– Juillet se sentira vieillir.
A l'annonce de ses mots, Yvi eut l'impression qu'on l'a frappait. Elle crut entendre une horloge dont les coups se mirent à sonner de plus en plus vite. Une de ses mèches blondes vira au gris, et en passant sa main sur son front, elle constata que quelques rides s'étaient formées. Sans un mot, elle alla rejoindre les autres avec sa mèche grise dans blonde chevelure comme preuve qu'elle était bien le mois de juillet de la prophétie.
– Août naîtra du chaos.
A peine l'Oracle avait-il prononcé ses mots qu'une sphère irisée sortit du néant, flotta un instant au-dessus de la foule qui se dispersa, craignant une attaque vicieuse du mal. Les gens avaient eu bien raison de s'écarter, car la boule descendit brusquement vers le sol avec violence. Le choc l'a fit éclater en morceaux dévoilant une curieuse créature. C'était un lion à la somptueuse crinière.
– Qui es-tu ? Que viens-tu faire ici ? questionna le Chef.
– My name is Kinglion. I don't know...
– Pourrais-tu parler le langage universel de Lostland, étranger?
– Bien sûr. Mais je trouve que l'autre langage est plus distingué et correspond mieux à mon personnage. A vrai dire, j'aimerais bien qu'on me dise ce que je viens faire ici, est-ce possible ?
– Etranger, si tu es né en août et que ton apparition était une naissance dans le chaos, alors ta destinée est tracée.
– Encore une quête ! Ah ! J'en ai assez, je veux dormir, voilà plus de deux mille ans que j'accomplis des exploits, j'aspire au repos...
– Etranger, si tu es un héros, alors acceptes cette nouvelle quête.
– Je ne m'appelle pas Kinglion pour rien. Je suis d'accord ! Mais de quoi s'agit-il au juste ? Sauver le monde, une damoiselle en détresse ? demanda négligemment Kinglion.
– Silence ! intervint un Oracle. La prophétie parle par ma bouche. Il est l'heure de révéler qui sera le mois septembre. Tes futurs compagnons de route te donneront tous les détails nécessaires.
– Septembre sera un preux, le premier qui osera, annonça Pierrot, volant la vedette à l'autre Oracle.
– Moi, moi ! Je suis né en septembre. Je suis chevalier ! cria un jeune homme en levant haut le bras dans la foule.
– Ainsi soit-il. Toi et tous tes compagnons partiront d'ici une heure pour combattre le mal, déclara le Chef suprême.
Et c'est ainsi que quarante-cinq minutes plus tard, le grand troll, et le lutin qui étaient prêts depuis une demi-heure allèrent voir un peu ce qui retenaient leurs compagnons. Ils furent conduit très obligeamment par Never aux appartements de la sorcière. En chemin ils croisèrent le centaure et le lion qui attendaient également le départ avec une certaine impatience.
Ignorant Never qui semblait hésiter à frapper, par peur peut-être d'être changé en crapeau, le troll cogna avec force sur la porte de la sorcière et celle-ci apparue. Oui, une véritable apparition. Elle était moulée dans un costume noir, et ses cheveux couleur suie étaient remontés en un savant chignon qui mettait en valeur la courbe de son cou. Le troll en resta bouche bée d'admiration, le lutin s'immobilisa, le centaure ouvrit des yeux ronds et le lion saliva bruyamment.
– Qu'est-ce qu'il vous arrive ? Ne m'énervez pas ou je vous change en crapaud !
Never opéra une prudente retraite tandis que les quatre compères faisaient un effort pour se reprendre.
– On venait voir si vous étiez prête, tiens donc ! s'exclama le lutin, plus prompt que les autres à se remettre.
– Pas encore, je ne sais pas trop ce qu'il faut emporter. Surtout que mes potions sont très encombrantes...
– Ce n'est pas dur, une couverture, une arme, une gourde, un casse-croûte et c'est réglé, affirma le troll qui fut approuvé d'un signe de tête par le lutin.
– On a même besoin de rien du tout, contra le lion.
– Vous sûrement, mais pas moi ! lança la sorcière en levant les yeux au ciel. Ceci dit, tu as peut-être raison Kinglion, il ne me faut rien, excepté la formule de téléportation d'objets à distance, reprit la sorcière.
– Et si nous partions chercher les autres, suggéra le lutin.
– Bien sûr allons-y, approuva la sorcière.
Ils n'eurent pas trop de mal à trouver Yvi, le chevalier et le petit Oracle qui attendaient sagement au tournant d'un couloir, mais dénicher l'elfette se révéla beaucoup plus compliqué. Quand ils la trouvèrent enfin, ils découvrirent avec horreur qu'elle continuait à empiler des affaires à emporter pour le voyage. Derrière la jeune elfe des malles s'accumulaient.
– Êtes-vous prête ? Je vous rappelle que nous ne devons pas nous encombrer, intervint Yvi avec tact.
– Mais bien sûr. Une dernière malle et ce sera fini, mais il faut que vous attendiez encore un peu, expliqua l'elfette pas gênée du tout.
– On attendra que vous vous décidiez à n'emporter qu'un sac à dos et c'est le maximum ! grommela le troll.
– Mais je ne veux pas me séparer de mes affaires, espèce de butor ! De toute façon, je ne veux même pas partir, mais évidement mon doudou, ce *** de fiancé, a ordonné mon départ et menacé de ne pas m'épouser !
– Faudrait peut-être se décider, on doit partir, aboya le troll soutenu visiblement par les autres.
– Mais non, pas maintenant.
– Hep princesse, prépare donc un sac pour la miss et on met les voiles, lança le troll à Yvi en attrapant l'elfette par le haut de sa tunique.
– Mais, mais....espèce de brute, lâchez-moi ! Posez-moi à terre vous dis-je ! Vous m'entendez c'est un ordre ! Doudou vous tuera !
– Je crois plutôt qu'il nous remerciera de vous éloigner de lui. Je me demande même comment il a pu vous trouver à son goût, rétorqua le troll.
Las ! Les invectives continuèrent à pleuvoir sur le troll et ses compagnons jusqu'à ce qu'ils se soient éloignés du château où Pouly dormait d'un sommeil paisible.
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