Les regarder s'échiner à ouvrir la boîte était vraiment amusant. Ils étaient tous les trois dessus, tournant et retournant la clef dans la serrure, ne comprenant pas pourquoi cela ne fonctionnait pas, s'interrogeant mutuellement, se rejetant la faute.
C'était Damien qui avait dû la casser en prétendant être un pickpocket. Ou peut-être était-ce la faute d'Henri qui avait trouvé drôle d'essayer la petite clef dans une autre serrure. A moins que ce ne soit à cause de Pierre qui avait laissé tomber la boîte par terre, pas plus tard qu'hier !
Les entendre se disputer était vraiment cocasse. Je savais bien, moi, pourquoi elle ne s'ouvrait pas. Nous avions décidé ensemble la veille qu'il en serait ainsi. C'était une façon comme une autre de punir ces trois galopins qui se permettaient de faire tout et n'importe quoi. Et assurément, cela les obligeait à réfléchir à leurs actes.
Sentir leur frustration grandir était une douce revanche. Ils payaient pour leurs bêtises ! Cependant, goûter à ce plaisir avait un prix. La boîte était secouée dans tous les sens, passant des mains de Damien à celles d'Henri, et de celles d'Henri à Pierre avant de revenir à Damien. Les trois chenapans, chacun à leur tour, manipulaient la boîte sans ménagement, essayant chacun à leur façon de faire céder la serrure.
C'en était trop et la boîte s'ouvrit malgré mes protestations muettes. J'étais furieuse, moi la dame qui en ornait le couvercle. J'aurais voulu que nous restions plus longtemps en grève. Certainement, cette brève révolution ne suffirait pas à changer durablement les façons de faire de ces trois garnements !