jeudi 13 novembre 2008

Episode 7 - Chapitre 3 : Le voyage


Quand l'elfette s'arrêta enfin de râler, le silence tomba comme une chape de plomb sur les neuf compagnons. Ils ne se connaissaient pas et n'avaient rien à se dire. Les pattes de Kinglion étaient silencieuses sur la route grisâtre et le lutin perché sur l'épaule du troll ne bougeait pas d'un pouce. On entendait juste le martèlement des sabots des chevaux et du centaure. Finalement, Yvi, après un soupir, songea qu'il fallait intervenir. Ils allaient devoir se supporter pendant un temps indéterminé et affronter le mal, alors il fallait mieux qu'ils apprennent à se connaître.
– Kinglion, tu ne voudrais pas te présenter, tu nous a tous intrigués en sortant du néant , dit Yvi, brisant le silence.
– Oh, il n'y a pas grand chose à raconter. Je suis maudit. La malédiction qui pèse sur moi m'oblige à partir de quêtes en quêtes sans que j'ai mon mot à dire. Seul la mort par le sang, l'amour éternel ou l'ultime sacrifice peuvent rompre la malédiction. Bref, des bagatelles, et maintenant, si on m'expliquait ce qu'on est parti faire au juste ?
– On part botter le train au mal ! s'écria le Troll.
– Mais où est-ce qu'on se rend comme ça ? interrogea l'elfette qui avait fini par se calmer.
– C'est vrai ça, où va-t-on ? interrogea le centaure.
Le centaure regarda le troll, qui se tourna vers le lutin, dont les yeux se posèrent sur la sorcière, qui se détourna vers le chevalier, qui lui-même dirigea son regard vers Yvi, qui, elle, darda de ses yeux perçants le petit garçon, l'Oracle.
–Eh ! Ne me regardez pas comme ça ! Je sais où on va, il est vrai. La prophétie le dit :
« L'aube se leva sur le monde et éclaira le mal de sa lumière. La ville sanglante brisée par les cauchemars envoyés par le mal sera l'aboutissement. Toutes les péripéties qui se dérouleront entre le départ et l'arrivée à cette ville ne sont pas encore écrites. Tout peut arriver. Seul les noms des trois compagnons encore absents sont connus. Octobre est mort, mais vivant, Novembre est la grandeur, la souplesse et la sauvagerie, et Décembre, le coupable innocent. » expliqua Pierrot
– En clair, ça veut dire quoi ? demanda le troll en se grattant la tête.
– Direction le soleil levant ! Bref tout droit vers l'est ! s'écria le garçonnet, vaguement excédé.
– Bien sûr, j'avais compris, dit le Troll vexé.
– Quelle mauvaise foi ! s'exclama le lutin.
– Je ne peux pas être de mauvaise foi, parce que mon prénom est Vérité, Vérité Foi, protesta le Troll.
– Non, c'est vrai ça ? interrogea le centaure qui riait doucement.
– Pourquoi est-ce que je raconterais des mensonges ? Et puis moi, au moins, je me présente, ce n'est pas comme d'autres...répondit le Troll
– Tu veux des présentations, en voici, je m'appelle Ornella Schwartz, sorcière. Et tous ceux qui m'énervent n'ont qu'à bien se tenir, sinon je les change en...
– Crapauds, interrompit vivement le lutin.
– Azarmilko daucrap esvria vermiko, dit calmement Ornella.
Le lutin disparut dans un éclair et se transforma en.....araignée ! Le troll, Vérité, se mit à hurler.
– Virez-moi cette...cette...bestiole de l'épaule !
Ce fut l'éclat de rire général. Il faut dire que voir ce grand gaillard poilu, qui à lui seul avait l'air terrifiant se dandiner d'un pied sur l'autre pour qu'une malheureuse araignée se carapate, c'était comique.
Enfin, Ornella eut pitié et d'un claquement de main retransforma l'araignée en lutin. Celui-ci se mit à bouder, ce qui fit rire tous ces compagnons sauf le troll, car il était mortifié de s'être donné en spectacle et en plus d'avoir dévoilé involontairement son talon d'Achille : les araignées. Eh oui, pour faire fuir le troll, il ne fallait pas un monstre, mais une malheureuse minuscule araignée !
– Allons, ce n'est pas gentil de se moquer ainsi, chacun de nous à ses petites faiblesses et ils seraient de bon aloi que les autres les connaissent. Qui plus est, il ne faut surtout pas se fâcher entre nous, car nous aurons besoin d'être unis envers et contre tout, déclara la sage Yvi pour adoucir les fiertés blessées.
– Avouer nos faiblesses, ne rions pas, c'est confidentiel, protesta le chevalier.
– « Le secret sera la perte des douze mois et la connaissance précède la victoire », cita Pierrot qui semblait connaître par coeur la prophétie.
– Il est vrai que du point de vue militaire, connaître les forces de ces soldats et leurs faiblesses est indispensable, ajouta le centaure.
– Ma faiblesse est ma force, c'est ma petite taille. Au fait, je me nomme Libellule, dit le lutin.
– Avons-nous nécessairement des faiblesses ? questionna Ornella avec une petite moue dubitative.
– Si tu penses ne pas en avoir, c'est tout simplement que ta faiblesse est ta trop grande confiance en toi, répondit fort justement Yvi.
– Et toi, quelle est ta faiblesse ? interrogea la sorcière agacée.


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