Nul doute que la cause du bien aurait été perdue si le dragon ne s'était pas écroulé brusquement, raide mort. Nos amis, bien que blessés, reprirent courage, et se défendirent avec une énergie renouvelée contre leurs ombres. L'oracle enfin dégagé de son buisson, alors que son ombre s'y trouvait encore, se mit à courir vers ses camarades tout en criant :
– J'ai la solution, j'ai la solution.
Pris dans la bataille, personne ne lui demanda de précisions, mais Pierrot ne se vexa pas et continua de hurler à plein poumons (ça a beaucoup de souffle les petits garçons ) :
– J'ai la solution à notre problème, je sais comment régler leur sort à ces ombres maudites.
Toujours pas de réponse, et ce coup-ci cela ennuya Pierrot. Il se tut, tendit l'oreille pour voir si quelqu'un daignait répondre, mais seul le bruit sourd des coups reçus se fit entendre. Il cria encore plus fort :
– Je sais comment nous débarrasser de nos ombres maléfiques.
– Comment ? demanda Piscis d'une voix étranglé tout en frappant dans le ventre de son ombre.
– Ah quelqu'un réagit enfin ! Maintenant qu'on m'écoute, j'explique...
– Attention, Pierrot, derrière toi ! s'exclama le chevalier.
L'oracle se retourna pour voir son ombre se jeter sur lui. Ils roulèrent sur l'herbe noircie par les flammes.
– Un poignard, envoyez-moi un poignard, glapit Pierrot en enfonçant ses poings dans la face diabolique de l'ombre.
– Mais non, tu vas avoir plusieurs ombres, dit Yvi en se dégageant de sa sixième ombre.
– Vite, le poignard, je sais où il faut frapper... c ommença Pierrot avant d'être interrompu par son ombre qui lui enfourna de la terre grise dans la bouche. Yvi lança un poignard à Piscis qui voulut le filer à Nyssa, mais l'équipe adverse intervint et le récupéra au vol. Cependant, Nyssa, d'un geste vif, s'en empara de nouveau et fit une belle passe à l'oracle. Celui-ci plongea la lame dans le cœur, puis dans l'épaule et enfin dans le talon de l'ombre en prenant bien garde à ne pas planter le poignard ailleurs, et alors celle-ci disparut. Elle revint presque immédiatement, seulement, elle n'était plus qu'une sage ombre qui faisait exactement les mêmes gestes que le petit garçon. L'oracle, enfin libre, parla de nouveau :
– Il faut toucher le cœur, l'épaule et le talon uniquement, dans cet ordre là et pas un autre. Sinon, il y a une autre solution, mais il faut un miroir, or nous n'avons pas de miroir...
– Tu vois, Vérité, tu aurais dû me laisser emporter mon miroir... haleta Nyssa.
– Je peux créer un miroir, affirma Ornella qui paraissait au bout de ses forces magiques.
– La première solution vaut mieux, l'autre implique qu'on perde définitivement son ombre. Il suffit que l'ombre se voit dans le miroir et pouf, plus d'ombre ! contra Pierrot.
– Donnez-moi un miroir, je ne pourrais jamais tenir une lame avec mes pattes, cria Kinglion.
– Une minute, j'achève mon ombre, répondit Ornella en manœuvrant sans grande habileté un petit poignard.
Puis, un miroir parut près de Kinglion qui s'en empara et le tint comme un bouclier devant ses ombres. En un éclair, elles disparurent. Les autres se débarrassèrent des leurs comme l'indiquait la première solution. Enfin, le combat se termina au grand soulagement de tous. Nos amis s'occupèrent alors de leurs blessures.
– Nyssa, soigne-donc Vérité en premier, il paraît vraiment mal en point, exigea Ornella en regardant tendrement le troll qui s'était relevé avec difficulté pour s'occuper de son ombre.
– Non, Nyssa, regarde plutôt comme Piscis saigne, sa blessure est plus grave, remarqua Yvi.
– Ces femmes amoureuses, quelle plaie ! s'exclama le lutin.
– Mais je ne suis pas amoureuse de Piscis, protesta Yvi.
– A d'autres ! grommela le lutin.
– Ce n'est pas le moment de discutailler à ce propos, le mal pourrait lancer une autre attaque, dit le chevalier.
– Exact, je m'occupe de Piscis, puis de Vérité et enfin des autres blessés, annonça Nyssa.
– Pourquoi pas Vérité d'abord ? demanda Ornella.
– Mais parce que c'est mieux ainsi, répondit l'elfette.
– Ce n'est pas une réponse. Tu te venges du fait que Vérité ne t'a pas laissé prendre tes malles, n'est-ce pas ? Dis-toi bien qu'aucun d'entre nous ne l'aurait toléré, affirma Ornella.
– Bande de mégères ! s'exclama le lutin.
Nyssa ne répondit rien, et alla soigner Piscis. Pendant ce temps, le chevalier et l'oracle s'approchèrent du cadavre du dragon, curieux de savoir ce qui avait provoqué sa mort soudaine.
1 commentaire:
9a bouge beaucoup! les ombres réduites à l'impuissance et le dragon mort on respire! on attend les explications pour le dragon...
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