mercredi 24 février 2010

Marc et Animia - Episode 39

Chapitre 10 : Les premiers jours... - partie 3/3

Quand je sortis de mon sommeil, Rsim-Agrop m’observait d’un œil inquiet.
– Qu’est-ce qu’il se passe ? demandai-je troublé.
– Il y a que ça ne guérit pas comme il faut et que la peau de Mungien se soude à celle des Lombriens.
– Hein ? Quoi ! criai-je.
La peur et la panique entraient dans mon esprit et le submergeaient.
– Calme-toi Grimfilk, ce n’est pas si catastrophique, le problème c’est que ton corps risque d’être perturbé de n’avoir plus qu’une peau.
Je devais me réveiller, tout ceci n’était qu’un terrible cauchemar.

Le plus « drôle » dans l’histoire c’est que je me réveillai à cet instant précis pour voir le visage souriant de Rsim-Agrop penché au-dessus de moi.
– Tout est pour le mieux, ta guérison est sur la bonne voie, annonça l’Assorien.
– Je ne fais pas un rêve n’est-ce pas Rsim ?
– Non, mais pourquoi ?
– J’ai fait un cauchemar, comme quoi mes deux peaux se soudaient ensemble...
– Rassure-toi, c’est déjà arrivé à des patients d’imaginer le pire ou des choses graves sur leurs maladies pendant le sommeil artificiel, dit l’Assorien sans se moquer de ma bêtise à propos de mon cauchemar.
Dès que je fus sortis de la maison de l’Assorien, Animia me dit :
– Dépêche-toi, il faut que l’on rentre !
– Au revoir Rsim, à la prochaine fois ! annonçai-je à l’Assorien qui était sur le pas de sa porte.
– Oui, c’est ça ! grommela Animia.
Nous nous installâmes dans l’appareil qui décolla immédiatement, j’allais lui demander quelle mouche l’avait piquée quand elle se mit à parler :
– Mes parents sont rentrés, ils m’ont appelé et ils veulent mettre les choses au point et t’établir un emploi du temps. Ils te trouvent imprévoyant, mal organisé et fainéant car tu n’as encore rien prévu pour t’occuper durant ton séjour.
– Les ennuis commencent ! murmurai-je.
Nous arrivâmes près de la maison des parents d’Animia qui était toujours encerclée par une masse de journalistes, mais curieusement personne n’avait pensé à assiéger les hauteurs aussi nous passâmes sans problème. Hélas, les véritables ennuis étaient à l’intérieur, et pourtant il fallait y entrer !
– Animia, va rejoindre ta mère en haut, laisse-nous seuls, nous allons avoir une conversation. Ne viens ni nous interrompre, ni nous déranger ! déclara le père dès que nous furent entrés.
Animia partit sans un mot me laissant affronter la colère de son père.
– Vous n’aviez pas mon autorisation pour annoncer que vous étiez fiancé à Animia, c’est moi qui m’occupe de ma fille, vous n’avez aucun droit sur elle. Votre comportement envers ma fille est tout bonnement inacceptable, vous salissez sa réputation et vous vous montrez indécent. J’en ai assez de tous ces journalistes qui restent devant la porte, trouvez un moyen de vous en débarrasser puisque c’est à cause de vous qu’ils sont là...
– Je...
– Taisez-vous ! Et ne m’interrompez plus ! Qui vous a permit de ramener mon frère comme ça ! Et puis vous n’êtes pas chez vous, vous ne pouvez pas vous permettre de faire tout et n’importe quoi. Quel fainéant vous faîtes ! Vous n’avez pas prévu de faire la moindre chose, d’établir le moindre emploi du temps. En plus, pour couronner le tout vous êtes impoli, vous n’avez même pas daigné manger le premier repas que ma femme avait préparé. Et ne croyez pas vous excuser avec vos fausses blessures ! Vous avez intérêt à suivre mes ordres à la lettre, vous avez déjà fait assez d’erreurs comme ça.
Enfin, il s’arrêta de parler, et un instant je restais muet de saisissement. Il n’avait pas à m’accuser dans son discours de cette façon !? Pris de colère, sans réaliser vraiment que je parlais à un adulte, je ripostai :
– A votre tour de m’écouter...
– Mais...
– Je vous ai écouté, c’est à vous maintenant ! Et sans m’interrompre ! Premièrement, je sais bien que je n’ai aucun droit sur Animia et j’ai précisé aux journalistes que je n’étais pas un fiancé officiel, si après les journalistes inventent ou déforment mes propos je n’y puis pas grand chose. Deuxièmement, je suis l’ami d’Animia et elle est assez grande pour considérer ce qui est indécent ou pas, par ailleurs je ne pense avoir été incorrect. Troisièmement, pour les journalistes, veuillez croire que je n’apprécie pas trop non plus leur présence, de toute façon je pensais trouver le moyen d’organiser une conférence pour répondre à leurs questions en une seule fois afin qu’ils ne viennent plus me déranger. Et je vous rappelle, que ce n’était pas prémédité que je devienne célèbre et que ce n’est pas vraiment de ma faute ! Quatrièmement, je ne pouvais pas prévoir que votre frère Samsy Garence prenne la même navette que moi, de plus vous ne sembliez pas fâché de le revoir. Cinquièmement, je sais bien que je ne suis qu’un invité dans cette maison et il ne me semble pas être sorti de ma position. Sixièmement, pour l’emploi du temps, je pensais que la moindre des politesses était d’obtenir votre accord pour l’organisation de mon emploi du temps, savoir si vous aviez prévu des choses ou pas ; enfin, par ailleurs, on a le droit d’être un peu fainéant quand on est en vacances, on peut profiter d’un repos bien mérité puisqu’on a travaillé avant. Septièmement, c’est vrai que j’ai dormi alors que vous dîniez mais j’ai été éprouvé par le voyage. Vous auriez très bien pu me réveiller pour ce repas et à part ça, je ne crois pas avoir été impoli, de plus peut-on exiger de quelqu’un d’être poli si l’on ne l’est pas soi même et vous avez été impoli avec votre discours plein de critiques. Huitièmement, mes blessures sont d’authentiques blessures, voyez ma cicatrice ! En conclusion, vous ne pouvez pas demander à une personne normale de devenir parfaite, je ne suis pas sûrement pas quelqu’un d’irréprochable, mais vous non plus!
Je me tus tout essoufflé par ma longue tirade. Ce fut son tour de rester muet.
Ça lui a bouclé le clapet au vieux, pensai-je avec une certaine satisfaction.
– Monsieur Gastorien, je dois reconnaître que vous avez raison sur plusieurs points, de plus vous êtes un Mungien adulte et non plus un gamin, je n’avais donc pas à vous faire cette leçon de morale et j’aurais dû vous laisser vous expliquer.
Je lui jetai un regard surpris, j’étais étonné de son abdication. Il est vrai que sur Terre, si j’avais répondu de cette façon à un professeur ou à un quelconque adulte, j’aurais été réprimandé pour mon insolence. Je bénis le fait qu’un Mungien soit indépendant et considéré comme un adulte à quinze ans. Remarquant soudain que le père d’Animia attendait ma réponse, je lançai :
– Vous pouvez m’appeler Grimfilk, je crois que maintenant que les choses ont été mis au clair, nous pouvons nous respecter mutuellement. J’essayerais de ne pas transgresser vos règles et vous, de comprendre mon opinion. Je m’excuse d’avoir répliqué un peu violemment à vos propos.
– C’est d’accord, je vous autorise donc à continuer de dire que vous êtes fiancé à l’essai.
– Les nouvelles paraissent vite !
–Vous êtes la vedette du moment, mais cela ne durera pas.
Nos relations s’amélioraient un peu et je m’en félicitais. Il avait fait une concession pour le fiancé, c’était à moi d’en faire une.
– Et si nous organisions mon emploi du temps avec votre femme et votre fille ?
– Bonne idée ! Prévenons les par le haut-parleur.
Le père d’Animia se pencha tourna une manette qui se trouvait sur le pied de son siège et dit :
– Animia, Plantunia ! Venez donc au salon je vous prie.
Le message se répéta plusieurs fois avant de s’arrêter à l’entrée de Animia et de sa mère dans la pièce.
– Nous allons mettre au point l’emploi du temps de Grimfilk pour la durée de son séjour, annonça le père.
– Il était temps ! s'exclama la mère.
– Je pense que c’est possible d’organiser une conférence réunissant les journalistes pour demain, dis-je.
– Bien, la matinée de demain est donc prise, acquiesça le père.
– L’après-midi, je propose que Grimfilk m’aide pour mes achats, suggéra Animia.
– Bien ! accorda le père.
– Et le soir Grimfilk m’accompagne au bal des anciens ! termina Animia.
– La journée suivante, je fais du tourisme, dis-je.
– Bonne idée ! s’exclama le père.
Je n’étais pas ravi que l’on ne me donne pas trop le choix pour mes activités, mais je ne voulais pas détruire la paix fragile qui s’était instaurée entre le père d’Animia et moi.
– Ensuite, j’aimerais bien retourner voir mon ami l’Assorien, et je pourrais passer l’après-midi avec Animia, proposai-je.
– Ça va, mais vous passerez le jour suivant avec nous. Avec moi le matin et avec Plantunia l’après-midi, dit-il.
– Il reste encore un jour, je pense que nous pourrions organiser une fête pour son départ le lendemain, termina Plantunia.
– Et voilà ton agenda avec ton emploi du temps ! s’exclama le père en me tendant un minuscule ordinateur dans lequel il avait enregistré nos propositions au fur et à mesure.
Je le pris et le gardai à la main. Je trouvai que mes vacances s’annonçaient moins bien que je le croyais, je n’aimais pas cet emploi du temps car il me semblait qu’il n’y avait plus d’imprévus et donc plus de surprises, c’était désagréable !
– Bon, maintenant il faut prévenir des gens afin qu’on puisse ensuite appliquer l’emploi du temps sans problèmes, annonça la mère.
Animia lança à chacun une sorte de téléphone et une espèce de calculette qu’un robot vert et blanc venait de lui apporter. Elle avait dû lui en donner l’ordre alors que son père me donnait l’agenda ou alors au moment j’avais été perdu dans mes pensées. J’observai un instant la « calculette » avant de deviner que cela devait être une sorte de Bottin. Je tapai le nom de l’Assorien et un numéro apparut (j’avais eu une bonne intuition en pensant que la « calculette » était en réalité un bottin, ma matière grise avait dû chercher le rapport qu’il y avait entre un téléphone et une « calculette. ») Je pris le téléphone et je composai le numéro. Une voix de femme me répondit :
– Bonjour ! Que voulez-vous ?
– Est-ce que Rsim-Agrop est là ?
– Qui êtes-vous ?
– Je suis un ami de l’Assorien, pourquoi ?
– Quel est votre nom ?
– Mar... Grimfilk Gastorien !
– Le beau ténébreux dont parle tant les journaux, incroyable ! Le Mungien qui a eu le courage d’entrer dans un trou de feu alors que c’était dangereux pour lui !
– Les journaux exagèrent toujours ! Pouvez-vous me passer Rsim-Agrop ?
– Bien sûr ! Je m’appelle Frida Nestra, vous pouvez me téléphoner quand vous le désirez...
Je rougis et remercia le ciel que j’eus une peau de plus sur moi, personne ne pouvait remarquer la brusque coloration de mes joues.
– C’est toi Grimfilk ?
– Oh ! Salut Rsim ! Est-il possible que je vienne dans trois jours?
– Évidement, pas de problèmes !
– A plus tard alors !
– D’accord !
– Qui est-ce Frida ?
– Une amie de l’une de mes cousines, Frida est une Abyssienne.
– Merci, au revoir !
– Au revoir, à bientôt !
Je raccrochai, et d’un ! Je tapai alors à tout hasard sachant que je ne risquais rien : salle de conférence à louer. Sur l’écran s’affichèrent plusieurs numéros, je repris le téléphone et composai le premier.
– Vous êtes à l’agence de louage de salles en tout genre.
– Est-ce que je pourrais louer une salle de conférence pour demain matin ?
– Oui, nous en avons une de libre, où habitez-vous ?
Comme je ne connaissais toujours pas l’adresse de la maison des parents d’Animia, et que je ne voulais pas déranger ma correspondante, car celle-ci était au téléphone, je dis :
– J’habite Avenue Lampion !
– La salle de conférence se trouve à deux trois maisons de l’Avenue Lampion, le coût du louage de la salle coûtera une pierre de deuxième classe, huitième degré.
– C’est d’accord !
Je pensais qu’avec les pierres envoyées par la compagnie, il n’y aurait aucun problème.
– Pour que nous nous chargions de prévenir les personnes que vous désirez inviter à votre conférence, ce sera 3 pierres de troisième classe troisième degré douzième degré.
– Prévenez donc le maximum de journaux et magazines ordinateurs !
– Gloups ! Bien monsieur... ?
– Monsieur Gastorien !
– Grimfilk Gastorien ? Oh! ! A vos ordres monsieur.
Je coupai alors la communication.
– Je crois que j’ai rempli ma part, annonçai-je.
– Très bien ! Tout est réglé pour nous également ! Allons manger maintenant ! répondit le père.
Nous nous levâmes de nos fauteuils, et nous partîmes vers la cuisine. Les robots nous servirent des plats différents à chacun. Je mangeai ce que l’on me présentait, l’apparence de ce qu’il y avait me paraissant appétissante, ce n’était d’ailleurs pas mauvais. J’étais juste étonné qu’après avoir mangé liquide au petit déjeuner, rien au repas de midi, nous mangions le soir des aliments solides. Ensuite, tout le monde monta dans sa chambre. J’entrai dans la mienne et poussai un soupir de soulagement, cette journée avait été particulièrement éprouvante pour moi : le nouvel environnement, le ciel vert, les deux soleils l’un diffusant une lumière orangée et l’autre comme celui de la Terre. Mes pensées dérivèrent, je revis la Terre, ma chambre chez mes parents, le lycée tout gris et puis, je retournai à la réalité, à cette chambre si impersonnelle dans la maison des parents d’Animia. Je levai les yeux et j’aperçus un bouton sur la paroi du mur en face de moi, j’approchai et appuyai dessus et... je reçus une trombe d’eau glacée sur la tête, j'appuyai une nouvelle fois sur le bouton et du savon liquide me tomba dessus, puis il y eut de nouveau de l’eau et ensuite un souffle d’air chaud qui ne s’arrêta qu’au bout d’une dizaine de minutes. Je touchai mon habit, et constatai qu’il était sec. J’avais découvert la présence d’une douche dans ma chambre, découverte qui me paraissait d’un intérêt modéré et que j’aurais préféré apprendre autrement. J’entendis un bruit de porte qui s’ouvrait, je me retournai et vis Animia vêtue d’une longue tunique blanche.
– Salut ! Ne fais surtout pas de bruit, il ne vaut mieux pas que mes parents sachent que je suis ici, murmura-t-elle.
– Pourquoi es-tu venue ? demandai-je.
– Pour discuter ! Demain, je viens à la conférence avec toi ou tu ne veux pas ?
– Je n’y ai pas réfléchi !
– De toute façon, je t’emmène à la salle, mais après...
– ...mieux vaut que tu ne viennes pas si tu ne désires pas que les journalistes crois à nos fiançailles imminentes.
– C’est vrai, mais qui t’empêchera de commettre des impairs ?
– Tu as raison, il faudrait que tu sois cachée, mais près de moi...
– Je sais ! Normalement il y a des rideaux derrière l’estrade où est la personne qui dirige la conférence, je n’aurais qu’à me placer derrière.
– C’est donc réglé !
– J’y vais, on parlera des autres problèmes pendant les achats demain, d’accord ?
J’acquiesçai.
– C’est plus prudent ! Parce qu’il vaut mieux éviter que tes parents débarquent sous prétexte qu’il y a trop de bruits dans cette pièce, dis-je.
Elle sortit sans un mot. Je changeai de vêtement, puis j’allai me coucher pour m’endormir d’un sommeil réparateur.

(Fin du chapitre 10)

Le livre Une correspondante extraterrestre

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