Au même moment dans une autre partie du labyrinthe, le lutin se lamentait.
– Aïe, aïe ! Nous voilà mal !
– C'est exact, cependant, je devrais pouvoir grimper à ce mur. Il est lisse, mais en plantant mes griffes dedans, ça devrait aller.
– Le dessus du mur doit être trop mince pour que tu puisses y marcher Kinglion, fit remarquer doctement le lutin.
– Sûrement, mais toi, tu pourras t'y promener Libellule, répondit Kinglion.
– Moi, ah non ! Je suis trop faible, voyons !
– Tu es surtout un froussard. Tu t'inquiètes trop tôt, je n'ai même pas encore réussi à escalader le mur.
– Je ne suis pas un trouillard, mais cela m'a secoué cette histoire de géant, et je suis le seul qui ait été vraiment blessé par mon pire cauchemar.
– Allons, n'exagère pas, tu as bien vu la robe sanglante de Piscis.
– Au passage, toi tu n'as pas été touché.
– J'ai eu mon compte de blessures, deux mille ans de vie, ça te forge une cuirasse. Je suis déjà maudit, alors que veux-tu de plus !
– Moi, je dis que deux mille ans de vie, ça déshumanise…
– Normal pour un lion. Je suis juste un lion.
– Non, c'est vrai ? Je l'aurais jamais deviné, se moqua Libellule.
– Je ne sais plus, vois-tu, je n'ai pas gardé deux milles ans de souvenirs, j'ai même oublié pourquoi j'ai été maudit !
– Pourtant tu te rappelles parfaitement de ce qui peut annuler la malédiction, tu as même mentionné au début de notre quête que seulement trois choses pouvaient te sauver.
– C'est exact, et maintenant, occupons-nous du mur. Je ne veux plus penser à la malédiction, je veux, elle aussi, l'oublier...
– Une minute encore, précise un peu ce qui peut te sauver de la malédiction, je pourrai peut-être t'aider.
– J'en doute fortement. Tu es un tout petit bonhomme qui n'es pas assez fort pour me tuer en faisant couler mon sang et tu ne vas sûrement pas me donner ton corps, ton âme et ton amour éternel, donc pour ces deux points, tu ne peux m'aider, à moins que tu ne veuilles jouer les marieurs ! La dernière solution nécessite qu'une âme pure et innocente se sacrifie, or, je ne pense pas que ton âme possède ces qualités. Et de toute façon, je ne veux pas que quiconque se sacrifie volontairement pour moi !
– Ne sais-tu pas qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi? Bref, pour t'aider, je veux bien jouer les marieurs. Je connais une poudre, ou plutôt, j'ai volé une poudre qui rend les gens fous amoureux. Il faut mettre la poudre dans un verre de vin et que les deux boivent dedans… et paf, vous voilà amoureux à vie.
– Volé une poudre d'amour ! Et si la personne en avait absolument besoin... c'est horrible !
– N'en fais pas toute une histoire, ça m'étonnerait beaucoup qu'un mort aie besoin d'être amoureux.
– Est-ce que tu es en train de me dire que tu détrousses les cadavres ?
– C'est qu'on peut y trouver des trucs intéressants. Heureusement qu'il y avait des instructions avec la poudre, sinon je l'aurais laissé.
– Ton acte manque vraiment de noblesse. Attaquons-nous à ce mur et oublions ce problème auxiliaire.
– Ta vie est un problème auxiliaire, là tu me surprends !
– Non, mais pour le moment, il n'y a personne à part toi et moi, et je ne vois ni vin ni poudre, alors je préfère m'occuper d'un problème qu'on peut résoudre, c'est-à-dire, ce mur.
– Bonne idée. Allez, Kinglion, allez ! chantonna Libellule avec insolence pendant que le lion plantait ses griffes dans la paroi.
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