mercredi 24 décembre 2008

Poème de circonstance

Un petit poème de Noël en ce mercredi, voilà qui n'est guère surprenant. J'en profite pour prévenir que je ne posterai pas du 25 décembre au 31 décembre, mais je serai de retour le 1er janvier avec un nouvel épisode de "Il était une fois" !

NOEL
Le sapin, sous tous les yeux étale sa splendeur,
Il brille de mille feux paré par mille couleurs.
Le sapin offre à tous le parfum délicat de sa senteur,
Tandis qu'à son pied dorment des cadeaux venant du coeur,
Du coeur des gens qui s'aiment, qui désirent offrir du plaisir.
Voilà le grand jour, tout le monde se réunit avec le sourire,
Et bientôt, des papiers froissés couvrent le sol. Un nouveau souvenir,
Pour un autre noël, maintenant il faudra attendre le prochain...(soupir)

Joyeux Noël !

mardi 23 décembre 2008

Et si...


L'idée de ce mardi est née grâce à un pingouin aux pantoufles roses et à la phrase "Et si on mettait Paris en bouteille..."

Coraline, malgré ses 22 ans, aime les livres pour enfants, et elle aime particulièrement l'histoire du pingouin aux pantoufles roses. Elle est amie avec Charles, un jeune inventeur de 29 ans qui crée toujours de drôles de machines et qui a la sale manie de lui téléphoner aux alentours d'une heure du matin pour lui parler de ses projets.
Il y a cinq ans de cela, Coraline a été renversé dans une fontaine par Cancan3, un canard mécanique qui a foncé sur elle comme un boulet de canon. C'est ainsi qu'elle a rencontré Charles et qu'ils sont devenus amis.
La nouvelle invention de Charles, c'est une machine capable d'enregistrer les possibilités d'une journée après qu'elle se soit écoulée ; celles-ci seraient en fait enregistrées dans notre cerveau et seraient à même d'être transcrites et vues comme un film.
Coraline est devenue le cobaye de Charles d'assez mauvaise grâce : se faire hypnotiser par un écran de veille "pendule" et avoir des ventouses sur la tête dans un appartement en bordel où Albert le rat se promène en toute liberté, ce n'est pas vraiment plaisant.
Réflexion sur la destinée, sur les choix multiples offerts à l'être humain, l'histoire de Coraline et Charles, est aussi l'occasion de réfléchir sur l'amitié, l'intimité et la peur du changement. Tout ça, sur un ton léger et humoristique, bien sûr.
Ce qui est en effet dévoilé au cours des expériences de Charles sur les possibilités de la vie de Coraline, c'est la naissance d'un amour entre elle et Charles... possibilité que Charles cachera en censurant les images compromettantes révélées par les ondes cérébrales de Coraline.

Cependant, tout se découvre, et je vous laisse imaginer les possibilités...

lundi 22 décembre 2008

Linéarité


La linéarité casse la douceur et la grandeur de l'instant où mille petites choses se déroulent en même temps.


Pour prendre en compte les multiples commentaires, en ce mardi 23 décembre, voici une version modifiée de la phrase:

La linéarité d'un texte casse la douceur et la grandeur de l'instant où mille petites choses se déroulent en même temps.



vendredi 19 décembre 2008

Pin de lumière



Le pin vit :
Ses aiguilles
Scintillent
Après la pluie.

On dirait qu'une
Fée est passée
Et a déposé
De la poussière de lune :

Gouttes de lumière
Tombées sur la terre
Dans les branches du pin
Du fond du jardin.

Cécile


jeudi 18 décembre 2008

Il était une fois - Episode 12


Les six amis avaient déjà parcouru plusieurs kilomètres quand Vérité tira brutalement sur les rênes de son cheval. Son visage s'éclaira, et les yeux brillants d'espoir, il tourna bride. Les autres, étonnés, se demandèrent ce qu'il lui arrivait, mais ils le suivirent, ou plus exactement essayèrent de le rattraper. En peu de temps dans une cavalcade effrénée, ils furent retournés à l'ancien campement. Là, ils constatèrent avec surprise que le corps du géant avait disparu. Un crapaud croassa. Et derrière un bosquet d'arbres noirs, sortirent Ornella et Nyssa. Libellule était perché sur l'épaule de l'elfette et semblait vaguement malade. Les compagnons étaient de nouveau neuf. Les questions fusèrent.
– Comment vous en êtes-vous sortis ?
– Qu'est-ce qui s'est passé ?
– Pourquoi ne répondiez-vous pas ?
– On a cru que vous étiez morts, par quel miracle êtes-vous là?
– Vous n'êtes pas des fantômes au moins...
– Doucement, on va vous raconter, coupa Ornella qui, depuis cinq bonnes minutes, cherchait à placer un mot.
– Allez-y, on écoute maintenant, dit Yvi.
– Nous étions assommées Nyssa et moi, mais j'avais, avant de partir à l'aventure, prévu un charme de protection sur ma personne qui se déclencherait automatiquement. C'est un sort plutôt imprévisible et il s'est contenté de faire disparaître la terre sous moi. Par chance, Nyssa était au même endroit. Nous avons mis du temps à reprendre nos esprits, et après, nous étions bloquées sous le géant. Mon charme automatique avait en effet utilisé mes ressources magiques. Quand j'ai enfin pu me servir de la magie, j'ai transformé cette masse immense en crapaud de petite taille, et croyez-moi, ce n'était pas une mince affaire.
– Et Libellule ? interrogea Kinglion.
– Nyssa va vous expliquer cela, car Libellule est encore faible et relativement choqué par l'aventure, répondit Ornella.
– Mais, pourquoi moi ? Enfin... Libellule s'est trouvé dans un creux naturel du terrain, mais il manquait d'air sous cette espèce de monstre. Aussi quand nous l'avons découvert Ornella et moi, il était au bord de l'asphyxie. Heureusement, je suis ce qu'on appelle une elfe guérisseuse. J'ai donc insufflé le souffle de la vie à Libellule, expliqua Nyssa en agitant les mains.
–Tout va bien Libellule ? s'inquiéta Vérité.
– Peut mieux faire, murmura le lutin.
– Qu'est-ce qui vous a décidé à revenir en arrière ? demanda tout à coup Ornella.
Cinq regards pleins de curiosité se dirigèrent vers le troll. Ornella, Nyssa et Libellule suivirent le mouvement et se mirent aussi à fixer Vérité. Celui-ci prit un air embarrassé, et haussa les épaules. Puis, voyant que ses amis attendaient toujours, il finit par répondre.
– Je suis capable de sentir les flux magiques. Or, dans le coin, il n'y avait qu'Ornella qui faisait de la magie... enfin j'ai espéré que c'était elle... et pour m'en assurer, je suis retourné voir.
– Tu aurais pu nous prévenir et nous expliquer plutôt que de partir au galop tout de même, protesta le chevalier.
– Nous étions très inquiets, ajouta Piscis.
– Enfin l'important, c'est que nous soyons tous réunis, tempéra Yvi.
Peut-être aurait-elle mieux fait de se taire... ou peut-être n'aurait-ce rien changé. En tout cas, le mal fâché que sa première attaque n'ait pas eu le résultat escompté, en lança une autre avec un rire inévitablement démoniaque. Il avait décidé qu'il ne laisserait plus de repos à ces mois qui pouvaient provoquer sa chute ! Le sol trembla violemment, et des murs en sortirent, séparant nos amis. Ce n'étaient pas seulement des murs séparateurs, ce n'était pas une simple prison, c'était un véritable labyrinthe qui avait émergé du sol.

mercredi 17 décembre 2008

Bientôt Noël !


En cette période de Noël, en feuilletant dans le dictionnaire des mots inventés, je suis tombée sur le verbe


NOËLLER (V.) : Être dans les préparatifs de Noël jusqu'au cou.


mardi 16 décembre 2008

Alza ou les aventures du livre


Alza, c'est un drôle de prénom pour une adolescente, mais voilà, on ne choisit pas. Les parents sont les responsables et, s'ils ont décidé de prendre les premières lettres de quatre mots choisis au hasard dans une liste dressée par leurs soins, eh bien, on ne peut rien faire. A.L.Z.A. ou Amande Luth Zora Auteur.
On ne peut rien faire non plus si ses parents sont de grands voyageurs qui ont décidé que le jour des quinze ans de leur fille, ils repartiraient en quête d'aventures la laissant se débrouiller seule à la maison. Quant à savoir, si on est responsable d'avoir un caractère taciturne et solitaire, c'est une autre histoire. Seulement, voilà, Alza l'était, aussi était-elle en marge au collège. Pendant la récréation, elle lisait. Parfois même, elle écrivait. Les livres étaient une vraie passion chez elle, car il lui permettait d'échapper à une réalité tour à tour ennuyeuse et difficile.


Résister à la tentation de ne pas se rendre au collège en l'absence de ses parents, était extrêmement dur, mais Alza ne manquait pas de courage et s'y rendait fidèlement. Et c'est ainsi que sur le chemin du retour de l'école, elle découvrit un livre abandonné sous un banc. Son regard avait été attiré par les stries dorées de la couverture alors qu'elle était en train de renouer son lacet. Elle n'avait pu s'empêcher de le ramasser et avait décidé en son for intérieur que son propriétaire ne le méritait pas. Elle l'avait ensuite ramené chez elle et avait délicatement nettoyé sa couverture. Elle le lirait plus tard dans la soirée après avoir fait ses devoirs.

A vingt-et-une heures, confortablement installée au fond de son lit, Alza ouvrit le mystérieux livre. Le titre ainsi que le nom de l'auteur étaient masqués par une tache d'encre. Décidemment le propriétaire originel du livre était peu soigneux ! Elle tourna la page et lut ceci :
Cher lecteur, chère lectrice, pour entrer dans ce monde n'oubliez pas de prononcer le mot "Shazamsésame"
Machinalement, comme malgré elle, Alza répéta à mi-voix les mots, puis lut la phrase suivante :
Le soleil tapait fort ce jour-là quand elle fit son apparition...
Et soudain Alza se retrouva en plein soleil, près d'un lac. Son corps était traversé de curieux picotements. Elle regarda son reflet et vit qu'elle avait changé. Sa chemise de nuit préférée s'était transformée en robe verte qui épousait ses maigres formes d'adolescente et son visage était devenu tout lisse. Alza était entré dans le livre.

Ceci n'est évidemment que le début de l'histoire, l'idée étant de faire vivre tout un tas d'aventures à Alza dans le monde du livre. Quant à la fin, toutes les routes sont ouvertes, mais vous pouvez être certains que le livre à la couverture aux stries dorées se retrouvera sous un autre banc pour permettre à quelqu'un d'autre de vivre à son tour d'étranges aventures...


vendredi 12 décembre 2008

Saisons


Printemps, saison du doux soleil, temps des amours
Qui fleurissent, qui s'ouvrent telles des fleurs,
Dévoilant aux yeux du ciel leur doux coeur,
Leur ardeur, après de nombreux jours,
Car, dans la chaleur de l'été,
Tout est permis, rien est joué,
Mais l'automne déjà
Vient ternir cela.
Morne saison :
C'est l'hiver,
Amer,
Mort.


jeudi 11 décembre 2008

Il était une fois - Episode 11


– Un cauchemar terrible ! dirent d'une seule voix le chevalier, le centaure, l'oracle et le lutin.

– Vous en faites du bruit pour un mauvais rêve, protesta Kinglion.
– Allons voir chez les filles, si tout va bien, proposa Vérité.
Ils se levèrent et sortirent de leur tente pour entrer dans l'autre. Vérité resta légèrement en retrait, gêné. Nyssa était en larmes. Yvi paraissait bouleversée. Ornella gémissait doucement. D'ailleurs, à bien y regarder, les compagnons de Vérité n'avaient pas l'air en forme non plus : Libellule tremblait, le chevalier avait les yeux rougis, le centaure respirait par saccades et Pierrot semblait perdu.
– J'ai fait un horrible cauchemar, pleurnicha Nyssa.
– Pareil, dit calmement Yvi qui était encore toute blanche.
– C'était affreux, murmura Ornella d'une voix étranglée.
– Allez, rassurez-vous, vous êtes de retour dans la réalité, finis les cauchemars, affirma Vérité.
Au moment même où il prononça ses mots, la tente fut soulevée, et la terre trembla. Sous les yeux ébahis de nos amis, un géant à l'allure monstrueuse apparut et tenta d'écraser Libellule. Alors les évènements se précipitèrent. Une nuée d'insectes rouges se jeta sur Piscis. Ornella devint comme folle et se mit à taper sur Nyssa. Le chevalier prit la fuite de toutes ses jambes. Vérité se vit encerclé par des araignées noires, grosses comme une main, qui se déplaçaient à une vitesse incroyable. Pierrot perdit la vue et Yvi se mit à vieillir à tout allure. Seul Kinglion n'était pas inquiété, aussi, voyant le désastre qui se produisait sous ses yeux, il réagit à la vitesse de l'éclair. Il assomma d'un coup de patte Ornella et Nyssa. Il rattrapa le chevalier en fuite et le frappa. Il s'occupa ensuite de tuer des araignées pour que le troll soit libre. Vérité se précipita alors sur le géant et commença à grimper sur sa jambe afin de l'empêcher d'aplatir le lutin. Les araignées le suivirent, perturbant un peu plus le géant. Kinglion s'occupa enfin de Piscis qu'une nuée impressionnante d'insectes entourait. Chaque insecte collée sur la robe blanche du centaure ressemblait à une tache de sang. Tout à coup, le géant perdit l'équilibre et tomba sur Libellule, Nyssa et Ornella. Tous les malheurs étaient arrivés avec le géant et à sa chute, ils disparurent. Seul le géant demeura, affalé de tout son long. Cependant, le retour au calme ne soulagea pas vraiment nos amis. Le centaure saignait à plusieurs endroits de sa partie chevaline, et le troll ne pouvait s'arrêter de frissonner comme si les araignées le touchaient encore. Yvi pleurait silencieusement tandis que Kinglion reprenait son souffle. Enfin, ils regardèrent le corps du géant. Trois d'entre eux, étaient-ils morts ?
– Il faudrait soulever le géant, dit Vérité sans cesser de trembler.
Etait-il possible qu'Ornella n'ait pas survécu ?
– Infaisable ! s'exclama Kinglion l'air épuisé.
– On n'est pas assez fort pour cela. Il faut être réaliste, ajouta le centaure.
– Non, on doit essayer quand même. Avec un levier peut-être? suggéra le chevalier qui avait reprit ses esprits et qui voulait laver la honte que lui procurait sa fuite.
– Il n'y a pas une seule branche solide sur ses arbres noircis, contra Yvi qui sanglotait toujours.
– Les astres sont obscurs, et leurs fils de vie ne sont plus visibles. Ceci dit, ils sont peut-être encore en vie, annonça Pierrot avec un calme étonnant.
– Combien peut-il peser ce géant ? interrogea le chevalier.
– Dans les une ou deux tonnes sans doute, murmura Yvi.
– Il y avait peut-être des creux dans le terrain, dit Vérité.
– Nyssa et Ornella étaient sur un monticule, je m'en souviens, intervint Kinglion.
– Alors, on tente quelque chose ? proposa le chevalier. S'ils sont vivants, ils doivent manquer d'air là-dessous.
– On pourrait peut-être soulever un bras de ce tas de chair, répondit Vérité visiblement triste.
Les compères firent un essai sur l'un des bras, mais ils purent seulement le faire bouger légèrement. Il firent le tour du géant, cherchant sans succès le meilleur endroit pour le soulever. Ils appelèrent Libellule, Nyssa et Ornella, puis collèrent l'oreille tout contre le géant dans l'espoir d'entendre une réponse, mais en vain. Ils ne surent jamais combien de temps, ils restèrent là, à tenter de déplacer la montagne de chair.
Finalement l'âme en peine, ils se décidèrent à abandonner les lieux. Si leurs compagnons avaient été vivants, il y a longtemps qu'ils se seraient manifestés. La mort dans l'âme, ils rassemblèrent leurs affaires et préparèrent leur départ. Et puis, il fallut vraiment partir. Nos héros, désormais réduit au nombre de six, s'éloignèrent, non sans que Vérité ait jeté un dernier regard en arrière.


mercredi 10 décembre 2008

Enflumer


Tous les mots existants (ou ayant existé comme "linger" ou "bouer" ) sont refoulés sans pitié, car le dictionnaire des mots inventés se doit de comporter des mots uniques. Ainsi, voici un nouveau verbe.

ENFLUMER (V.) :
1. Populaire. En faire voir de toutes les couleurs à une enflure.
2. Littéraire. Se dit des nuages quand ils recouvrent le ciel.


mardi 9 décembre 2008

En voie de disparition !


Nous sommes en l'an 3056, l'être humain tel que nous le connaissons aujourd'hui est une espèce en danger. Les hommes se sont en effet mêlés à des extraterrestres et sont parvenus à procréer, entraînant au cours des siècles la quasi disparition de l'humain à proprement dit. Il ne reste à présent plus qu'une vingtaine d'êtres humains au sang pur.

Malheureusement pour eux, des gens haut placés ont décrété que la vieille race humaine ne devait pas disparaître. Aussi sont-ils renvoyés sur Terre, dans un coin de planète nettoyée spécialement pour eux, afin de concevoir des enfants.

Sur ce postulat, l'idée est d'évoquer un petit groupe de gens réunis contre leur volonté et obligés de former des couples malgré les différences d'âge et de caractère et aux détriments de leurs sentiments.
Ainsi, une des femmes serait en couple avec un extraterrestre avant la décision gouvernementale et un des couples formé par le gouvernement aurait quinze ans de différence, en raison de l'impossibilité de faire uniquement des paires d'âges similaires.


lundi 8 décembre 2008

Répétitions ?


Les répétitions sont des variations de l'identique ou de précieuses traditions.


vendredi 5 décembre 2008

La toile du ciel


Sur la toile du ciel, toutes les couleurs se fondent,

Longs voiles colorés s'étirant, pâlissant,
Et puis disparaissant dans les plis du temps,
Comme une eau où l'on troublerait l'onde.

Orange flamboyant, brûlant l'océan du ciel,
Puis tendre rose rougissant de la mort du soleil,
Rose s'éteignant dans un violet bleuté,
Où le temps ajoute une pointe de noire nuit,
Et y peint quelques étoiles, taches argentées.
Lentement, tout s'éclaircit, et voilà le ciel gris.

Une nouvelle aurore enflamme de vie les cieux,
Eblouissantes couleurs qui se fondent en bleu,
Alors se dessinent des troupeaux de nuages,
Moutons dociles du vent dans le bleu paysage.
Le temps change sans cesse le tableau commencé
Et à jamais le ciel reste un chef d'oeuvre inachevé.

Cécile


jeudi 4 décembre 2008

Il était une fois - Episode 10


A cet instant précis, un événement curieux se produisit. Vérité, ce troll de deux mètres de haut au poil épais, regarda avec un attendrissement évident la jeune femme pâle et évanouie qu'il portait dans ses bras. Puis, il l'amena avec moult précaution dans une tente. Les autres comprirent qu'ils briseraient quelque chose en intervenant, aussi se dirigèrent-ils vers la soupe fumante et se mirent calmement à manger, laissant Vérite s'occuper d'Ornella. Seul Libellule, plein de curiosité, alla jeter un coup d'œil dans la tente. Et voici ce qu'il vit : le grand troll penché sur la jeune femme d'une pâleur inquiétante lui murmurait de tendres mots. Elle était magnifique avec ses cheveux bruns éparpillés sur l'oreiller, ses paupières closes où des larmes perlaient et ses lèvres entrouvertes semblables à des pétales de roses. La large patte du troll emprisonnait la fine et gracieuse main de la jeune fille. Libellule se sentit voyeur, mais sa curiosité le maintenait enraciné au sol. Et il serait sûrement resté planté là, si le troll ne l'avait pas remarqué. A regret, Vérité sortit de la tente, ramassa le curieux et rejoignit les autres qui mangeaient, non sans avoir menacé le lutin.

– Tu n'as pas intérêt à raconter une miette de ce que tu as vu, sinon je t'écrase comme une mouche, ou plutôt comme une libellule.

La soupe finie, la compagnie organisa les tours de gardes. Seulement, comme le ciel était désormais gris et immobile, savoir l'heure était du domaine de l'impossible. Vérité décida qu'un tour de garde durerait autant de temps que celui qui ne dormait pas, ne sentait pas le sommeil qui l'emportait. Tous acceptèrent et chacun alla dormir, à l'exception de Vérité qui avait pris le premier tour de garde. Les filles se glissèrent dans une tente, et les mâles dans l'autre. Dès qu'ils eurent posé la tête sur l'oreiller, ils sombrèrent dans le sommeil. Cependant, s'ils n'eurent pas de problèmes pour s'endormir, le sommeil fut agité. Effectivement, le mal rôdait dans les parages, et il décida de commencer la bataille contre les douze mois. Alors que nos amis dormaient profondément, le mal s'infiltra sournoisement dans leurs esprits et y découvrit leur plus grand cauchemar. Puis, après un rire inévitablement sardonique (mais inaudible), il projeta les cauchemars dans la tête de nos amis et s'arrangea pour qu'ils soient encore plus terribles que dans l'imagination de nos héros.

Libellule se mit à rêver qu'il vivait dans un monde où il n'était pas plus grand qu'un grain de sable par rapport aux humains. Il était sur une belle plage de sable blanc et tout allait bien, quand tout à coup, des pieds énormes arrivèrent. Il voulut s'éloigner pour éviter les pieds, mais ils en venaient toujours plus et malgré sa fuite éperdue, il finit par se jeter sous un pied en cherchant à échapper à un autre. Le pied se posa d'un coup sec sur le sol écrasant de son poids énorme le pauvre lutin. Dans un cri, Libellule se réveilla. Mais revenons en arrière, car, chaque cauchemar se déroula au même moment. Ainsi, Yvi rêva que ses rides se propageaient, que son corps se tassait et qu'elle mourrait de vieillesse. Elle vit alors son corps se décomposer lentement - horrible spectacle dont les détails ne sont pas à raconter. Yvi hurla et son cri se confondit avec celui du chevalier qui avait rêvé de batailles. Courageux, presque téméraire, il avait tendance à se jeter dans le combat avec une bravoure sans pareille. Et voilà que brusquement au beau milieu de son sommeil, il devint un pleutre vantard. Ses camarades croyant qu'il était un héros, car il se vantait à tort et à travers d'exploits imaginaires, lui confièrent un haut poste de commandant lors d'une bataille. Mais juste au moment de se lancer dans la mêlée, le chevalier se défila lâchement, abandonnant à leur triste sort ses camarades qui lui jetèrent des regards pleins de haine. Nyssa aussi fut choquée par son cauchemar. Elle commença par rêver d'un décor idyllique où elle était habillée comme une reine et adulée par l'elfe de son coeur, puis l'image se troubla : les vêtements devinrent des haillons, ses courts cheveux roses tombèrent, son visage s'enlaidit, et tous l'abandonnèrent. Pendant ce temps, Pierrot qui avait le don de lire l'avenir écrit dans les astres, de comprendre la destinée et de voir à travers les êtres, rêva pour sa plus grande horreur que ses facultés lui échappaient. Il ne voyait plus dans le ciel que de simples constellations et non les mots de demain. Les voies du destin devinrent impénétrables, il ne pouvait plus distinguer la trame de la destinée. Il était comme aveugle. Il était un simple petit garçon sans don particulier, un futur garde des prisons d'un château minable. Son hurlement se mêla au cri d'angoisse d'Ornella qui, au lieu de soigner les enfants blessés dans son laboratoire, les marquaient au fer rouge, juste à l'endroit où ils s'étaient fait mal. Et elle avait le sourire aux lèvres. Quant à Piscis, c'est en hoquetant et non en criant qu'il se réveilla. Il avait en effet rêvé que les écailles de poisson qui recouvraient sa moitié humaine, atteignaient sa partie chevaline. Il galopait joyeusement dans l'herbe entouré de papillons quand sa robe blanche s'était couverte d'écailles rouges et brûlantes qui le démangeaient atrocement. Il s'était alors transformé complètement en poisson et s'était mis à suffoquer : il ne pouvait pas respirer l'air avec ses branchies. Tous les compagnons se réveillèrent donc en même temps, même Kinglion que le mal n'avait pas réussi à faire véritablement cauchemarder, car Kinglion n'avait peur de rien. Il était déjà maudit après tout, déjà condamné à un cauchemar auquel il s'était résigné. Quand à Vérité, bien qu'il ait été poussé par le mal à s'endormir, il n'avait pas cédé au sommeil. Aussi était-il bien réveillé quand il entendit les cris de souffrances qui s'échappaient des tentes. Il n'osa pas entrer dans la tente des filles, mais ouvrit en grand celle de ses compagnons.
– Qu'est-ce qui se passe ? Des araignées ? demanda Vérité.

mercredi 3 décembre 2008

Sketch


Un jeune homme :

– Ô grandiose, ô éternel
Un homme :
– Tais-toi ! Recommence à zéro !
Un jeune homme :
– Bein, qu'est-ce qui va pas ?
Un homme :
– Il faut plus d'emphase, tu comprends, plus de panache !
Un jeune homme :
– Ô grandiose, ô éternelllllll
Un homme :
– Non ! Non ! Et non, ça ne va pas ! Je vais te la faire moi :
Ô grandiose ! Ô Eternel !
Quelqu'un tout au fond de salle :
– Avec tous ces l, ça doit être l'éternel féminin)
Un homme :
– Tu vois la différence ?
Un jeune homme :
– Non, je ne vois pas.
Un homme :
– Inculte, barbare, dehors !!!

(bruit de portes qui se ferment)
(soupirs)
(l'homme mange son chapeau)

Quelqu'un tout au fond de salle :
– Chapeau !

(bruits de porte qui s'ouvre, une jeune fille entre)
(l'homme remet ce qui lui reste de chapeau sur la tête)

Une jeune fille :
– Je viens pour le rôle de Mélisande.
Un homme :
– Bien, bien. Entre, et lis-donc la réplique de Mélisande de l'acte 100 de la scène 1000
Une jeune fille :
– Mélisande n'apparaît pas dans cette scène, monsieur.
Un homme :
– Ah, oui, pardon, la scène 1003.
Une jeune fille :
– Je ne voudrais pour rien au monde jouer un tel rôle.

(silence)

Un homme :
– C'est plat, c'est mou, c'est vide.
Une jeune fille :
– Je vais la refaire...
Un homme :
– Allez-y.
Une jeune fille :
– Je ne voudrais pour rien au monde jouer un tel rôle.
Un homme :
– C'est plat, c'est mou, c'est vide.
Une jeune fille :
– Je vais la refaire...
Un homme :
– Allez-y.
Une jeune fille :
– JE NE VOUDRAIS POUR RIEN AU MONDE JOUER UN TEL ROLE.
Un homme :
– C'est trop fort.
Une jeune fille :
– Vous aimez ?
Un homme :
– NON ! Je veux dire que vous avez parlé trop FORT !!
Une jeune fille :
– Je vais la refaire...
Un homme :
– Allez-y. Mais c'est la dernière fois.
Une jeune fille :
– Je voudrais tellement jouer ce rôle.
Un homme :
– Mais ma pauvre fille, vous ne savez même pas lire correctement une réplique !!
Une jeune fille :
– Mais monsieur, je voulais juste dire que je voulais vraiment jouer le rôle de Mélisande...
Un homme :
– Non ! Non ! Dehors !

(bruits de porte qui se ferme)
(l'homme achève de manger son chapeau)

Quelqu'un tout au fond de salle :
– Chapeau !

(bruits de porte qui s'ouvre, un homme, un autre entre)
(l'homme met un autre chapeau)

Un homme, un autre :
– Pardon, je viens pour jouer le rôle de celui qui recrute.
Un homme :
– Bien, entrez. Lisez donc la réplique de l'Acte 1, scène 3
Un homme, un autre :
– Tais-toi !
Un homme :
– Enfin, ce n'est pas une façon de me parler. Il faut me vouvoyer et puis d'abord, c'est moi qui recrute ici, alors pas de blagues !
Un homme, un autre :
– Monsieur, permettez-moi de vous faire remarquer que je suis ici pour jouer le rôle du recruteur...
Un homme :
– Mais c'est moi qui recrute...

(bruits épouvantables, un homme avec un cigare entre)

L'homme au cigare :
– Allez, virez-moi ces deux là, ils jouent mal.

(rideau)


mardi 2 décembre 2008

Neuf morts


On dit toujours que le chat a neuf vies. Et si l'être humain avait neuf morts possibles ? L'idée est de composer 9 récits liés (ou non) entre eux sur ce thème. Tout est une question de croyances au fond. Où va-t-on après la vie ?


Au paradis où on l'on gagne des ailes.
En enfer où les flammes ne cessent de brûler.
Au purgatoire où la réflexion règne.

Sur terre, réincarné en plante ou en animal, ou de nouveau en être humain.
Sur terre, réincarné en victime si l'on était bourreau, en bourreau si l'on était victime.
Sur terre, en tant que fantôme, pour peu qu'on ait encore quelque chose à accomplir ou qu'on s'accroche trop à la vie pour la quitter tout à fait.

Dans le néant où la conscience sombre et où les problèmes cessent, faute d'exister.
Dans le monde des âmes où les êtres qui pensaient avoir une âme, mais qui ne croyaient pas au reste, se retrouvent.
Un autre endroit qu'il est impossible d'imaginer, mais que l'on se plaît à inventer.


lundi 1 décembre 2008

Humains


Humains : mi-anges, mi-démons, pleins de douceur et de perversion.


vendredi 28 novembre 2008

Attente


Lentes les heures qui roulent

Sur la pente du temps,
Puis se transforment en vent.
Oui, long le temps qui s'écoule.

J'attends. Les minutes se meurent,
Le sable tombe sans heurt,
L'ombre doucement croit,
Et dans l'ennui, je me noie.

Cécile

jeudi 27 novembre 2008

Il était une fois - Episode 9


Libellule ne pensait pas à grand chose, car il commençait à s'endormir, bien au chaud dans la poche de la veste d'Yvi où il ne voyait pas le sinistre paysage. Les dangers ne l'inquiétaient guère, ils n'étaient pas de sa taille ! Ornella, elle, savourait la beauté ténébreuse du nouveau paysage de Lostland, non sans regretter l'inconfort de sa selle. Kinglion, pour sa part, était blasé et lassé. Il avait l'habitude des lieux sinistres et pensait surtout à la malédiction qui le forçait à courir de quêtes en quêtes. Vérité, le troll se moquait également du paysage, en revanche, il était impatient de se battre, car il pourrait alors montrer sa valeur et être admiré... en particulier par une jolie sorcière brune prénommée Ornella. Pierrot était également indifférent au paysage, il ne le voyait pas vraiment tel qu'il était, mais tel qu'il pourrait l'être, aussi, alternativement, le paysage était éblouissant, puis noir désespoir. Cependant, Piscis et le chevalier étaient sous l'influence du paysage et ils étaient mal à l'aise. Piscis sentait s'infiltrer en lui la noirceur de la nature empoisonnée par le mal et craignait à tout instant de s'écrouler sous le poids terrible qui lui oppressait la poitrine tandis que le chevalier était rongé par l'inquiétude. Il se demandait s'il serait à la hauteur de la tâche qui l'attendait, si les paroles de l'Oracle étaient vraies, s'il devait se présenter aux autres, car, après tout, il n'avait même pas dit son prénom ! De son côté Yvi ne pouvait s'empêcher d'être inquiète quand son regard tombait sur les mèches grise de sa chevelure de miel. Elle chassait toutefois vite la crainte de son esprit afin de réfléchir aux épreuves qui les attendaient. Quant à Nyssa, elle râlait intérieurement, se demandant ce qu'elle faisait là, ce qu'elle était venue y faire et pourquoi on avait besoin d'elle. Elle avait peur, elle avait froid, faim. Elle était fatiguée, elle avait mal partout... bref elle en avait plus qu'assez ! Ce fut donc elle qui brisa le silence la première :

– Hé, dites, on s'arrête bientôt ? Je n'en peux plus, je ne veux pas continuer plus longtemps.
– C'est vrai que les chevaux sont fatigués et que cela fait longtemps qu'on n'a pas mangé, approuva Yvi qui était également épuisée, mais qui n'avait pas osée demander une pause.
– D'accord, mais d'abord nous devons trouver un endroit pratique pour dormir, déclara le chevalier.
– Difficile dans ce paysage, répliqua le centaure.
– Je trouve qu'ici ce serait très bien pour camper, intervint Ornella.
– Pourquoi on continuerait pas un peu pour voir ? demanda le troll.
– Allons, j'en ai moi aussi plein les pattes, arrêtons-nous ici, dit Kinglion.
– Il suffit d'organiser un vote. Ceux qui veulent camper ici lèvent la main, proposa Pierrot.
– Qu'est-ce qui se passe, pourquoi on bouge plus ? interrogea Libellule qui venait de se réveiller.
– En voilà un qui suit ce qui se passe ! s'exclama le centaure.
– On vote, expliqua Nyssa.
– Alors qui vote pour s'arrêter ? demanda Yvi bien fort.
Nyssa, Yvi, Ornella et Kinglion levèrent la main... enfin, la patte dans le cas de Kinglion, mais personne d'autre ne réagit. Ornella lança alors un regard séducteur à ses compagnons de voyage. Et bizarrement le chevalier, le centaure et le troll levèrent brusquement la main.
– La majorité est donc pour l'arrêt, trancha Pierrot.
– Et si on distribuait les tâches pour l'installation du camp ? proposa le chevalier.
– Oui, mais qui va décider qui fera quoi ? demanda Kinglion.
– Janvier, c'est à dire Vérité décidera aujourd'hui, demain, ce sera Février et ainsi de suite, suggéra Yvi.
– Bien, répondit Vérité. Alors, Piscis et moi, nous dresserons les tentes, Ornella s'occupera de la cuisine, Yvi cherchera du bois pour le feu, Kinglion trouvera le repas, Nyssa fera les lits, le chevalier et l'Oracle se chargeront des tentes et Libellule établira les tours de gardes de cette nuit.
– Un macho de plus dans Lostland, grommela Ornella.
– C'est juste que je ne sais pas être un chef, c'est tout. Je connais les tâches à réaliser, mais pas les personnes capables de s'en charger au mieux, expliqua Vérité avec une sincérité qui désarma la sorcière.
Ornella se sentit toute bête et prononça diverses incantations. Alors sous les yeux ébahis de ses compagnons, les tentes se dressèrent d'elles-mêmes, les chevaux s'attachèrent à un arbre, de l'avoine apparu, les paquets se déchargèrent, le bois s'accumula, s'enflamma et une marmite pleine de soupe se matérialisa au-dessus. Le camp était prêt, mais Ornella était pâle et visiblement épuisée par l'effort qu'elle venait de fournir. Elle chancela et serait tombée si Vérité ne l'avait pas rattrapée d'un mouvement rapide.



mercredi 26 novembre 2008

Surprise : nouveau verbe dans le dictionnaire des mots inventés !


Je vous confirme que le verbe LACTER est présent uniquement dans le dictionnaire des mots inventés. Cette garantie fait renoncer à certains verbes dont on aurait pas soupçonné l'existence. Ainsi, il a été impossible d'ajouter
brouillonner qui signifie "ébaucher, esquisser", ou encore routiner qui veut dire "apprendre à quelqu'un à faire quelque chose par routine."

LACTER : mettre du lait (notamment sur ses céréales)


mardi 25 novembre 2008

Et si on commençait par la fin...?


Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants comme dans les contes de fées. Ils s'étaient enfin retrouvés après toutes ces épreuves qu'ils n'avaient pu partager. Réunis enfin.


Voilà, tout est bien qui finit bien, mais maintenant, si vous voulez bien, revenons au début. Commençons l'histoire sans crainte d'une mauvaise fin ou sans espoir qu'elle se termine dans le sang, au cas où vous seriez des amateurs de tristes fins.

Le héros, fondamental dans toute histoire, le voici, il court la campagne, le coeur joyeux et le sourire aux lèvres. Il a dix sept ans depuis quelques jours, il a une amie chère à son coeur qui lui rend son amour, il mange à sa faim, s'entend bien avec sa famille et ses amis, bref il est heureux. Il a le sentiment d'avoir trouvé le bonheur. Seulement, il se trompe, tout cela n'est qu'une joie passagère et bientôt, il va devoir se comporter en héros, car c'est son rôle, même s'il ne le sait pas encore. Pour le moment, il n'est qu'un être lambda dans la foule, un individu qui court dans les champs en rentrant chez lui comme une personne pressée et contente ou plutôt comme un imbécile.

Ceci était le début d'un roman de fantasy. Quoi, c'était juste ça l'idée ?! Commencer par la fin pour revenir de suite au début ?! Eh bien, non, l'idée va plus loin. Le héros désigné va avoir de gros ennuis d'ici quelques chapitres, car le héros, ce n'est pas lui, c'est en réalité son ami. C'est tout ?! Eh bien, pas tout à fait, l'idée se prolonge dans un désir de jouer avec les clichés et les attentes du lecteur. Le méchant est donc gentil. Si, si.

lundi 24 novembre 2008

Fin heureuse


Même si ce ne sont que des êtres de papier, il est agréable de savoir qu'ils dorment entre les pages, heureux à jamais.


vendredi 21 novembre 2008

Yeux étoilés



Egaré dans le lac de vos yeux
Bien plus profond que les cieux,
J'admire les eaux mouvantes,
Piquées d'étoiles scintillantes.

Ces deux miroirs, reflets des sentiments,
Si fragiles, et ô combien charmants.
Diamants étincelants du feu de vie,
Souvenirs effacés du temps qui s'achève,
Vous voilà, yeux, vivants, et sans prix,
Perles sacrées de tout un rêve.

Cécile

jeudi 20 novembre 2008

Il était une fois - Episode 8


– Tu vois ses mèches grises dans mes cheveux, ses fines rides sur mon visage, c'est la vieillesse qui vient avant son heure. Cela a commencé depuis que les mots de la prophétie sur juillet ont été prononcés, répondit Yvi tristement.
– Les astres en ont décidés ainsi, comme ils ont choisi que tu sois promise à une grande destinée, expliqua Pierrot.
– Et toi l'Oracle quel est ton destin, ta faiblesse ? demanda Kinglion.
– Mon destin est de vous suivre et de porter la parole des astres où que vous alliez. Mon âge est mon défaut. Vois-tu malgré ma clairvoyance, il me manque l'expérience. J'ai beau lire dans vos yeux qui vous êtes, qui vous serez, je n'ai pas mes propres mes expériences à opposer en comparaison, répondit Pierrot.
– Alors, dis-nous qui nous sommes, qui nous serons ! s'exclama le chevalier qui visiblement ne croyait pas un mot de ce que disait le jeune Oracle.
Pierrot plongea ses yeux verts dans ceux noisettes du chevalier. Il prit un air très concentré et ses yeux verts semblèrent pâlir.
– Tu as le courage dans les veines, l'incrédulité dans les yeux, le cœur honnête et fidèle, l'optimiste dans le visage et le manque de culture à la bouche. Tu changeras en bien : ton courage ne fléchira pas, mais tu perdras ta témérité, tu gagneras en force et en ruse et ta bouche saura utiliser un autre langage. En revanche, tu ne porteras plus ton cœur en bandoulière, tu le cacheras pour protéger tes sentiments et tes qualités de cœur, déclara enfin le petit Oracle d'une voix étrangement lointaine.
– Et est-ce qu'on a tous le droit aussi à une analyse aussi détaillée ? interrogea le centaure.
– Toi, tu te surnommes Piscis. Ta carapace écaillée cache toutes ses blessures. Tu rêves d'être comme les autres, de te fondre dans la foule. Tu veux accomplir des exploits pour qu'on oublie ton allure de poisson qui se marie mal avec ce demi corps d'étalon. Tu as l'esprit de sacrifice aussi. Ce que tu seras est ce que tu es sauf que tu finiras par accepter ta différence, répondit l'Oracle.
– Chut, j'ai entendu un bruit ! s'exclama tout à coup Vérité, le troll.
Le silence se fit et on entendit un craquement, puis un autre. L'instant d'après quatre énormes griffons apparurent et attaquèrent la troupe. Vérité fut le plus rapide, attrapant d'un geste sec sa massue placée derrière son dos, il sauta sur le dos d'un griffon, ce qui fit tomber Libellule de son épaule. Il frappa une fois, deux fois alors que l'énorme oiseau à tête de lion tentait de le faire chuter. Ensuite Ornella et le chevalier agirent dans un bel ensemble, elle, en lançant un sort et lui, en tailladant une aile d'un coup d'épée. Le dernier griffon, qui n'avait pas encore trouvé d'opposant, se jeta sur l'elfette Nyssa qui hurlait de peur. Fort heureusement Kinglion d'un bond gracieux vint s'interposer en l'elfette en détresse et le griffon. Pendant ce temps Yvi s'occupait de récupérer le pauvre Libellule tout en lançant habilement des poignards sur les griffons qui passaient dans son champ de tir alors qu'ils se défendaient contre les assauts de ses compagnons. Le centaure armé aussi d'une épée aidait le chevalier. Seuls l'Oracle, Libellule et l'elfette ne firent rien...enfin si, Nyssa cria pendant tout le temps que dura le combat. La victoire fut relativement rapide : Vérité finit par achever son griffon à coup de massue, le chevalier et le centaure tuèrent le deuxième avec leurs épées, le troisième se vit terrasser par un dernier éclair lancé par Ornella et le dernier périt sous les dents de Kinglion bien aidé par les poignards d'Yvi. Tout redevint silencieux. Nyssa pleurait maintenant en silence, Libellule maugréait dans son coin et Pierrot interrogeait la prophétie. Les combattants reprenaient leur souffle et semblaient comme étonnés du retour au calme. Finalement Vérité détendit l'atmosphère en partant d'un bon rire.
– On leur a mis la pâté à ces oiseaux de malheur ! s'écria-t-il.
– Etait-ce déjà les premiers assauts du mal ? demanda le chevalier.
– Non, le mal ne lancera sur vous, enfin nous, que les pires horreurs et cherchera à créer des conflits afin que les douze mois se séparent selon la prophétie, répondit promptement Pierrot.
– Les pires horreurs, c'est-à-dire ? interrogea Libellule.
– Sûrement des monstres et des créatures mythiques. Ou juste nos cauchemars à nous, par exemple pour toi Vérité, il enverra une colonie d'araignées, ou d'autres choses à même d'effrayer l'un d'entre nous, suggéra Yvi.
Pierrot acquiesça d'un signe de tête et rangea la prophétie dans son manteau. Le silence retomba sur les neuf mois. Chacun s'était replié sur lui même. Il faut dire que l'attaque des griffons avait rappelé à tous que ce voyage n'était pas une partie de plaisir. Le ciel gris sombre, l'herbe et les arbres noircis semblaient maintenant peser comme une chape de plomb sur la petite troupe. Tout paraissait irréel, et encore plus avec le ciel immobile, le paysage mort, l'absence des bruits de la vie et du vent. La course à travers la lande vide toujours tout droit était comme hors du temps, on aurait dit que cette cavalcade dans la cendre ne s'arrêterait jamais. L'air devenait de plus en plus glacial, les branches noircies tendaient des embûches sur la route ou bien raclaient le dos des cavaliers. Mais à quoi donc songeaient-ils ?


mercredi 19 novembre 2008

Pause publicitaire

Non, coca-cola ne m'a pas subventionné - et c'est bien dommage - j'ai composé gratuitement de mon plein gré cet "hommage" à cette boisson affreusement sucrée qui colle aux dents et qu'il faut consommer avec modération.

FRAIS
LEGER
DOUX
SUCRE
LIQUIDE
SOMBRE
AUX REFLETS
ROUGES DORES
DU GOULET AU
GOSIER PLUS ON
EN BOIT PLUS ON
VEUT GOUTER DE
CETTE COULEUR
CARAMELISEE
GOÛT IDEAL RÊVE
PLAISIR PETILLANT.

mardi 18 novembre 2008

Morgane et les fées


Soyons honnêtes, c'est l'idée de base d'Harry Potter qui m'a inspirée. Non, Morgane, ce n'est pas Harriette Potter, sorcière émérite à la foudroyante cicatrice, mais une fée. Un jour, elle découvre grâce à l'un de ses parents éloignés qui a de drôles d'oreilles pointues qu'elle a des pouvoirs magiques et que pour apprendre à s'en servir, elle va devoir se rendre à l'école des fées, une mystérieuse école que les humains normaux ne connaissent évidemment pas.

Le but de l'histoire n'est nullement de copier ou parodier Harry Potter, il s'agit simplement de mettre en scène un personnage féminin propulsé dans un monde étranger où son prénom, Morgane, va lui causer bien des ennuis. On se rappelera en effet que le prénom Morgane évoque tout un tas de légendes où la fée, magicienne ou sorcière Morgane n'a pas souvent le beau rôle. Morgane devra donc se battre contre les préjugés liés à son nom et apprendre tout d'un monde qu'elle ignorait jusqu'alors, le monde de la magie.
Après bien des aventures et des échecs, Morgane déjouera un terrible complot visant à transformer les fées en méchantes sorcières et se verra enfin accepter comme élève fée à part entière. Fin.

lundi 17 novembre 2008

Vérité


La vérité est dure, froide et mordante comme un glaçon, piquante et blessante comme un chardon.



vendredi 14 novembre 2008

Larmes


Il y a des chagrins qu'on étire
Dans un poème, on les grandit
Et notre coeur se déchire
Tandis qu'on écrit.

Il y a des douleurs qui rongent
De l'intérieur, blessant la vie,
Tuant mortellement les songes,
En attendant qu'on les oublie.

Il y a des souffrances qui touchent
Pesant lourdement sur les esprits
Alors que les sourires se couchent
Et que le bonheur s'enfuit.

Il y a des peines qui demeurent
Et le temps les envenime de soucis,
Tandis que les yeux pleurent
Des plaies qu'infligent la vie.

Cécile

jeudi 13 novembre 2008

Episode 7 - Chapitre 3 : Le voyage


Quand l'elfette s'arrêta enfin de râler, le silence tomba comme une chape de plomb sur les neuf compagnons. Ils ne se connaissaient pas et n'avaient rien à se dire. Les pattes de Kinglion étaient silencieuses sur la route grisâtre et le lutin perché sur l'épaule du troll ne bougeait pas d'un pouce. On entendait juste le martèlement des sabots des chevaux et du centaure. Finalement, Yvi, après un soupir, songea qu'il fallait intervenir. Ils allaient devoir se supporter pendant un temps indéterminé et affronter le mal, alors il fallait mieux qu'ils apprennent à se connaître.
– Kinglion, tu ne voudrais pas te présenter, tu nous a tous intrigués en sortant du néant , dit Yvi, brisant le silence.
– Oh, il n'y a pas grand chose à raconter. Je suis maudit. La malédiction qui pèse sur moi m'oblige à partir de quêtes en quêtes sans que j'ai mon mot à dire. Seul la mort par le sang, l'amour éternel ou l'ultime sacrifice peuvent rompre la malédiction. Bref, des bagatelles, et maintenant, si on m'expliquait ce qu'on est parti faire au juste ?
– On part botter le train au mal ! s'écria le Troll.
– Mais où est-ce qu'on se rend comme ça ? interrogea l'elfette qui avait fini par se calmer.
– C'est vrai ça, où va-t-on ? interrogea le centaure.
Le centaure regarda le troll, qui se tourna vers le lutin, dont les yeux se posèrent sur la sorcière, qui se détourna vers le chevalier, qui lui-même dirigea son regard vers Yvi, qui, elle, darda de ses yeux perçants le petit garçon, l'Oracle.
–Eh ! Ne me regardez pas comme ça ! Je sais où on va, il est vrai. La prophétie le dit :
« L'aube se leva sur le monde et éclaira le mal de sa lumière. La ville sanglante brisée par les cauchemars envoyés par le mal sera l'aboutissement. Toutes les péripéties qui se dérouleront entre le départ et l'arrivée à cette ville ne sont pas encore écrites. Tout peut arriver. Seul les noms des trois compagnons encore absents sont connus. Octobre est mort, mais vivant, Novembre est la grandeur, la souplesse et la sauvagerie, et Décembre, le coupable innocent. » expliqua Pierrot
– En clair, ça veut dire quoi ? demanda le troll en se grattant la tête.
– Direction le soleil levant ! Bref tout droit vers l'est ! s'écria le garçonnet, vaguement excédé.
– Bien sûr, j'avais compris, dit le Troll vexé.
– Quelle mauvaise foi ! s'exclama le lutin.
– Je ne peux pas être de mauvaise foi, parce que mon prénom est Vérité, Vérité Foi, protesta le Troll.
– Non, c'est vrai ça ? interrogea le centaure qui riait doucement.
– Pourquoi est-ce que je raconterais des mensonges ? Et puis moi, au moins, je me présente, ce n'est pas comme d'autres...répondit le Troll
– Tu veux des présentations, en voici, je m'appelle Ornella Schwartz, sorcière. Et tous ceux qui m'énervent n'ont qu'à bien se tenir, sinon je les change en...
– Crapauds, interrompit vivement le lutin.
– Azarmilko daucrap esvria vermiko, dit calmement Ornella.
Le lutin disparut dans un éclair et se transforma en.....araignée ! Le troll, Vérité, se mit à hurler.
– Virez-moi cette...cette...bestiole de l'épaule !
Ce fut l'éclat de rire général. Il faut dire que voir ce grand gaillard poilu, qui à lui seul avait l'air terrifiant se dandiner d'un pied sur l'autre pour qu'une malheureuse araignée se carapate, c'était comique.
Enfin, Ornella eut pitié et d'un claquement de main retransforma l'araignée en lutin. Celui-ci se mit à bouder, ce qui fit rire tous ces compagnons sauf le troll, car il était mortifié de s'être donné en spectacle et en plus d'avoir dévoilé involontairement son talon d'Achille : les araignées. Eh oui, pour faire fuir le troll, il ne fallait pas un monstre, mais une malheureuse minuscule araignée !
– Allons, ce n'est pas gentil de se moquer ainsi, chacun de nous à ses petites faiblesses et ils seraient de bon aloi que les autres les connaissent. Qui plus est, il ne faut surtout pas se fâcher entre nous, car nous aurons besoin d'être unis envers et contre tout, déclara la sage Yvi pour adoucir les fiertés blessées.
– Avouer nos faiblesses, ne rions pas, c'est confidentiel, protesta le chevalier.
– « Le secret sera la perte des douze mois et la connaissance précède la victoire », cita Pierrot qui semblait connaître par coeur la prophétie.
– Il est vrai que du point de vue militaire, connaître les forces de ces soldats et leurs faiblesses est indispensable, ajouta le centaure.
– Ma faiblesse est ma force, c'est ma petite taille. Au fait, je me nomme Libellule, dit le lutin.
– Avons-nous nécessairement des faiblesses ? questionna Ornella avec une petite moue dubitative.
– Si tu penses ne pas en avoir, c'est tout simplement que ta faiblesse est ta trop grande confiance en toi, répondit fort justement Yvi.
– Et toi, quelle est ta faiblesse ? interrogea la sorcière agacée.


mercredi 12 novembre 2008

A la lettre N du dictionnaire des mots inventés


Mot certifié non trouvable dans aucun autre dictionnaire !

NIASELET
(Adjectif) : Un peu bête, trop sentimental.


mardi 11 novembre 2008

Des fleurs pour elles


Lui, c'est Sébastien, il a vingt trois ans et chaque jour, il se rend au cimetière, une fleur à la main.

Elle, c'est Viviane, elle a vingt ans et chaque jour, elle est à l'arrêt de bus qui se trouve en face du cimetière. Là, elle voit passer le jeune homme, sa fleur à la main et elle le trouve attirant.
Elle, c'est aussi Morgane qui dort bien sagement dans la terre depuis trois ans et qui, chaque jour, voit sa tombe être ornée d'une nouvelle fleur.

Viviane est attirée par Sébastien, qui est toujours amoureux de Morgane, qui le lui rendait bien avant sa mort dans un tragique accident. Il lui apporte des fleurs chaque jour, refusant d'oublier, ne voulant pas cesser d'aimer. Viviane ne sait rien de tout cela.

Un jour que le bus ne passait pas, elle a suivi le jeune homme de loin et s'est rendue dans le cimetière où elle a découvert sa rivale endormie. Et puis, un autre jour, Viviane a abordé Sébastien et un lien tenu a commencé à se former.
Et le temps a passé et leur amitié s'est développée. Un an, deux ans, Sébastien aimait toujours Morgane, Viviane aimait Sébastien et luttait contre le précieux souvenir. Et cela dura jusqu'au jour où les fleurs furent pour Viviane.

lundi 10 novembre 2008

De la difficulté de créer


Je voudrais que l'image rêvée se déroule tel un ruban de satin sous la plume ou le pinceau, mais sans cesse, ma main déçoit mon esprit.


vendredi 7 novembre 2008

Ciel


Ciel, quelles couleurs fantastiques sont venus te parer ?
Quelles étranges confusions se sont-elles déchainées ?

Fini les bleus classiques, les oranges atténués, tout est flamboyant !
Tout est pastel, voici les verts pâlis, les violets profonds,
Voici le rouge sang, le rose peau, l'orange feu à l'horizon.
Mais tout se fond, se dévore, tout disparaît lentement,
Tout s'éteint, se confond, s'absorbe et devient noir,
Noir nuit, noir charbon, noir encre et noir désespoir.

Les fleurs du ciel se sont fanées, éteintes jusqu'à demain,
Pauvres couleurs qui ne vivent qu'un instant, soir et matin ;
Mais, en usant sous nos yeux toute la palette de ces douceurs,
Ciel, jardin suspendu, tu apportes un peu de joie à nos coeurs.

Cécile

jeudi 6 novembre 2008

Il était une fois - Episode 6


– Juillet se sentira vieillir.

A l'annonce de ses mots, Yvi eut l'impression qu'on l'a frappait. Elle crut entendre une horloge dont les coups se mirent à sonner de plus en plus vite. Une de ses mèches blondes vira au gris, et en passant sa main sur son front, elle constata que quelques rides s'étaient formées. Sans un mot, elle alla rejoindre les autres avec sa mèche grise dans blonde chevelure comme preuve qu'elle était bien le mois de juillet de la prophétie.
– Août naîtra du chaos.
A peine l'Oracle avait-il prononcé ses mots qu'une sphère irisée sortit du néant, flotta un instant au-dessus de la foule qui se dispersa, craignant une attaque vicieuse du mal. Les gens avaient eu bien raison de s'écarter, car la boule descendit brusquement vers le sol avec violence. Le choc l'a fit éclater en morceaux dévoilant une curieuse créature. C'était un lion à la somptueuse crinière.
– Qui es-tu ? Que viens-tu faire ici ? questionna le Chef.
– My name is Kinglion. I don't know...
– Pourrais-tu parler le langage universel de Lostland, étranger?
– Bien sûr. Mais je trouve que l'autre langage est plus distingué et correspond mieux à mon personnage. A vrai dire, j'aimerais bien qu'on me dise ce que je viens faire ici, est-ce possible ?
– Etranger, si tu es né en août et que ton apparition était une naissance dans le chaos, alors ta destinée est tracée.
– Encore une quête ! Ah ! J'en ai assez, je veux dormir, voilà plus de deux mille ans que j'accomplis des exploits, j'aspire au repos...
– Etranger, si tu es un héros, alors acceptes cette nouvelle quête.
– Je ne m'appelle pas Kinglion pour rien. Je suis d'accord ! Mais de quoi s'agit-il au juste ? Sauver le monde, une damoiselle en détresse ? demanda négligemment Kinglion.
– Silence ! intervint un Oracle. La prophétie parle par ma bouche. Il est l'heure de révéler qui sera le mois septembre. Tes futurs compagnons de route te donneront tous les détails nécessaires.
– Septembre sera un preux, le premier qui osera, annonça Pierrot, volant la vedette à l'autre Oracle.
– Moi, moi ! Je suis né en septembre. Je suis chevalier ! cria un jeune homme en levant haut le bras dans la foule.
– Ainsi soit-il. Toi et tous tes compagnons partiront d'ici une heure pour combattre le mal, déclara le Chef suprême.

Et c'est ainsi que quarante-cinq minutes plus tard, le grand troll, et le lutin qui étaient prêts depuis une demi-heure allèrent voir un peu ce qui retenaient leurs compagnons. Ils furent conduit très obligeamment par Never aux appartements de la sorcière. En chemin ils croisèrent le centaure et le lion qui attendaient également le départ avec une certaine impatience.
Ignorant Never qui semblait hésiter à frapper, par peur peut-être d'être changé en crapeau, le troll cogna avec force sur la porte de la sorcière et celle-ci apparue. Oui, une véritable apparition. Elle était moulée dans un costume noir, et ses cheveux couleur suie étaient remontés en un savant chignon qui mettait en valeur la courbe de son cou. Le troll en resta bouche bée d'admiration, le lutin s'immobilisa, le centaure ouvrit des yeux ronds et le lion saliva bruyamment.
– Qu'est-ce qu'il vous arrive ? Ne m'énervez pas ou je vous change en crapaud !
Never opéra une prudente retraite tandis que les quatre compères faisaient un effort pour se reprendre.
– On venait voir si vous étiez prête, tiens donc ! s'exclama le lutin, plus prompt que les autres à se remettre.
– Pas encore, je ne sais pas trop ce qu'il faut emporter. Surtout que mes potions sont très encombrantes...
– Ce n'est pas dur, une couverture, une arme, une gourde, un casse-croûte et c'est réglé, affirma le troll qui fut approuvé d'un signe de tête par le lutin.
– On a même besoin de rien du tout, contra le lion.
– Vous sûrement, mais pas moi ! lança la sorcière en levant les yeux au ciel. Ceci dit, tu as peut-être raison Kinglion, il ne me faut rien, excepté la formule de téléportation d'objets à distance, reprit la sorcière.
– Et si nous partions chercher les autres, suggéra le lutin.
– Bien sûr allons-y, approuva la sorcière.
Ils n'eurent pas trop de mal à trouver Yvi, le chevalier et le petit Oracle qui attendaient sagement au tournant d'un couloir, mais dénicher l'elfette se révéla beaucoup plus compliqué. Quand ils la trouvèrent enfin, ils découvrirent avec horreur qu'elle continuait à empiler des affaires à emporter pour le voyage. Derrière la jeune elfe des malles s'accumulaient.
– Êtes-vous prête ? Je vous rappelle que nous ne devons pas nous encombrer, intervint Yvi avec tact.
– Mais bien sûr. Une dernière malle et ce sera fini, mais il faut que vous attendiez encore un peu, expliqua l'elfette pas gênée du tout.
– On attendra que vous vous décidiez à n'emporter qu'un sac à dos et c'est le maximum ! grommela le troll.
– Mais je ne veux pas me séparer de mes affaires, espèce de butor ! De toute façon, je ne veux même pas partir, mais évidement mon doudou, ce *** de fiancé, a ordonné mon départ et menacé de ne pas m'épouser !
– Faudrait peut-être se décider, on doit partir, aboya le troll soutenu visiblement par les autres.
– Mais non, pas maintenant.
– Hep princesse, prépare donc un sac pour la miss et on met les voiles, lança le troll à Yvi en attrapant l'elfette par le haut de sa tunique.
– Mais, mais....espèce de brute, lâchez-moi ! Posez-moi à terre vous dis-je ! Vous m'entendez c'est un ordre ! Doudou vous tuera !
– Je crois plutôt qu'il nous remerciera de vous éloigner de lui. Je me demande même comment il a pu vous trouver à son goût, rétorqua le troll.
Las ! Les invectives continuèrent à pleuvoir sur le troll et ses compagnons jusqu'à ce qu'ils se soient éloignés du château où Pouly dormait d'un sommeil paisible.

mercredi 5 novembre 2008

Le feu d'artifice


Une pelouse pleine de monde, un tapis mouvant de corps et de têtes tournées vers le ciel. Les premiers feux éclatent dans le ciel, ils m'éblouissent et le bruit qu'ils font me surprend. Je me ratatine sur moi-même et met ma main ouverte en éventail devant mon visage tel un écran protecteur. D'autres fleurs explosent et peu à peu mes yeux et mes oreilles s'habituent. Bientôt, il n'y a plus que le ciel et moi. Des gerbes colorées jaillissent les unes après les autres et s'éteignent laissant derrière elles des nuages de fumées qui ont tôt fait de disparaître. Ces spectres gris des fleurs brillantes se fanent en effet aussi vite que leurs génitrices. Parfois, au moment où la fleur ouvre ses pétales en coeur apparaît un petit nuage gris semblable à une petite lune. Des applaudissements crépitent suivant la splendeur des bouquets, mais je ne m'y joins pas, il n'y a que le ciel et moi. Parfois, on dirait que ces feux scintillants, ces lucioles qui s'éteignent dans la nuit vont nous tomber dessus, mais ils n'achèvent jamais leur mouvement de descente. Il pleut de la lumière, mais elle ne vient jamais se poser sur nos vêtements. Mystérieux artifice ou magie des fées, ces feux sont un rêve qui passe dans le ciel.

mardi 4 novembre 2008

Le Livre Réalité


Les émissions dites de télé réalité sont terriblement à la mode depuis quelques années : on enferme les gens dans un loft, on les lâche dans la nature sauvage pour qu'ils survivent, on leur fait élever poules et cochons, on les tentent quand ils sont en couple, on leur propose de trouver l'amour à l'antenne en leur mettant sous le nez un harem, on leur apprend à devenir des stars. On écrit sur la télé réalité, qui est un fait de société tout à fait intéressant, ou bien on met en scène des émissions de télé réalité dans des livres pour les dénoncer ou être à la mode.


Maintenant, voici un nouveau concept : le livre réalité. Un écrivain est enfermé avec trois autres personnes dans une pièce qui fait à la fois office de chambre, de salon et de cuisine. Seules la salle de bain et les toilettes sont dans une pièce à part, une pièce qui a un rideau en guise de porte. L'écrivain doit retranscrire les faits et gestes des autres personnes sans interagir avec eux. L'expérience dure un mois et à la fin de ce mois, on obtient un livre réalité. Le gagnant devient le héros du livre et touche des droits d'auteur qu'il partage avec l'écrivain.

Il faut cependant préciser que pour gagner, il faut se démarquer des autres, être en quelque sorte plus héroïque dans cet espace réduit. L'écrivaine se doit d'être impartiale, même si les trois personnes dont elle doit retranscrire les gestes sont trois hommes dans la trentaine qui sont plutôt agréables à regarder. Il n'est pas question pour elle de jouer au juge quand des disputes éclatent entre les trois hommes qui se lassent de leur enfermement. Il ne faut sous aucun prétexte qu'une idylle naisse entre l'écrivaine et un de ses « personnages »... même si cela rendrait indubitablement le livre final plus passionnant.

lundi 3 novembre 2008

Une petite phrase de plus...


Marcher sans s'arrêter quelque soit la longueur du chemin, marcher toujours droit et longtemps, à contre courant, jusqu'à l'avenir des hommes.


vendredi 31 octobre 2008

L'éternel sommeil


A Odette

Ferme les yeux en paix,
Nous veillons sur ton sommeil,
Autour de toi, tout se tait,
Pourtant, demain brillera le soleil.


Sans toi. Toi, couchée dans la terre,
Tu reposeras en silence
A l'ombre des arbres, je pense.
Une dernière fois, je te serre


En pensées. Tu n'est plus là,
Mais, tout à l'heure, brillera
La lune. Les jours passent,
Ton souvenir jamais ne s'efface.


Nous te gardons dans nos coeurs,
Dors sans crainte et sans peur
L'oubli ne viendra jamais,
Attends-nous, s'il-te-plaît.

Cécile

jeudi 30 octobre 2008

Il était une fois - Episode 5


Tout le monde, du géant au lutin était grave, et certains même pleuraient. Soudain retentit un rire. Toutes les têtes se tournèrent vers l'endroit d'où provenait le rire et virent un grand Troll bien bâti en train se s'esclaffer.

– Pourquoi ris-tu ? demanda le Chef suprême.
– Je me disais qu'on avait l'air d'une belle brochette d'imbéciles pleurnichant sur leur sort, répondit insolemment le Troll.
– Janvier rira là où les autres pleurent. La prophétie se réalise. Ce troll est le premier mois annoncé par la prophétie. intervint un Oracle.
Ce coup-ci les têtes qui se tournèrent vers le grand troll n'avaient plus un air courroucé ou indigné. Le troll était devenu un héros. Le troll pas plus gêné que ça sortit de la foule.
– On va lui botter train hors du pays à ce mal ! proclama-t-il d'un air fanfaron.
– Un premier élu nous a été révélé. C'est bien. A présent, nous devons commencer la défense et pour cela rendre à Lostland ses couleurs. Les enchanteurs, sorciers et magiciens peuvent tout revêtir de blanc afin de contrer la noirceur dont le mal nous entoure et qui nous mine, déclara le Chef suprême.
– Il n'en est pas question ! s'exclama une voix dans le groupe des enchanteurs.
Une femme sortit du groupe, ses yeux charbons brillaient d'un éclat de feu, ses cheveux noirs virevoltant autour d'elle formaient un halo, et dans son visage blanc ressortait ses lèvres sang. Elle semblait littéralement indignée.
– Février s'opposera là où tous étaient d'accord. Voici notre deuxième mois, affirma un Oracle.
– Je m'en moque, rétorqua la femme. Ce que je sais, c'est qu'il n'est pas question que l'on rende tout blanc, le monde n'est pas noir ou blanc, mais désespérément gris. D'ailleurs le noir n'est pas une mauvaise chose, le noir de la nuit n'a jamais été menaçant constellé de ses astres étincelants de lumière. Rendons seulement à Lostland ses véritables couleurs, c'est la seule façon, expliqua la femme en rejoignant le troll.
– Sept élus devraient encore se révéler en ce jour, si on en croit la prophétie. Il nous faut identifier au plus vite les êtres désignés par le destin pour partir en croisade contre le mal, dit le Chef en martelant chacun de ses mots.
– Mais comment ? intervint une petite voix.
– Il faut laisser la prophétie suivre son cours, par ses paroles, elle nous éclairera en ce jour spécial. Mars osera parler là où les autres seront silencieux, répondit un Oracle.
– C'est tellement évident que c'est fabuleux ! s'exclama la même petite voix narquoise.
Le petit homme pas plus haut qu'une pomme qui avait parlé, s'avança.
– Alors, le trouvez-vous ce mois de mars ? cria-t-il alors que l'assemblée se taisait.
Puis soudain, il sembla réaliser que son acte concordait avec les paroles de la prophétie au sujet de mars. Il voulut filer de toutes ses petites jambes, mais Janvier alias le troll l'attrapa et le posa sur son épaule. Le lutin, un rouquin d'une centaine d'années grommela, mais ne bougea plus. On ne peut rien contre sa destinée.
– Avril est déjà une exception parmi les siens, continua un Oracle.
Il se produisit alors un mouvement dans la foule, et on poussa devant un étrange centaure. Il avait la peau écaillée et rouge, sa crinière et sa partie chevaline étaient blanche. Il ressemblait à un poisson : même ses yeux étaient globuleux ! Nulle parole ne fut utile et le centaure s'installa près des autres élus.
– Mai sera une éternelle opposition, annonça un Oracle.
La foule se regarda perplexe, mais le Chef suprême, lui, eut une réaction.
– Non, pas elle ! Nyssa, viens ici ! cria-t-il, d'un ton désespéré.
– Mais pourquoi ? interrogea une jeune elfe aux cheveux roses bonbon.
– La prophétie, Nyssa, la prophétie, tu es un des douze mois.
– Mais, je ne suis pas une éternelle opposition. Mais je ne veux pas partir.
– Tu n'as pas le choix ! Viens donc ici !
– Mais... mais, je te rappelle que je suis ta fiancée.
– Justement, tu dois te montrer raisonnable, viens !
– Mais...
– Viens, c'est un ordre !
La jeune elfe s'exécuta visiblement de très mauvaise grâce. Ses oreilles fines et pointues bougeaient nerveusement tandis qu'elle approchait gracieusement en balançant habilement des hanches. Ses grands yeux violets innocents étaient posés sur son fiancé, le Chef suprême et ils lançaient des éclairs.
– Juin sait son identité.
Parmi les Oracles, le seul humain se leva et rejoint les autres mois, c'était Pierrot, le garçonnet qu'avait déniché Ever.
– Juillet se sentira vieillir.

mercredi 29 octobre 2008

Un nouveau mot


Garanti, certifié introuvable dans aucun autre dictionnaire, mais déjà utilisé par un certain nombre de gens, une recherche Google vous le montrera.

HALLUCINANTISSIME (Adjectif) : ce qui est impressionnant et magnifique à la fois.

Cet adjectif est composé de l'adjectif " hallucinant" et du suffixe "issime" qui vient du suffixe latin -ISSIMUS, A, UM qu'on doit ajouter pour former le superlatif en latin.
Hallucinantissime, c'est quand c'est vraiment très hallucinant ! Hallucinant, non ?


mardi 28 octobre 2008

Tout ça à cause d’un ballon


Une idée réaliste et simple. On sonne à votre porte. Vous allez répondre et là vous entendez « Nous avons fait tomber notre ballon dans votre jardin. » Si vous êtes de bonne humeur et que ce n'est pas la dixième fois de la journée ou la trente-sixième fois de la semaine, eh bien, vous ouvrez. En général c'est une ribambelle de gamins qui s'engouffrent dans votre jardin à votre corps défendant.

Oui, mais pas cette fois. Cette fois-ci, c'est un adolescent qui a envoyé son ballon dans votre jardin...et vous, vous êtes une adolescente qui ne supporte pas le sport. Et là, c'est le début d'une histoire d'amour entre adolescents. Vous imaginez bien sûr qu'une histoire entre une anti-sportive et un sportif ne peut se dérouler sans rebondissements...


lundi 27 octobre 2008



L'artiste : marmite bouillonnante d'images et de mots.



vendredi 24 octobre 2008

Le chauffeur de bus a rendez-vous


Chaque fois qu'il s'arrête,

Il l'attend, il la guette.
Il a beau ralentir
Il ne la voit pas venir.

Au nouvel arrêt,
Il est plein d'espoir :
Il va la revoir !
Content, il est prêt,

Mais elle n'est pas là,
A chaque arrêt, il traîne,
Il a de plus en plus de peine,
Las ! Elle n'arrive pas !

Cécile



jeudi 23 octobre 2008

Chapitre 2 : Le Chef et les étoiles - Episode 4


Yvi inspira profondément, ça y est, le règlement du concours pour désigner l'être le plus valeureux de Lostland était écrit. Ces trois jours avaient été un véritable calvaire, car les disputes éclataient fréquemment entre les auteurs du règlement. Yvi remit une mèche miellée à sa place et regarda les autres : l'ogre affalé sur les brouillons semblait dormir, le centaure regardait pensivement ses sabots, l'elfe relisait les règles et le vieux troll...observait Yvi. La jeune fille se demanda pourquoi, mais ne dit rien, elle voulait savourer cet instant de calme et de repos, car elle savait qu'il faudrait ensuite mettre en route le concours, superviser le calcul des résultats... Bref un travail énorme l'attendait et il faudrait être à la hauteur de la tâche. Tristement elle constata que sa robe blanche était sale, sa chevelure terne, ses yeux remplis de fatigue. Ce n'était pas que son apparence soit véritablement importante, mais elle se sentirait mieux pour affronter la suite des évènements si elle était lavée et reposée. Tout à coup le troll se leva.
– Mes amis, je crois qu'il est temps de rapporter les fruits de notre labeur, enfin le début. Il faut que des messagers soient dépêchés et propagent la nouvelle du concours. Rédigeons donc une missive claire expliquant les bases, anonnça-t-il après s'être râclé trois fois la gorge.
– Allez-y, je prends note du message, répondit l'elfe en brandissant l'une de ses plus belles plumes.
– Avis à toute la population âgée de vingt à quarante ans, un concours est ouvert pour déterminer qui sera le Chef suprême de Lostland. Tout d'abord, il y aura deux épreuves d'élimination qui se dérouleront séparément dans chacune des races : une épreuve de force comportant des combats à l'épée, à la hache, au poignard, au javelot entre les participants, puis une épreuve d'intelligence comprenant des exercices d'écriture, de compréhension et de calcul. Les meilleurs participeront au concours et seront informés de la suite des épreuves. Les épreuves débuteront dès que cet avis aura été lu, déclara le centaure. Chaque auteur du règlement sera l'organisateur dans sa race, ajouta-t-il.
– C'est peu clair je trouve, protesta l'ogre qui tapa son gros poing sur la table, manquant de renverser celle-ci.
– Et comment, môsieur ? demanda le centaure en frappant vivement ses sabots sur le sol.
Yvi, consciente que la situation risquait de dégènérer, intervint.
– Ce serait mieux d'être plus explicite...Avis à la population comprise entre vingt et quarante ans, un concours est ouvert pour nommer le Chef de Lostland.. Les épreuves éliminatoires organisées dans chacune des races par l'un des auteurs du règlement sont en deux parties : d'abord, une épreuve de force, puis une épreuve d'intelligence. Les gagnants se verront informés alors de la suite des épreuves, suggéra Yvi.
– C'est moins précis et trop simpliste ! protesta bruyamment le centaure vexé.
– Cela à l'avantage d'être clair comme de l'eau d'ogresse, rétorqua l'ogre.
– L'eau d'ogresse est une des plus sales que je connaisse ! s'exclama le centaure.
– Cette version est meilleure, mieux construite et à la portée de tous, déclara l'elfe.
– Arrêtez de discutailler, le temps file ! s'écria le vieux troll.
– C'est exact, allons transmettre cet avis avant de rejoindre chacun notre race pour tenir notre rôle d'organisateur, dit Yvi. Mais avant, je suggère d'aller nous rafraîchir un peu, ajouta-t'elle.
– C'est bien une idée de bonne femme, ça, de se rafraîchir ! s'exclama le centaure, toujours fâché.
– Ma foi, il vaut mieux bien présenter vu la position que nous occupons, murmura le troll pensivement.
Cette fois-ci, nul ne protesta et tous s'en furent, heureux de se débarrasser des autres qu'ils avaient dû supporter vingt quatre heures sur vingt quatre ou presque pendant les trois derniers jours. Chacun alla donc remplir son contrat avec la destinée...et se rafraîchir.

Le concours se déroula sur plusieurs semaines. Peu à peu le nombre des participants se réduisit. Aux épreuves éliminatoires succédèrent des épreuves de courage, de ruse, de sens de l'honneur, de psychologie, de diplomatie, et de connaissances des différentes races. La dernière épreuve trancha et celui qui avait obtenu le meilleur score, un elfe, obtint le titre de Chef suprême de Lostland. Au même moment où l'on l'acclamait, le ciel s'assombrit, vira au noir et une pluie violente se déclencha : le mal était libéré. Tout se recouvrit de noir ou de gris, même les habits que portaient les gens. Le monde était recouvert de cendres et de charbon. Les Oracles l'avaient prédit, mais personne n'avait pu imaginer une telle horreur. Le tout nouveau chef fut très bien, il réunit le maximum de gens devant le château, s'entoura d'Oracles, des participants au concours qui avaient failli se voir décerner le titre de Chef suprême, les organisateurs et évidement la famille de Pouly à qui appartenait le château accompagné de leurs fidèles serviteurs, les Skins, puis il fit une longue déclaration :
– L'heure est grave mes amis, le mal est de nouveau présent dans Lostland et l'ancienne prophétie raconte que douze personnes, chacune née d'un mois différent, chacune d'une race différente partiront combattre le mal tandis que les autres devront lutter passivement sur place. Des douze mois, neuf se révèleront par leurs paroles tandis que les autres ne se rencontreront qu'après le début de la quête. Avant de continuer à vous parler de la prophétie, je voudrais vous dire, mes amis, que nous devons nous y plier et ne pas outrepasser notre rôle de défenseur. Le reste appartient aux élus.

mercredi 22 octobre 2008

Le portrait (texte court)


Le temps s'est figé, un instant, le rayon de soleil n'a plus bougé, il est demeuré là baignant son visage d'une douce lumière dorée. Ses yeux étaient mi-clos, afin de se protéger de celle-ci, mais sous le rideau de cils, on pouvait tout de même voir l'expression mélancolique et inquiète qu'ils avaient gardés. Ils étaient immobiles, mais il me semblait que d'un moment à l'autre, ils allaient exprimer autre chose. Et cette main sans mouvement qui remettait d'un geste habituel une mèche de cheveux rebelle, ne reviendrait-elle pas se poser sur l'accoudoir du fauteuil ? D'ailleurs, son autre main, blanche et fine s'y trouvait déjà, se détachant avec netteté sur le bois poli, brillant et usé par les multiples mains qui s'y étaient appuyées. L'ombre noire atteignait ses jambes, les cachant et ne laissant distinguer que leurs formes imprécises ; cependant, la clarté avait gagné sur l'obscurité en montrant l'un de ses pieds. Celui-ci reposait sur le tapis comme un joyau sur son écrin : il était mignon, fragile et chaussé d'une simple sandalette qui dévoilait la chair rose et tendre. Tout à coup, je voulus que la lumière se déplace ; j'étais déchiré entre l'envie de rester prisonnier de cet instant et celui de savoir ce qu'il y avait après...Peut-être un rayon caresserait ses jambes me permettant de les voir, mais était-ce préférable ? L'ombre, elle au moins laissait galoper l'imagination.

Mon regard remonta et s'arrêta sur sa taille si mince que deux grandes mains en auraient fait le tour, elle était serrée par une ceinture violette qui chatoyait dans le soleil. Un rai de lumière égaré m'amena à un amas de plis bleus d'où émergeait une épaule d'une rondeur charmante, en suivant la courbe de celle-ci, on parvenait à un cou de cygne blanc. Puis un pétale rouge attira mon attention, c'était une bouche adorable, ouverte sur de petites dents nacrés... et, là, près de la lèvre une fossette était creusée. Ses grands yeux m'appelèrent, c'étaient deux grands lacs où l'on aurait voulu plonger, et peut-être même s'y noyer. Dans leur profondeur brillait une infinité de paillettes aux tons les plus inattendus : de l'argent, de l'or, du violet... Ils étaient surmontés par deux longs sourcils recourbés et dessinés à la perfection, et à qui la lumière donnait un éclat remarquable. Au-dessus d'eux, le front blanc, marqué d'un pli pensif était entouré par le halo doré que formait sa chevelure ensoleillée. A travers cette soie miel, on apercevait un lobe d'oreille un peu enfantine, mais qui était quand même ornée d'une perle. Je réalisais enfin, combien ce lambeau de temps était précieux : l'horloge du temps avait interrompu sa course, laissant cette scène capturer un rayon de soleil. Une question passa dans mon esprit, comme un oiseau dans le ciel et s'y nicha : combien de choses manquait-on, combien de détails échappaient à notre regard lorsque le temps continuait sa marche ? La richesse d'un instant se révéla évidente. J'aurais donc pu rater ces yeux, ce pli au front, ce rayon fugitif, tout cela aurait changé sans que je le remarque ! J'émis de vains regrets sur tout ce qu'on perdait, avant de comprendre ce qu'on m'avait offert. Brusquement l'aiguille de l'horloge se déplaça sur le cadran, passant à la minute suivante : le soleil s'assombrit, la main retomba sur l'accoudoir, la ceinture reprit sa teinte terne, le pli et la fossette disparurent, la bouche se referma, les yeux devinrent inexpressifs, les paupières papillonnèrent...Avais-je donc manqué un mouvement du pied, le glissement d'une mèche folle ? Je ne le saurais jamais.

mardi 21 octobre 2008

Le poète du placard


L'idée est dans le titre. Envisagé comme roman, il est évident que cette idée d'un jeune homme poète qui aime s'installer dans les placards ne pourrait être qu'une nouvelle. Notre jeune homme aime la solitude, mais pour des raisons financières, il vit en colocation avec deux autres étudiants du même âge que lui. Or, dans cet appartement, il y a un grand placard enfoncé dans le mur dont la porte se plie en deux et le jeune homme qui aspire à la solitude, aime s'y réfugier. C'est son chez lui, son lieu de méditation et de prédilection. Ce placard est comme le ventre de sa mère. A l'intérieur de celui-ci, il existe sans tout à fait exister, comme s'il n'était pas encore né, car dans ce placard, il est plongé dans l'obscurité, replié sur lui-même et en retrait du monde. Et dans cet univers de nuit où tous les bruits sont étouffés, il ne demeure plus que la pensée. Le souffle d'un poème vient alors effleurer le jeune poète. Il joue avec les mots dans sa tête, compose les vers dans son esprit avant de sortir à regret de son placard pour les coucher sur le papier et faire naître le poème au monde...