lundi 26 septembre 2011

Introuvable

Chercher est aisé, trouver est compliqué.

vendredi 16 septembre 2011

Autre

Poli, usé par les ans
Qui passent trop vite et trop lentement,
Incapable de me couler dans le moule,
Isolé dans la foule,
En quête d'un oasis introuvable,
Si différent et si semblable,
S'imaginant autre.

mardi 6 septembre 2011

Un monde de boîtes

Il y a des clientes, à peine sont-elles entrées dans la boutique qu'on sait qu'elles vont nous mener la vie dure. Pas besoin d'avoir beaucoup de jugeote pour deviner qu'elles vont vouloir essayer des dizaines de paires de chaussures pour finir par n'en acheter aucune. Et, nous pauvres vendeurs et vendeuses esclaves, nous n'avons qu'à subir les caprices de notre reine du moment, dès fois que par miracle, elle se déciderait à passer à la caisse ! Nous, nous n'avons qu'à garder un sourire impassible aux lèvres tout en courant après la boîte à chaussures désirée. Escarpins rouge, taille 37. La même en noire. Baskets, taille 36. Ballerines lilas. Toutes les couleurs et toutes les formes y passent. Si bien qu'à la fin, les boîtes à chaussures s'entassent à côté de la cliente qui face à la glace, la moue aux lèvres, fait tournicoter son pied, jamais convaincue. La chaussure est trop juste, la couleur trop terne, la forme trop austère. Et nous pauvres vendeurs, nous n'avons qu'à repartir en quête de nouvelles boîtes contenant des paires différentes.

C'est justement un jour de cliente difficile qu'il se produisit quelque chose d'inédit. Moi et mon collègue, Léon, nous tenions la boutique, quand une cliente aux grands pieds débarqua. Pointure 43 pour une femme, c'est toujours délicat. Le choix est moins important et certains modèles n'existent pas dans cette taille. La jeune femme allait donc de déceptions en déceptions, s'échinant à rentrer son pied dans des chaussures trop petites et m'obligeant à fouiller dans l'arrière-boutique pour trouver une paire correspondante à sa pointure. Avec peine, je finis par dénicher une boîte en carton contenant des sandales blanches à la grecque taille 43. Seulement arrivée devant la cliente, pas moyen d'ouvrir la boîte, le couvercle devait être collé ou quelque chose dans ce goût-là. Voyant que je peinais, Léon intervint, mais n'eut pas plus de succès que moi. La cliente, elle, s'impatientait. En désespoir de cause, je finis par utiliser un cutter pour découper le haut du couvercle et extraire de la boîte les chaussures convoitées. Mais malgré mes précautions lors du découpage, le cutter dérapa et vint entamer une lanière de la sandale de gauche. La cliente râla, m'accusant d'avoir fait exprès d'abîmer la seule paire qui eut pu lui convenir, puis, à ma grande surprise, fondit en larmes : jamais elle ne trouvait chaussures adaptées à ses pieds longs et larges comme des pattes de canard ! Léon, attiré par les sanglots, vint s'agenouiller près d'elle tel un chevalier servant :
- Nous pouvons commander une autre paire à cette pointure, vous savez.
La cliente aux grands pieds pleura de plus belle et gémit:
- De toute façon, même si je porte de jolies chaussures, tout le monde continuera à se moquer des mes pieds de géante.
- Mais pourquoi ? Ils ne sont pas vilains du tout vos pieds, et croyez-moi, j'en ai vu des paquets. Ils sont peut-être grands, mais vous avez des orteils bien proportionnés et des ongles manucurés du plus bel effet.
Les sanglots de la jeune femme se calmèrent.
- Vraiment ? balbutia-t-elle.
- Oui, vous êtes très mignonne.
Je ne sus jamais de quoi Léon et elle parlèrent ensuite, car je dus aller m'occuper d'une autre cliente, toujours est-il que ce jour-là, grâce à une boîte qui ne voulait pas s'ouvrir, une cliente difficile trouva paradoxalement chaussure à son pied !