Un beau jour (peut-être pas si beau que cela, mais bon), chez les pingouins, un petit pingouin naquit. Dans cette colonie de pingouins appelée les Xilune, on ne donnait jamais de nom au pingouin avant qu’on distingue chez celui-ci une caractéristique particulière. En effet, si un pingouin se révélait gourmand ou bien plus joueur que la normale, on lui donnait par exemple le nom de Miam-miam ou Joujou suivant le cas.
Donc, un beau jour, un autre petit pingouin vit jour sur le coin de banquise des Xilune. Sa famille était exceptionnelle, sa sœur, ses parents, sans oublier son oncle et sa tante étaient des pingouins très bien. Mais contrairement à sa glorieuse famille, le petit pingouin ne trouva point son nom. Au bout d’un an, il se lassa qu’on l’appelle Sans nom, qu’on lui fasse du Pingouin par-ci, du Pingouin par-là… ou encore, mon petit, ce qui l’horripilait au plus haut point. Il ne savait guère que faire, car il n’arrivait à exagérer aucun trait de son caractère. Pas assez gentil (et pourtant, on ne pouvait lui nier cette qualité là), pas assez drôle (et pourtant, il possédait un sens de l’humour incontestable), pas suffisamment travailleur (et pourtant, il l’était plus que bien des pingouins), pas suffisamment timide (et pourtant, il trouvait déjà qu’il l’était trop ! ) Rien n’y faisait, Pingouin ou Sans Nom lui collait à la peau comme la poisse. Quand il se mit à se prendre de passion pour les ordinateurs, on envisagea bien de l’appeler Linux, mais il refusa…il n’allait tout de même pas porter le nom d’un autre ! Il n’aurait pu le supporter ! Après cet événement dans la vie de Pingouin, il se traîna sur la banquise, l’âme en peine.
Un beau jour (vraiment beau…), un ours blanc vint menacer les Xilune. Tous les pingouins s’éparpillèrent sur la banquise… sauf Pingouin ! Il ne voulait point abandonner son précieux ordinateur portable, chose indispensable comme on le sait quand on habite sur la banquise. Il faut dire qu’il espérait bien un jour se brancher sur Internet, et pour cela, son portable lui était vital. Et puis, ce n’était pas un vilain ours affamé en quête de chair fraîche qui allait le faire changer d’avis ! Le grognement de l’ours était de plus en plus menaçant. Il bondit sur Pingouin, qui se demanda si finalement, un ours blanc en quête de sa chair tendre de pingouin ne le ferait pas renoncer! Mais il n’était plus temps de se poser des questions métaphysiques, et même s’il le regrettait, Pingouin s’empressa d’agir. Il posa son portable, s’assit dessus avec précaution souhaitant de tout son cœur ne pas l’endommager, donna une légère poussée, et glissa sur cette luge improvisée tandis que l’ours retombait lourdement à l’endroit où Pingouin se tenait quelques instants auparavant. Pingouin filait sur les pentes glacées, et les monts blancs étaient déjà loin, quand l’ours se précipita à sa suite, glissant sur son arrière train avec une aisance qui dénotait d’une certaine pratique. Pingouin s’interrogeait tandis que sa vitesse se faisait de plus en plus grande : Comment allait-il semer son poursuivant ? Comment s’arranger pour ne pas casser son précieux ordinateur ? Comment retrouver son chemin (car il était bel et bien perdu après cette course folle) ? Et, le plus urgent, comment faire pour éviter d’avoir un accident ?
Pingouin cria, et alla s’enfoncer dans la glace. Trop tard pour éviter les dérapages ! L’ours qui suivait toujours le pingouin, évita la collision sans mal, et c’est pourquoi, il ne remarqua pas le malheureux pingouin qui l’avait pris en plein fouet. Cependant, les aventures de Pingouin ne s’arrêtèrent pas là, elles se poursuivirent à l’intérieur du bloc de glace, qui, en fait, était creux. Jour de chance (et en cela c’est un beau jour), Pingouin était rentré dans une grotte, même s’il n’avait pas emprunté la porte ! Pingouin en apercevant un tunnel se prépara à marcher, aussi mit-il son portable sous son aile et se dandina vers le tunnel. Ce tunnel réservait une surprise, en effet, c’est là qu’il découvrit ce dont il rêvait depuis longtemps déjà : un modem ! Bientôt le monde virtuel lui ouvrirait ses portes. Pingouin plaça le modem sous son autre aile, et continua son chemin en espérant trouver rapidement la sortie afin d’essayer de faire fonctionner le trésor qu’il avait déniché avec son portable. Il avait raison d’espérer, car il remarqua assez rapidement que le tunnel arrivait à sa fin.
Il allait enfin sortir à l’air libre quand son regard fut attiré par une couleur tout à fait inattendue sur la banquise. Il s’approcha de la couleur rose, et découvrit deux chaussons. Plein de curiosité, Pingouin décida de les enfiler, et en forçant un peu, il parvint à les mettre. Coup de chance : ils étaient à sa taille ! Un peu étroits tout de même. Il avait les pieds bien au chaud maintenant, ce qui est loin d’être négligeable sur la banquise.
Dès qu’il aperçut un endroit confortable, il s’arrêta. Il avait très envie d’essayer son modem. Aussitôt dit, aussitôt fait : le pingouin brancha câbles et autres, installa et autres, bidouilla et autres. Bref il se démena comme un beau diable, mais parvint à ce que cela marche, et c’est un miracle en informatique ! Plein d’impatience, il appuya sur le bouton connecter. Alors le modem fit entendre un bruit bien caractéristique pour un modem, bruit qui se situait entre celui d’un téléphone, et celui d’une eau qui bout. Les mots magiques apparurent à l’écran : « Ouverture d’une session sur le réseau. » Pingouin sauta de joie à plusieurs reprises, et un large sourire se forma sur son visage.
Enfin, l’univers fascinant d’Internet s’ouvrait à lui, la magie de ce monde inconnu allait dévoiler ses plus beaux secrets. Encore un peu, et on se serait cru dans une publicité pour le net. Pingouin avait intérêt à se calmer. Il pouvait désormais surfer sur la toile. C’est avec délectation qu’il tapa : « plan de la banquise » dans un quelconque moteur de recherche. Ainsi, 0.15 secondes après, une série de sites divers se présenta sous les yeux éblouis de Pingouin. Il resta quelque peu indécis, mais il finit par commencer ses recherches. Après de nombreuses visites infructueuses dans une multitude de sites bizarres qui ne lui servirent à rien, il découvrit son bonheur. Il se déconnecta, et regarda attentivement sa trouvaille. Avec ce plan de la banquise à l’écran, il allait retrouver son chemin, et rentrer chez lui.
Il suivit le plan, et après quelques glissades, il parvint à la colonie des Xilune. Pingouin fut accueilli avec des cris de joies, car tous les Xilune avaient cru qu’il était mort et perdu à tout jamais. Quel soulagement ce fût pour sa famille de le revoir sain et sauf ! Mais la plus grande joie fut bien éprouvé par Pingouin, car les Xilune prirent la décision de lui donner un nom. Il n’est guère difficile à deviner. Il avait « vaincu » un ours, aussi on parla de l’appeler Courage. Sauf qu’il avait trouvé un modem, et avait pu rentrer grâce à cela, alors on pensa le nommer Infomodem ou encore Boussolenet. Mais on hésitait tellement qu’on finit par choisir autre chose, et voici comment le pingouin sans nom devint le pingouin aux pantoufles roses. C’était un peu long, mais il avait ENFIN un nom, et ce n’était pas trop tôt ! Plus jamais on oserait l’appeler Pingouin, et encore moins petit ! Et le pingouin aux pantoufles roses ne ratait pas une occasion pour rappeler à tous comment il s’appelait alors que tout le monde le connaissait ou plutôt le reconnaissait. En effet, qui d’autre que lui portait des pantoufles roses sur la banquise ?
1 commentaire:
craquant ce pingouin!
un bisou sur le sommet de son crâne tout doux!
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