible spectacle dont les détails ne sont pas à raconter. Yvi hurla et son cri se confondit avec celui du chevalier qui avait rêvé de batailles. Courageux, presque téméraire, il avait tendance à se jeter dans le combat avec une bravoure sans pareille. Et voilà que brusquement au beau milieu de son sommeil, il devint un pleutre vantard. Ses camarades croyant qu'il était un héros, car il se vantait à tort et à travers d'exploits imaginaires, lui confièrent un haut poste de commandant lors d'une bataille. Mais juste au moment de se lancer dans la mêlée, le chevalier se défila lâchement, abandonnant à leur triste sort ses camarades qui lui jetèrent des regards pleins de haine. Nyssa aussi fut choquée par son cauchemar. Elle commença par rêver d'un décor idyllique où elle était habillée comme une reine et adulée par l'elfe de son coeur, puis l'image se troubla : les vêtements devinrent des haillons, ses courts cheveux roses tombèrent, son visage s'enlaidit, et tous l'abandonnèrent. Pendant ce temps, Pierrot qui avait le don de lire l'avenir écrit dans les astres, de comprendre la destinée et de voir à travers les êtres, rêva pour sa plus grande horreur que ses facultés lui échappaient. Il ne voyait plus dans le ciel que de simples constellations et non les mots de demain. Les voies du destin devinrent impénétrables, il ne pouvait plus distinguer la trame de la destinée. Il était comme aveugle. Il était un simple petit garçon sans don particulier, un futur garde des prisons d'un château minable. Son hurlement se mêla au cri d'angoisse d'Ornella qui, au lieu de soigner les enfants blessés dans son laboratoire, les marquaient au fer rouge, juste à l'endroit où ils s'étaient fait mal. Et elle avait le sourire aux lèvres. Quant à Piscis, c'est en hoquetant et non en criant qu'il se réveilla. Il avait en effet rêvé que les écailles de poisson qui recouvraient sa moitié humaine, atteignaient sa partie chevaline. Il galopait joyeusement dans l'herbe entouré de papillons quand sa robe blanche s'était couverte d'écailles rouges et brûlantes qui le démangeaient atrocement. Il s'était alors transformé complètement en poisson et s'était mis à suffoquer : il ne pouvait pas respirer l'air avec ses branchies. Tous les compagnons se réveillèrent donc en même temps, même Kinglion que le mal n'avait pas réussi à faire véritablement cauchemarder, car Kinglion n'avait peur de rien. Il était déjà maudit après tout, déjà condamné à un cauchemar auquel il s'était résigné. Quand à Vérité, bien qu'il ait été poussé par le mal à s'endormir, il n'avait pas cédé au sommeil. Aussi était-il bien réveillé quand il entendit les cris de souffrances qui s'échappaient des tentes. Il n'osa pas entrer dans la tente des filles, mais ouvrit en grand celle de ses compagnons.
– Qu'est-ce qui se passe ? Des araignées ? demanda Vérité.

mercredi 3 décembre 2008

Sketch


Un jeune homme :

– Ô grandiose, ô éternel
Un homme :
– Tais-toi ! Recommence à zéro !
Un jeune homme :
– Bein, qu'est-ce qui va pas ?
Un homme :
– Il faut plus d'emphase, tu comprends, plus de panache !
Un jeune homme :
– Ô grandiose, ô éternelllllll
Un homme :
– Non ! Non ! Et non, ça ne va pas ! Je vais te la faire moi :
Ô grandiose ! Ô Eternel !
Quelqu'un tout au fond de salle :
– Avec tous ces l, ça doit être l'éternel féminin)
Un homme :
– Tu vois la différence ?
Un jeune homme :
– Non, je ne vois pas.
Un homme :
– Inculte, barbare, dehors !!!

(bruit de portes qui se ferment)
(soupirs)
(l'homme mange son chapeau)

Quelqu'un tout au fond de salle :
– Chapeau !

(bruits de porte qui s'ouvre, une jeune fille entre)
(l'homme remet ce qui lui reste de chapeau sur la tête)

Une jeune fille :
– Je viens pour le rôle de Mélisande.
Un homme :
– Bien, bien. Entre, et lis-donc la réplique de Mélisande de l'acte 100 de la scène 1000
Une jeune fille :
– Mélisande n'apparaît pas dans cette scène, monsieur.
Un homme :
– Ah, oui, pardon, la scène 1003.
Une jeune fille :
– Je ne voudrais pour rien au monde jouer un tel rôle.

(silence)

Un homme :
– C'est plat, c'est mou, c'est vide.
Une jeune fille :
– Je vais la refaire...
Un homme :
– Allez-y.
Une jeune fille :
– Je ne voudrais pour rien au monde jouer un tel rôle.
Un homme :
– C'est plat, c'est mou, c'est vide.
Une jeune fille :
– Je vais la refaire...
Un homme :
– Allez-y.
Une jeune fille :
– JE NE VOUDRAIS POUR RIEN AU MONDE JOUER UN TEL ROLE.
Un homme :
– C'est trop fort.
Une jeune fille :
– Vous aimez ?
Un homme :
– NON ! Je veux dire que vous avez parlé trop FORT !!
Une jeune fille :
– Je vais la refaire...
Un homme :
– Allez-y. Mais c'est la dernière fois.
Une jeune fille :
– Je voudrais tellement jouer ce rôle.
Un homme :
– Mais ma pauvre fille, vous ne savez même pas lire correctement une réplique !!
Une jeune fille :
– Mais monsieur, je voulais juste dire que je voulais vraiment jouer le rôle de Mélisande...
Un homme :
– Non ! Non ! Dehors !

(bruits de porte qui se ferme)
(l'homme achève de manger son chapeau)

Quelqu'un tout au fond de salle :
– Chapeau !

(bruits de porte qui s'ouvre, un homme, un autre entre)
(l'homme met un autre chapeau)

Un homme, un autre :
– Pardon, je viens pour jouer le rôle de celui qui recrute.
Un homme :
– Bien, entrez. Lisez donc la réplique de l'Acte 1, scène 3
Un homme, un autre :
– Tais-toi !
Un homme :
– Enfin, ce n'est pas une façon de me parler. Il faut me vouvoyer et puis d'abord, c'est moi qui recrute ici, alors pas de blagues !
Un homme, un autre :
– Monsieur, permettez-moi de vous faire remarquer que je suis ici pour jouer le rôle du recruteur...
Un homme :
– Mais c'est moi qui recrute...

(bruits épouvantables, un homme avec un cigare entre)

L'homme au cigare :
– Allez, virez-moi ces deux là, ils jouent mal.

(rideau)


mardi 2 décembre 2008

Neuf morts


On dit toujours que le chat a neuf vies. Et si l'être humain avait neuf morts possibles ? L'idée est de composer 9 récits liés (ou non) entre eux sur ce thème. Tout est une question de croyances au fond. Où va-t-on après la vie ?


Au paradis où on l'on gagne des ailes.
En enfer où les flammes ne cessent de brûler.
Au purgatoire où la réflexion règne.

Sur terre, réincarné en plante ou en animal, ou de nouveau en être humain.
Sur terre, réincarné en victime si l'on était bourreau, en bourreau si l'on était victime.
Sur terre, en tant que fantôme, pour peu qu'on ait encore quelque chose à accomplir ou qu'on s'accroche trop à la vie pour la quitter tout à fait.

Dans le néant où la conscience sombre et où les problèmes cessent, faute d'exister.
Dans le monde des âmes où les êtres qui pensaient avoir une âme, mais qui ne croyaient pas au reste, se retrouvent.
Un autre endroit qu'il est impossible d'imaginer, mais que l'on se plaît à inventer.


lundi 1 décembre 2008

Humains


Humains : mi-anges, mi-démons, pleins de douceur et de perversion.