jeudi 22 janvier 2009

Il était une fois - Episode 16


– C'est un problème, mais avec vos mains, en grattant le sol, vous devriez y parvenir, répondit le fantôme.

– Mais cela va être horriblement long et je vais m'esquinter les mains ! Votre tombe doit être loin sous terre...
– Pas trop, allez, je suis certaine que c'est faisable et puis, avec un fantôme qui passe à travers les murs, retrouver tes compagnons d'infortune va être un jeu d'enfants.
– Mes mains sont précieuses, car je suis une elfette guérisseuse, mais je suppose que si je les blesse, je peux les guérir. De toute façon, je n'ai pas trop le choix...
– Je ne me souvenais plus que le monde était si gris et si triste.
– C'est parce que le mal a envahi Lostland. Avant c'était le paradis : un grand ciel bleu, un soleil éclatant, des fleurs multicolores, des chants d'oiseaux, une brise légère et une paix royale.
– Quand je vois ce lieu glacial, battu par le vent et le noir, j'ai du mal à me le représenter... Au fait, c'est quoi ton nom ?
– Nyssa, et toi ?
– Je ne m'en souviens pas, quel est ton prénom préféré ?
– Spiolys, répondit Nyssa sans hésiter.
– Je m'appelle Spiolys alors, c'est joli comme prénom…
– Enchanté de faire ta connaissance Spiolys !

A présent que nous connaissons la situation de tous nos héros, revenons à Vérité et Ornella...
– Je n'y peux rien si je ne parvenais pas à monter entre les deux murs ! Et puis, tu n'avais qu'à te rappeler de tes sorts ! s'exclama Vérité.
– Ne nous disputons pas, et avançons plutôt dans ce labyrinthe, répliqua Ornella.
– On marche depuis longtemps maintenant, je suis sûr que nous tournons en rond.
– Peut-être, mais que peut-on y faire ?
– Pas grand chose. Je peux te raconter ma vie pour passer le temps.
– Pourquoi pas...
– A six ans, mes parents sont morts à la chasse aux griffons, aussi, comme le veut la coutume, le chef du village m'a adopté. A douze ans je recevais le prix du plus mauvais troll, cependant à seize ans, on me décerna celui du meilleur. Je suis devenu un guerrier du village et la routine s'est installée jusqu'à ce le chef déclare que la tribu partait rejoindre d'autres trolls. La suite, tu la connais, puisque tout le monde s'est retrouvé au château du roi Pouly.
– Comment es-tu passé du pire au meilleur en quatre ans ?
– J'ai fini par me rendre compte que le prestige plaisait aux filles trolls, alors j’ai décidé de m’améliorer, répondit Vérité.
Ornella fit la grimace en apprenant ce qui avait motivé les efforts du troll.
– Cependant, je dois avouer que sans les punitions du chef du village et les conseils de ce vieux troll rencontré dans le marécage, je n'aurais peut-être pas réussi... ajouta précipitamment Vérité.
– Que vous a raconté ce très vieux troll ? Et que faisiez-vous dans ce marécage ?
– Je m'étais perdu. Ce vieux troll m'a parlé des arcanes du monde. Il m'a dit notamment que le temps était trop court pour le perdre, et qu'il fallait aller droit au but plutôt que gaspiller son temps.
– Plus facile à dire qu'à faire. Il ne faut pas sauter certaines étapes sous prétexte de ne pas perdre de temps.
– Je trouve que je n'ai jamais rien fait de ma vie, et j'ai bien l'impression d'avoir perdu mon temps.
– Je n'ai rien fait de spécial non plus et il ne restera rien de mon passage sur Lostland, mais quelle importance, puisque j'aurai vécu ?
– Il me semble que laisser une invention, une oeuvre d'art, ou au moins, assurer sa descendance, est une façon de contribuer au monde qu'on laisse derrière soi à sa mort.
– Je ne suis pas d'accord. Le temps est de toute façon une chose relative.
– Philosopher en se perdant dans les méandres d'un labyrinthe, voilà qui est original ! Et si tu me racontais aussi ta vie ?
– Mon père était chevalier et ma mère, magicienne. Quand mes dons pour la sorcellerie se sont révélés, il m'ont envoyé chez la vieille sorcière qui habitait au château du roi Pouly afin que je sois formée. A la mort de cette dernière, j'ai pris sa place. Et, me voilà à présent engagée dans cette drôle de quête.
– C'est sérieusement simplifié comme histoire !
– Tu ne peux pas dire que la tienne regorgeait de détails ! s'écria Ornella.
– Tais-toi une minute, j'ai entendu un bruit... Quelqu'un arrive.
Vérité ne se trompait pas et bientôt apparut quelqu'un que vous connaissez tous. La première réaction du troll fut d'empoigner la massue qui se trouvait à sa ceinture et de se rapprocher d'Ornella afin de la protéger.
– Je ne cherche pas la bagarre ! s'exclama celui que vous connaissez tous.
– Néanmoins, vous avez mauvaise réputation. Il paraît que vous dévorez les jeunes filles, déclara Vérité.

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